Festivités de 2021 – Le Mexique souhaite ramener des œuvres préhispaniques de France !

Le Mexique serait intéressé par le prêt d’œuvres détenues par le musée d’Auch. Mais cette perspective est accueillie avec une grande prudence. « Le dossier est culturel autant que politique », souligne le conservateur du musée des Amériques Auch, Fabien Ferrer-Joly.

Le Mexique est à la veille de faire une demande officielle pour le prêt d’œuvres détenues par le musée auscitain. Le pays organise de grandes festivités culturelles pour célébrer plusieurs anniversaires en septembre.

Le 1er février dernier, le maire d’Auch Christian Laprébende, le président du Grand Auch Pascal Mercier, le sénateur Franck Montaugé et le préfet Xavier Brunetière ont accueilli au musée des Amériques, l’ambassadeur du Mexique en France, Juan Manuel Gomez-Robledo.

Alors que le Mexique s’apprête à fêter en 2021 plusieurs anniversaires importants, les 700 ans de la fondation de la ville précolombienne de Tenochtitlan, devenue Mexico en 1522, les 500 ans de la conquête espagnole, et le bicentenaire de son indépendance, l’ambassadeur a découvert sous la conduite du conservateur Fabien Ferrer-Joly, la richesse de la deuxième collection de France d’art précolombien.

Chef-d’œuvre du musée d’Auch, la Messe de Saint-Grégoire, tableau en plumes réalisé en 1539 à Mexico a retenu toute l’attention de l’ambassadeur. Cette œuvre exceptionnelle, plus ancien tableau chrétien d’Amérique, est dédiée au pape Paul III, en remerciement de son intervention contre l’esclavage des indiens.

« Le dossier est culturel autant que politique », souligne le conservateur du musée des Amériques Auch, Fabien Ferrer-Joly car les autorités mexicaines négocient également avec divers pays dont l’Italie, l’Autriche et le Vatican pour recevoir d’autres œuvres préhispaniques importantes réparties en Europe.

Le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador dit AMLO, en fait une affaire personnelle et mets toutes les chancelleries en émoi car tout refus serait mal perçu avec des répercussions économiques et politiques à la clé. Une attitude qui ressemble plus à du chantage et qui va certainement embarrasser plus d’un ambassadeur européen au Mexique ces prochains mois.

Article du 16 octobre 2020 – Le Mexique rêve de ramener « el Penacho de Moctezuma » de Vienne ! (Video)

Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a missionné sa femme en Autriche pour convaincre les autorités de le laisser exposer le « Penacho », fabuleuse mais très fragile coiffe aztèque. Les réactions n’ont pas tardé…

C’est une des stars du Weltmuseum de Vienne, une flamboyante coiffe aztèque aux plumes irisées bleu-vert surmontée de plus d’un millier de pierres d’or. Mais seulement voilà, le président mexicain voudrait bien la ramener au pays.

Andres Manuel Lopez Obrador a réveillé cette semaine une vieille querelle, missionnant sa femme en Autriche pour convaincre les autorités de le laisser exposer le « Penacho » en 2021, pour célébrer les 200 ans d’indépendance du Mexique.

Beatriz Gutierrez a donc rendu visite lundi au président Alexander Van der Bellen et « lui a remis une requête de son mari » portant sur cette fameuse coiffe à plumes, a raconté jeudi le directeur du musée ethnographique viennois, Christian Schicklgruber.

En tournée en Europe, la Première dame avait aussi rencontré la semaine dernière le président italien Sergio Mattarella, réclamant le prêt de deux manuscrits de l’ère aztèque.

« Une mission quasi impossible »

Officiellement, le ministère autrichien de la Culture s’est saisi du dossier mais l’issue ne fait guère de doute, de l’aveu même du chef d’Etat mexicain. « C’est une mission quasi impossible, (les Autrichiens) se sont totalement appropriés » l’objet, a-t-il tweeté, visiblement remonté. Le lendemain, devant la presse, il enfonçait le clou: cette coiffe « fait partie de nous, du Mexique », lâchait-il, blâmant Vienne qui a « mis la main dessus ».

Pour le Weltmuseum, le problème est ailleurs: l’objet est « vraiment trop fragile » pour être déplacé, souligne le commissaire Gerard van Bussel. La preuve, « il n’a même pas pu être descendu d’un étage pour venir rejoindre notre exposition en cours sur les Aztèques ». Au final, un prêt « l’exposerait à des dégradations irréparables », confirme le directeur M. Schicklgruber.

D’ailleurs les deux parties en avaient convenu, au terme d’une étude menée entre 2010 et 2012 par des experts autrichiens et mexicains. Et c’est avec d’immenses précautions que la précieuse coiffe de 2 mètres de large pour seulement 850 grammes est aujourd’hui conservée, dans un comptoir de présentation conçu pour résister aux vibrations des pas des visiteurs. « Imaginez-vous qu’elle a plus de 500 ans! », rappelle M. van Bussel. « De toutes les coiffes de l’époque pré-coloniale, elle est la seule à avoir survécu ».

Une récupération symbolique et politique ?

On ne sait pas précisément comment le « Penacho » s’est retrouvé en Europe mais on en trouve la première trace écrite dans une collection de la dynastie des Habsbourg à la fin du 16e siècle, environ 75 ans après la conquête de la capitale aztèque par les colons espagnols.

Selon la légende, cette couronne aurait été portée par l’empereur aztèque Moctezuma mais « rien ne permet d’affirmer qu’il l’a eu en sa possession », selon le commissaire.

A Mexico aussi, les experts n’imaginent pas un quelconque transfert de l’objet. C’est déjà « un miracle » qu’il ait pu être préservé, souligne Ivan Escamilla, chercheur de l’Université nationale. Alors pourquoi donc raviver une question semble-t-il déjà tranchée?

« M. Lopez Obrador joue avec les symboles », analyse l’historien et politologue Jose Antonio Crespo, et « cette coiffe est l’un d’entre eux », en ce qu’elle incarne la grandeur des civilisations précolombiennes. « C’est une manière de dire: « moi, je suis du côté du peuple. Je suis celui qui essaie de récupérer ce que les Européens nous ont pris ».

Cette requête s’inscrit dans un débat plus large sur les restitutions de biens culturels « pillés » lors des périodes coloniales, les détracteurs de ce mouvement avançant au contraire le caractère universaliste des collections des musées occidentaux.

Si le « Penacho » ne rejoindra sans doute jamais ses terres d’origine, les ressortissants mexicains de passage à Vienne peuvent en revanche l’admirer dans son écrin sans débourser un sou, privilège consenti par le Weltmuseum depuis 2012.

Source – Agences

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