En plein pic de Covid, le Mexique organise le «retour à la nouvelle normalité » !

Le Mexique déconfine et organise le « retour à la nouvelle normalité » alors que la situation sanitaire n’est pas maitrisée. Si la pandémie reste très active sur la ville de Mexico, la contagion semble tout de même beaucoup moins virulente en province. 

Ce virus n’a pas seulement des effets sanitaires à court terme, mais également des impacts économiques et sanitaires à plus long terme. Résumé..

Les chiffres…et les lieux !

Au 18 juin 2020, on compte 165455 cas répartis sur les différents Etats du Mexique. Néanmoins, quelques Etats concentrent une part importante de l’épidémie. La capitale mexicaine compte ainsi 38871 personnes avec le Covid 19. Elle est suivie par les Etats de Mexico (25227), de Tabasco (7330), de Basse Californie (7242), de Veracruz (7235), de Puebla (6284) et du Sinaloa (6019). 23 Etats comptent chacun entre 4495 cas (Etat de Jalisco) et 1055 cas (Etat de Basse Californie du Sud). Les Etats les moins touchés actuellement sont ceux de Colima (324) et Zacatecas (580). Les autorités mexicaines estiment à 19080 le nombre de décès liés au Coronavirus dans le pays. Les cinq régions comptant le plus de « décès Covid 19 » sont le District Fédéral (5042), les Etats de Mexico (2222), de Basse Californie (1617), de Veracruz (1123) et du Sinaloa (953).

Les aires urbaines comptant le plus de décès liés au Covid 19 sont les alcaldias -arrondissements- d’Iztapalapa et Gustavo Madero dans la capitale, Tijuana et Mexicali en Basse Californie et Culiacan dans l’Etat du Sinaloa. A travers ces données chiffrées, on constate toujours la proportion des cas Covid 19 dans l’agglomération de Mexico. Cela est lié à la densité de population importante dans cette zone ainsi que du nombre d’habitants ; 20 millions de personnes dans la seule capitale mexicaine.

Un traitement qui tarde à venir !

Le pays comme ses voisins latino-américains est le centre actuel de l’épidémie par l’intensité, suivant ainsi l’Europe qui connait ces dernières semaines une diminution très forte du nombre de cas et de décès. Le risque lié à cette pandémie est accru par les maladies tels que le diabète ou l’obésité, répandus dans la société mexicaine et contribuant à accentuer le facteur à risque chez les individus concernés. Cela est dû à la part des produits alimentaires transformés et saturés en graisse issus notamment de l’industrie agroalimentaire dans la consommation quotidienne mexicaine.

L’autre enjeu sanitaire dans cette crise est l’utilisation d’un remède ou traitement médical contre le Covid 19. Les divergences, au sein même de la communauté scientifique, au sujet de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine retardent la généralisation de son usage au Mexique comme ailleurs. Le remdesivir représente une autre alternative pour traiter les malades du Coronavirus même s’il est aussi l’objet de critiques et de divergences.

Enfin, depuis plusieurs semaines le Mexique fait partie d’un groupe de pays qui cherche un traitement médical contre le Coronavirus. Par conséquent, à l’heure actuelle, le Mexique à l’instar des autres pays n’a pas adopté de traitement médical général contre le Covid 19.

L’enjeu économique difficilement conciliable avec des obligations sanitaires

Si le Covid 19 a des conséquences sanitaires importantes, l’enjeu économique se fait déjà sentir dans les pays touchés. Au Mexique, l’équilibre délicat entre santé publique, à court terme, et impact économique, à moyen et long terme est difficilement conciliable.

 

Comme cela a déjà été souligné par de nombreux observateurs, le Mexique est un pays dans lequel l’économie informelle joue un rôle capital dans la société nationale. Pour une partie importante de la population, les rentrées d’argent issues de la vente à la « sauvette », de restauration ou de services dans la rue sont primordiales pour la survie du foyer et de ces individus. Cela est une donnée que l’on retrouve chez les pays latino-américains et dans les pays émergeants.

Les autorités mexicaines notamment le Président Andrés Manuel Lopez Obrador et son Sous-Sécrétaire à la Santé Hugo Lopez Gatell ont par conséquent dès le début souhaité « étaler » la crise jusqu’en octobre afin de réduire son intensité.

Les relations économiques entre le Mexique et les Etats Unis sont également frappés par l’actuelle pandémie. Dans le cadre des échanges économiques entre les deux économies qui constituent un « écosystème économique intégré » réel -voir l’accord de libre échange constitutif de l’ALENA en 1994-, le voisin nord-américain pousse les autorités mexicaines à relancer l’activité dans le pays.

Le Président des Etats Unis Donald Trump lui-même pousse à la reprise économique au Mexique étant donné l’enjeu pour l’économie des Etats Unis. Les usines délocalisées dans les Etats frontaliers -maquiladoras-, les connexions économiques et financières transfrontalières ou les envois de remesas expliquent la préoccupation nord-américaine au sujet de l’économie de son voisin mexicain.

Le secteur touristique dans son ensemble est également durement frappé par l’arrêt ou le ralentissement des activités relativement à la pandémie. La région du Yucatan -Etats de Campeche, Yucatan et Quintana Roo- est plus particulièrement concernée dû à l’importance de l’économie touristique : hôtels, restaurants, bars, discothèques, petits commerces. Néanmoins, dans des zones touristiques comme Cancun, on constate une reprise lente des activités ces dernières semaines. Parallèlement à cette situation, le Président mexicain s’est rendue dans cette région la semaine dernière pour l’inauguration du Tren Maya.

Un « retour à la nouvelle normalité »

La lutte gouvernementale contre la diffusion de la pandémie Covid 19 au Mexique repose sur le principe de distanciation entre les individus – Sana Distancia- du port du masque et du confinement volontaire. Le Président Andrés Manuel Lopez Obrador a en effet voulu éviter l’alternative de la contrainte envers la population.

Le passage progressif durant les derniers mois de la phase 1 à la phase 3 -la plus élevée- de la pandémie par les autorités a illustré l’entrée du pays dans la crise sanitaire du Coronavirus. Le 13 mai 2020, les autorités mexicaines ont dévoilé le plan de « retour à la nouvelle normalité » succédant à 51 jour consécutifs de « Sana Distancia ».

Le plan gouvernemental prévoit ainsi une réouverture progressive étalée entre le 18 mai et le 1er juin. Ce plan reposait également sur un schéma d’analyse comportant 4 niveaux de risque sanitaire : vert, jaune, orange, rouge.

Les activités productives ou publiques sont également classées en fonction de leur importance ou de leur exposition au risque. Malgré l’application fédérale du plan de déconfinement, les autorités locales anticipent parfois la décision du gouvernement central et appliquent leur propre plan.

En effet, la crise du Covid 19 a illustré le rôle joué par les autorités locales notamment les gouverneurs des Etats dans la prise de décision. Dans l’Etat de Jalisco, les autorités ont appliqué précocement une quarantaine stricte dans l’Etat.

Dans l’Etat du Yucatan, les frontières intérieures avec les autres Etats ont été durant une période fermée à tout accès.

A Mexico, la Maire Claudia Sheinbaum a dévoilé en juin 2020, son propre plan de retour à la « nouvelle normalité ». S’il reprend les éléments du plan gouvernemental, le plan de Mexico suit sa propre temporalité étant donné les contraintes internes à la capitale mexicaine. Néanmoins, au moment où ces plans sont dévoilés et entrent en application, on constate une hausse nouvelle des cas relatifs au Covid 19 au Mexique.

Source – Thomas Péan – (www.legrandjournal.com.mx)

 

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