Dossier immigration – Y aura t’il un compromis sur les Dreamers en échange du mur ?

Trump lâche du lest. Le président américain a esquissé, mercredi 24 janvier, une ouverture sur la question très délicate de l’immigration, en évoquant une possible naturalisation à terme des Dreamers, ces centaines de milliers d’immigrés arrivés enfants sur le sol américain.

« Les choses commencent à bouger. Cela va se faire, à un certain point dans l’avenir, sur une période de 10 à 12 ans », a déclaré Donald Trump lors d’un échange impromptu avec des journalistes à la Maison-Blanche.

« Je pense que c’est une bonne chose d’avoir une incitation, pour, après un certain temps, pouvoir devenir citoyen », a ajouté Donald Trump qui doit présenter lundi prochain ses propositions pour, espère-t-il, mettre fin à des mois de bras de fer entre démocrates et républicains.

La situation de ces Dreamers (« rêveurs ») est une source de blocage au Congrès. Au nombre de 690.000, ces derniers sont actuellement protégés par un programme mis en place par Barack Obama, baptisé Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals) et qui leur permet de travailler et d’étudier aux Etats-Unis.

Ils étaient arrivés avec leurs parents, entrés illégalement aux Etats-Unis, alors qu’ils étaient enfants. Donald Trump a abrogé le programme en septembre, jugeant qu’il n’était pas constitutionnel et a donné jusqu’à mars au Congrès pour trouver une solution.

Interrogé sur cette échéance qui inquiète ces centaines de milliers de personnes qui redoutent de se retrouver du jour au lendemain à la merci d’une expulsion, le président américain s’est voulu rassurant : « Dites-leur de ne pas être inquiets. […] Cela dépend des démocrates, mais ils ne devraient pas être inquiets. »

Vers un compromis entre démocrates et républicains 

Les démocrates exigent une solution pour ces derniers et menacent, faute d’accord, de provoquer une nouvelle paralysie des administrations fédérales, comme cela s’est produit le week-end dernier.

Les républicains sont globalement d’accord pour régulariser ces jeunes « rêveurs » mais Donald Trump exige en échange le vote de crédits pour ériger le mur promis à la frontière avec le Mexique. Il a souligné mercredi qu’il estimait à 25 milliards de dollars les fonds nécessaires à ce stade pour sa construction, auxquels il faudrait ajouter 5 milliards de dollars pour le renforcement des mesures de sécurité à la frontière.

« Nous voulons une véritable sécurité aux frontières », a-t-il martelé. « Si n’y a pas de mur, il n’y a pas de Daca », a-t-il ajouté.

Une partie du débat tourne aujourd’hui sur la définition exacte de ce que l’exécutif entend par « mur »: quel type de structure ? Quelle longueur ? Quelle hauteur ? Car les démocrates sont vent debout contre l’idée d’un immense mur symbole pour eux d’une politique xénophobe.

Donald Trump avait lancé durant la campagne : « Je vais bâtir le plus grand mur que vous ayez jamais vu. »

Traversant essentiellement des régions arides peu peuplées, mais aussi des villes, la frontière américano-mexicaine relie l’océan Atlantique au Pacifique sur 3.200 kilomètres. Donald Trump souligne régulièrement que nombre d’éléments faisant office de barrière naturelle, sa dimension sera nettement plus réduite. Il a évoqué mercredi une longueur d’environ 1.300 kilomètres.

Fin de la loterie des cartes vertes ?

Autres conditions posées par la Maison-Blanche pour aboutir à un accord : la fin de ce qu’elle appelle « l’immigration en chaîne » (rapprochement familial) et la suppression de la loterie annuelle de cartes vertes. « Même les démocrates savent que c’est un mauvais système », a souligné Donald Trump mercredi.

Le sénateur républicain Lindsey Graham, en première ligne sur le dossier, a jugé que les propos présidentiels pouvaient marquer un véritable tournant. « Avec ces déclarations, nous sommes sur la voie de régler le problème de l’immigration qui est la clé pour (trouver un accord budgétaire) sur la reconstruction de notre armée ! », a-t-il tweeté.

Article du 5 septembre 2017 – USA/ Mexique – 800 000 jeunes immigrés sous la menace d’une expulsion !

“Si je suis expulsé, je ferai tout pour revenir”, affirme Ivan Ceja, l’un des 800.000 jeunes immigrés clandestins dont l’avenir aux Etats-Unis est menacé par la fin annoncée mardi par l’administration Trump du programme qui les protégeait d’une expulsion.

En 2012, Barack Obama avait mis en place par décret le programme Daca (Deferred Action for Childhood Arrivals) afin de faire sortir de l’ombre les enfants arrivés illégalement aux Etats-Unis avec leurs parents, pour la plupart en provenance d’Amérique latine.

Le sort des “Dreamers” (rêveurs), qui bénéficient actuellement de ce statut leur permettant d‘étudier et de travailler, est désormais extrêmement incertain.

Agé de 26 ans, Ivan Ceja est venu aux Etats-Unis avec ses parents alors qu’il avait 9 mois. Bénéficiaire du Daca depuis 1992, il n’est retourné qu’une fois au Mexique, il y a deux ans pour un voyage de dix jours. “Avant le Daca, je ne pouvais pas postuler à des emplois pour lesquels j‘étais pleinement qualifié car je n’avais pas de numéro de sécurité sociale”, dit à l’AFP cet étudiant en informatique, militant pro-immigration et co-fondateur d’Undocumedia.org.

Le Daca lui a donné une “tranquillité d’esprit” car les jeunes sans-papiers n‘étaient plus une priorité pour les expulsions. Une tranquillité qui “va maintenant doucement se terminer”. “Si je suis expulsé, je ferai tout pour revenir. Je prendrai des risques pour traverser la frontière. C’est le seul pays que je connaisse, mon avenir est ici, je vais me battre”, assure-t-il.

En 2010, la jeune Mexicaine Jessica Colotl était devenue le symbole de ces jeunes clandestins promis à un avenir prometteur qu’une arrestation pour une infraction mineure peut balayer.

“C’est une tragédie”, affirme-t-elle à l’AFP après l’annonce de la fin du programme. “Je me sens très frustrée, c’est vraiment injuste que du jour au lendemain, on nous arrache nos rêves”, dit-elle. Agée de 29 ans, elle en avait onze quand elle est arrivée aux Etats-Unis. Mais, assure-t-elle, “nous allons continuer à lutter pour le droit de vivre dans un pays que nous considérons comme chez nous”.

– ‘Aucun souvenir’ –

Angel Romero, jeune Mexicain bénéficiaire du Daca et qui vit en Virginie (est) a lui aussi “peur de devoir quitter le pays et de retourner dans mon pays d’origine”, un pays qu’il a quitté à deux ans et dont il affirme n’avoir “aucun souvenir”. En cas d’expulsion vers le Mexique, “nous ne savons vraiment pas où nous irions”, ajoute sa soeur, Jennifer, venue participer à une manifestation devant la Maison Blanche.

Pour Greisa Martinez Rosas, 28 ans, pas question non plus de se laisser faire. Arrivée du Mexique à Dallas avec ses parents, elle fait partie du réseau “United we dream” au Texas (sud), qui milite pour l’intégration des clandestins. “Je suis venue aux Etats-Unis en sachant que ma vie serait meilleure. J’avais 8 ans, mes parents étaient des illégaux et notre vie n‘était pas normale. Vous êtes poursuivis par les agents de l’immigration, par la police. On ne peut pas faire les choses que les gens normaux font”.

Après la décision de l’administration Trump, “nous allons nous battre, chaque jour” pour qu’une nouvelle loi soit mise en place. “On ne nous renverra pas dans l’obscurité”, assure la jeune femme à l’AFP. Considérés au mieux comme prenant l’emploi d’Américains, au pire comme des criminels protégés par la loi, les bénéficiaires du Daca ont aussi leur martyrs.

Alonso Guillen, 31 ans et bénéficiaire du Daca, faisait partie d’un groupe de sauveteurs volontaires pour les victimes de l’ouragan Harvey, qui a submergé le sud du Texas fin août. Il est mort noyé après être tombé du bateau sur lequel il se trouvait, selon les médias locaux.

“Les Rêveurs du Texas ont été victimes des inondations, sauveteurs lors des inondations, et au moins un —Alonso Guillen, habitant de Lufkin— était un volontaire qui a donné sa vie pour sauver ses concitoyens texans des inondations”, a assuré Terri Burke, membre de l’Association américaine de défense des libertés civiques (ACLU).

Le Mexique «déplore» la décision de Trump sur les jeunes sans-papiers

Le Mexique a «déploré» mardi la décision du président américain Donald Trump sur les jeunes sans-papiers et a demandé au Congrès américain de trouver une solution «rapide» pour mettre fin à l’incertitude qui pèse sur eux. Le sort des quelque 800 000 «Dreamers», des enfants arrivés illégalement aux États-Unis avec leurs parents qui bénéficient actuellement d’un statut leur permettant d’étudier et de travailler, est désormais extrêmement incertain.

Environ 625 000 d’entre eux sont Mexicains selon les autorités mexicaines. M. Peña Nieto a indiqué que le Mexique accueillerait «à bras ouverts» les jeunes qui devront retourner dans leur pays d’origine, où certains ont à peine vécu.

Les autorités mexicaines «ont un impératif moral d’agir» et elles «redoubleront leurs efforts pour garantir la protection consulaire la plus large qui soit aux jeunes affectés par cette mesure» a indiqué le gouvernement dans un communiqué. «On ne peut pas ignorer que beaucoup, quasiment 80% des jeunes inscrits au programme DACA, sont d’origine mexicaine» a commenté le vice-ministre des Affaires étrangères, Carlos Sada, en conférence de presse.

L’annonce de la fin de ce programme mis en place en 2012 a provoqué lundi quelques manifestations au Mexique, notamment à Tijuana, à la frontière avec les États-Unis, où une vingtaine de mères de famille ont protesté. Un autre petit groupe de manifestants s’est réuni mardi devant l’ambassade des États-Unis à Mexico. Parmi eux se trouvait une mère de famille, âgée de 40 ans, Maria Jimenez, récemment expulsée des États-Unis, dont la fille est restée là-bas, sous la protection du programme DACA.

«Ma fille s’est battue pour étudier et avancer dans la vie… Elle est comme des millions de jeunes qui n’ont rien fait d’autre que de se battre pour un meilleur avenir», commentait-elle à l’AFP. «J’ai parlé avec elle ce matin, elle est dévastée».

Source – Agences

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