Mexique: Des élus « transgenres » font leur entrée au Parlement !

Salma, coiffeuse de profession et Maria, chauffeur de taxi, ont en commun d’être les premières personnes transgenres qui entreront à la Chambre des députés du Mexique le 1er septembre après 30 ans de lutte.

Salma Luévano défend sa cause avec acharnement. Ce qui lui a valu d’être détenue arbitrairement par la police de la ville conservatrice d’Aguascalientes (centre) au début des années 1990, pour « attentat à la pudeur ». Car, au grand dam des policiers qui accoururent toutes sirènes hurlantes, Salma, alors âgée de 17 ans, portait des vêtements féminins.

Au Congrès mexicain, elle espère utiliser son expérience -notamment les 36 heures passées en garde à vue à la suite de cet incident- pour améliorer la situation de la communauté LGBT dans son pays. « C’est un grand message pour notre population qui a été discriminée pendant des décennies », confie à l’AFP Salma, 52 ans. Il symbolise « la dignité qui nous était historiquement due », ajoute cette avocate en formation.

Au cours des trois dernières décennies, elle s’est battue pour la diversité sexuelle, obligeant ainsi les partis à inclure des membres de la communauté LGBT dans leurs listes de candidats aux élections du 6 juin.

Secteur vulnérable

Diplômée en administration des affaires et étudiante en littérature, Maria Clemente Garcia, n’a cependant pas pu travailler en raison, dit-elle, de la discrimination dont elle a souffert. Jusqu’à récemment, cette militante de gauche gagnait sa vie comme chauffeur de taxi à Mexico. « C’est historique », se félicite Maria (36 ans) « car pour le secteur le plus vulnérable de la population de la diversité sexuelle, il est normal que les femmes trans, fassent partie du processus décisionnel du pays ».

Mais la situation est problématique

En raison des violences dont elles sont victimes, l’espérance de vie des personnes transgenres au Mexique est de 35 ans, selon la Commission interaméricaine des droits de l’homme, contre 77 pour l’ensemble de la population.

En nombre de victimes, c’est le deuxième pays le plus meurtrier pour les personnes transgenres après le Brésil, selon les ONG Letra S et Transgender Europe. En 2020, 43 « transféminicides » ont été enregistrés au Mexique, sur 79 meurtres de personnes LGBT, contre 117 en 2019, une baisse que Letra S attribue aux restrictions dues à la pandémie de Covid-19.

En tant que parlementaire, Maria propose de modifier le premier article de la Constitution, qui interdit la discrimination fondée sur la « préférence sexuelle » – car il s’agit d’une « idée fausse » – pour en faire une « orientation, identité et expression sexuelles ».

Elle fera également pression pour la création de la première clinique complète pour les personnes transgenres dans la capitale.

« Nous ne sommes pas les égaux des gays ou des lesbiennes, nous ne vivons pas de la même manière et parfois nous sommes même en retard dans les revendications », dit-elle.

À son tour, Salma souhaite étendre le droit à la diversité des genres afin de réduire l' »extrême pauvreté » qui touche les personnes transgenres, privées d’opportunité professionnelles. Cette garantie, qui permet un changement de nom et de sexe sur les documents officiels, est reconnue dans 13 des 32 États du Mexique.

La lutte n’est pas terminée

Le 6 juin, la candidate transgenre Fernanda Félix a également été élue députée suppléante du Movimiento Ciudadano (social-démocrate).

Jusqu’à présent, une seule femme transgenre, Rubí Araujo, avait remporté un mandat au Mexique en tant que conseillère municipale de la municipalité de Guanajuato (centre) en 2016.

Plus de 100 candidats de la communauté LGBT, dont une quarantaine de candidats transgenres, ont participé aux dernières élections législatives et locales.

« D’abord les hommes gays, puis les femmes lesbiennes ont eu des espaces de représentation. Il y a désormais une plus grande visibilité pour les trans. Il était juste que cela se traduise dans les espaces législatifs », dit Alejandro Brito, directeur de Letra S.

Mais la lutte n’est pas terminée, affirme María Clemente García. « Nous devons canaliser les efforts pour dépasser le stade anecdotique de seulement deux députés transgenres au Parlement.

Source – Agences

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