Histoire – François, Joseph Fournier, le Mexicain de Porquerolles ! Reportage vidéo….

Voici le destin fou d’un aventurier, né pauvre en Belgique, qui courut le monde, fit fortune au Mexique et offrit l’île de Porquerolles à son épouse.  Durant dix ans au Mexique, il en extraira l’équivalent d’un lingot d’or de 14 mètres de long, 5 de haut et 4 de large ! Il y a aussi une mine d’argent. Histoire….!

C’est un personnage pour Dumas, Kessel ou Jack London. François-Joseph Fournier est pourtant peu connu, hormis par les quelques habitants historiques de l’île de Porquerolles. Chaque année, ceux-ci fleurissent sa tombe le 13 janvier.

En souvenir de ce jour de 1935 où il est mort à l’âge de 77 ans, au terme d’une vie qui l’a mené de Belgique en France, du Canada au Panamá, des États-Unis au Mexique avant de revenir en France, dans le Nord puis dans le Sud, sur cette île de Porquerolles qu’il acquiert en 1912 — pour en faire cadeau à sa troisième femme…

Né le 6 décembre 1857 à Clabecq, en Belgique, dans une famille de bateliers pauvres qui naviguent sur le canal Bruxelles-Charleroi, François-Joseph Fournier est le fils de Jean- Baptiste et Hortense, qui se sont mariés deux ans plus tôt. Il « naquit […] dans la cabine de deux mètres sur trois qui servait de logis à ses parents, sous le pont arrière du baquet », rapporte William Luret dans sa biographie, l’Homme de Porquerolles (JC Lattès).

« Il apprendra à écrire et à compter »

« Pas question qu’il devienne un jour batelier. C’est un travail de chien. Il restera à Clabecq. Il ira à l’école. Il apprendra à écrire et à compter », dit alors Jean-Baptiste à propos de son fils. Celui-ci excelle à l’école où Félicien Ballien, l’instituteur, le prend sous son aile. « C’est le seul de la famille qui saura lire et écrire », constate Maxime Prodromidès, petit-fils de François-Joseph et fils du compositeur de musique et membre de l’Académie des beaux-arts , Jean Prodromidès, dans le documentaire de Michel Mees les Trois Vies de François-Joseph Fournier.

« Le maître n’avait pas l’intention de lâcher prise, ajoute William Luret, il voyait dans ce garçonnet l’une des rares satisfactions de son métier, sa raison d’être ; faire entrer dans une de ces petites têtes la soif d’apprendre, l’envie de progresser. » Un jour, l’enfant prend le globe terrestre dans ses mains et regarde, pensif, ces continents lointains…

Son père meurt le 8 octobre 1873, après l’accident de sa péniche. François-Joseph, aide-chauffeur sur une locomotive et passionné par la mécanique, devient soutien de famille. Son instituteur lui recommande toutefois de partir pour Paris : « Ils ont ouvert des écoles où n’importe qui peut apprendre les grands métiers de l’industrie. »

Destination : l’Amérique

Il a 19 ans, il prend la route à pied. Au culot, il parvient à se faire embaucher dans une entreprise de mécanique de précision. Un jour, alors qu’il s’aventure au Muséum national d’histoire naturelle, il aperçoit une annonce : « Le Muséum recherche un garçon de laboratoire, bonne présentation, soigneux. » Rapidement, il se fait remarquer par sa curiosité. C’est cette même curiosité qui le pousse au Conservatoire national des arts et métiers où il rencontre l’inventeur du manomètre, l’ingénieur Bourdon.

Quelques semaines après, il est recruté par les établissements Bourdon où il travaille sur les circuits à pression des locomotives à vapeur. Mi-octobre 1882, il apprend le décès de sa mère dans le plus grand dénuement ; chaque mois, il lui avait pourtant adressé des mandats mais sans avoir jamais su l’usage qu’elle pouvait en faire ! Rongé par le remords, le jeune François-Joseph demande conseil sur son avenir à l’ingénieur Bourdon. « Go West ! », lui dit-il. En janvier 1883, il embarque donc au Havre, avec d’autres migrants, destination New York où il ne resta que quelques jours avant de partir pour le Canada.

Vive la ruée vers l’or…

À Calgary, il participe à la construction d’une ligne de la Canadian Pacific Railway : « Je sais tout faire : conduire une locomotive, faire péter de la dynamite, dessiner un pont et même poser des rails s’il le faut », lance-t-il au contremaître général Abbott qui lui offre d’encadrer des « gars du Québec » pour traverser les Rocheuses. Son ingéniosité impressionne. En novembre 1885, la construction de la ligne est terminée et un ancien contremaître lui propose de participer à la ruée vers l’or en Alaska. « En l’écoutant, François-Joseph songeait aux cours de minéralogie au Muséum », note William Luret. Mais il reçoit bientôt un télégramme de France : « Chantier Panamá reprend. Ingénieur Boyer prévenu de ton arrivée. Amitiés. Louis [Bourdon, le fils de l’ingénieur Bourdon]. »

Arrivé à Colón au Panamá, il part à la rencontre de l’ingénieur Boyer (le concepteur du viaduc de Garabit) mais celui-ci, atteint de la fièvre jaune, meurt. Son remplaçant lui propose de travailler sur une drague géante dans le canal où « tout rouillait, tout pourrissait, tout s’enlisait »… Plein de déceptions sur ce chantier qui s’éternise, il embarque pour la Californie en passant par le cap Horn et parvient à San Francisco le 7 décembre 1887. Et vive la ruée vers l’or dans le Nevada !

La société qui l’emploie remarque ses compétences et lui demande de partir pour le Mexique, alors en plein essor économique. Pendant son périple dans le Tabasco et le Chiapas, il repère une mine située à 160 kilomètres de Mexico, à Tlalpujahua. En 1895, il fonde Las Dos Estrellas (Les Deux Étoiles), une société d’exploitation minière à l’organisation et à la logistique exceptionnelle. C’est à cette époque qu’il épouse Claudine, sa première femme. Ils divorceront en 1906, car elle ne pouvait avoir d’enfants.

La Veta Verde, source de richesse au Mexique 

Au début, la prospection minière se révèle décevante à Tlalpujahua, Michoacán; ses associés l’abandonnent, mais François-Joseph Fournier est un homme tenace. « J’ai le sentiment qu’il puise son énergie dans la quête elle-même », confie son petit-fils. Et bientôt, il tombe sur la Veta Verde, la “veine verte”, c’est le cas de le dire, elle va le rendre immensément riche.

Durant dix ans, il en extraira l’équivalent d’un lingot d’or de 14 mètres de long, 5 de haut et 4 de large ! Il y a aussi une mine d’argent… L’année suivant son divorce, il se remarie avec Mathilde, mais ils se séparent presque aussitôt.

Deux ans plus tard, il vend sa mine et fonde la Colonizadora, dans le golfe du Mexique, pour en faire une exploitation agricole (canne à sucre, agrumes), industrielle et pétrolière, de 300 000 hectares ! Mais la révolution mexicaine éclate et le contraint à rentrer en France, dans l’Aisne.

Alors qu’il voyage dans le sud de notre pays, il fait la connaissance d’un médecin dont il épouse la soeur, Sylvia France Antonia Johnston Lavis, le 22 décembre 1911. Ils auront 7 enfants. Lors de leur voyage de noces, ils apprennent qu’une île est à vendre dans la région d’Hyères. Elle a été ravagée quelques années plus tôt par un incendie. Ils la visitent et tombent sous son charme. En 1912, François-Joseph Fournier acquiert Porquerolles qu’il offre à sa femme en cadeau de mariage. Deux ans plus tard, il prend la nationalité française.

Une petite clé, un mystère

Son projet de la Colonizadora, il le réalisera finalement sur cette île pendant une vingtaine d’années. Il fait venir du continent et d’Italie des familles pour s’occuper des vignes, des plantations d’agrumes et autres. Pour être autonome, il crée une forge, une menuiserie, une coopérative, ouvre un dispensaire, installe des religieuses pour s’occuper des enfants des ouvriers. « Ce n’est pas du paternalisme qu’il avait, mais un vrai sens social qui venait de son enfance et qu’il a su transmettre », confie sa fi lle Floria, dans le film consacré à son père.

Le 13 janvier 1935, François-Joseph Fournier meurt. Il est enterré au cimetière de Porquerolles et sa troisième épouse repose près de lui. Sur la pierre tombale, une vasque a été posée ; y est gravé « Souvenir des habitants de Porquerolles ». Mais l’homme est parti dans l’au-delà en emportant un dernier mystère : dans l’une de ses poches, on trouva une petite clé. On ne sait toujours pas quels secrets elle cachait.

Source – valeursactuelles.com

Pour visiter Tlalpujahua, Michoacán allez sur www.tourimex.com !

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