Dossier – La corrida pourrait être interdite à Mexico !

La corrida continue de déchaîner les passions. A Mexico, où elle est présente depuis cinq siècles, elle pourrait être interdite à la suite d’une proposition en faveur du bien-être animal déposée devant le Parlement du gouvernement local.

Le débat n’est pas nouveau dans la capitale mexicaine qui abrite les arènes les plus vastes du monde, pouvant accueillir 50.000 spectateurs. Mais c’est la première fois que le Parlement local doit se prononcer sur une interdiction. Après l’approbation du texte en Commission en décembre, l’Assemblée de l’Etat de Mexico doit se prononcer prochainement en plénière.

Pour défendre la tauromachie, les aficionados et professionnels assimilent leur cause à celle de la communauté LGBTIQ+ ou aux partisans de la dépénalisation de l’avortement, argumentant que l’époque est au « respect des minorités » et à la « libre pensée ».

Dans ce contexte « d’où vient ce mot interdire ? », s’interroge auprès de l’AFP Rafael Cué, chroniqueur et membre de Tauromachie mexicaine, une association qui réunit aficionados, toreros, éleveurs et entreprises taurines. Un des bastions de la tauromachie en Amérique latine, Mexico est aussi une ville progressiste, pionnière dans le pays sur des questions comme le mariage homosexuel, l’avortement ou le bien-être animal.

Des amalgames douteux

Tauromachie mexicaine pose ainsi ouvertement la question de savoir si des « pouvoirs publics » peuvent imposer des « choix moraux d’un groupe de la société au reste des citoyens ». « On pourrait ainsi interdire l’interruption volontaire de grossesse ou le mariage homosexuel », défend l’association dans un communiqué.

Selon elle, les initiatives qui visent à interdire les spectacles avec des animaux recevant des mauvais traitements doivent être débattues d’un point de vue des « libertés » et non des « goûts, modes ou du politiquement correct ».

Le promoteur du texte en faveur de l’interdiction, le député local de gauche Jorge Gaviño, dénonce, lui, un argument qui considère que les «animaux sont des choses » et ignore les concepts de « droit diffus » où les actes de maltraitance animale dans des espaces publics ont un impact sur des membres de la société.

« Cela me touche de manière indirecte quand on tue ou blesse un animal « sensible » dans un espace public pour du divertissement. Cela touche ma vie en société, donc j’ai l’obligation et le droit d’agir contre ce supposé droit d’un tiers minoritaire », souligne-t-il.

Poids économique majeur

Quatre États mexicains interdisent la tauromachie : Sonora, Coahuila (nord), Guerrero (sud) et Quintana Roo (sud-est). Sept autres, à l’inverse, l’ont protégée comme patrimoine culturel.

Le monde taurin insiste sur le poids économique de cette activité à Mexico : en 2018, avant la pandémie, la tauromachie a généré 343 millions de dollars de revenus, avec 80.000 emplois directs et 146.000 emplois indirects, selon des chiffres du secteur confirmés par le Secrétariat à l’Agriculture.

Un débat dans plusieurs pays latino-américains

Mais pour le député Gaviño, qui affirme qu’« on peut prouver scientifiquement » que les animaux souffrent lors des corridas, il est inadmissible que des arguments économiques freinent l’interdiction. Le débat autour des corridas est également ouvert dans d’autres pays latino-américains de tradition taurine. Au Venezuela, où des juges ont récemment interdit les corridas dans deux Etats, une loi est en débat pour interdire les spectacles maltraitant des animaux.

En juin 2020, la ville de Bogota a décidé d’interdire la maltraitance et la mort d’animaux au cours des corridas. A l’inverse, au Pérou, qui compte plus d’arènes que de terrains de football, la Cour suprême a rejeté la même année leur interdiction.

Source – Agences

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