Les leaders du Canada, des États-Unis et du Mexique semblent de moins en moins optimistes face à la survie de l’entente commerciale. Avant sa rencontre avec M. Trudeau, le président américain Donald Trump a déclaré qu’il serait tout à fait acceptable que l’ALÉNA soit purement et simplement annulé.
Le premier ministre du Canada Justin Trudeau prends le chemin du Mexique, au lendemain d’une journée de rencontres et d’entretiens à Washington qui ont porté essentiellement sur l’avenir de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).
M. Trump a aussi dit être prêt à conclure un accord bilatéral de libre-échange avec le Canada si les négociations entourant l’ALÉNA, qui impliquent aussi le Mexique, échouaient — une éventualité à laquelle M. Trudeau ne ferme pas la porte.
Renégociation de l’Alena: vers un accord Canada/Etats-Unis, sans le Mexique?
Le quatrième round des négociations sur le traité de libre-échange de l’Amérique du Nord, a commencé à Washington mercredi.
Outre l’accord de Paris sur le climat, et l’accord sur le nucléaire iranien, Donald Trump avait affirmé à plusieurs reprises pendant sa campagne présidentielle qu’il souhaitait renégocier l’Alena, l’accord de libre-échange passé entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, le jugeant trop favorable à Ottawa et Mexico. Le républicain avait menacé de sortir de ce traité, mais a tout de même entamé des négociations. Le quatrième round a commencé…
Après 23 ans d’existence, l’Alena est plus que jamais remis en question. Car les menaces de Donald Trump se précisent de jour en jour. Mercredi a démarré une nouvelle session de négociations à Arlington en Virginie, en vue de rééquilibrer le traité selon la volonté de Donald Trump, mais l’avenir de l’accord du libre-échange pourrait bien au final se faire à deux, et non plus à trois. Car, mercredi, le locataire de la Maison Blanche a fait savoir au Premier ministre canadien, Justin Trudeau, qu’il était disposé à ouvrir des discussions bilatérales avec Ottawa si la renégociation de l’Alena n’aboutissait pas avec Mexico.
Prié de dire s’il pouvait envisager de maintenir un espace de libre-échange avec le Canada si les négociations achoppaient avec le Mexique, Donald Trump a donc répondu: « Bien sûr, absolument ». Invité à commenter ces propos, Justin Trudeau, a dit continuer de croire en l’Alena et s’est dit optimiste sur ses perspectives. « Je continue de croire en l’Aléna (…), nous sommes prêts à tout et nous continuerons de travailler pour préserver les intérêts des Canadiens », a-t-il déclaré, tout en ajoutant ne rien ignorer du caractère imprévisible de Trump. «
C’est évidemment quelque chose que nous avons à l’esprit et nous y sommes préparés, mais, en même temps, les Canadiens attendent de nous que nous travaillions de manière réfléchie pour trouver un bon accord. »
Avant même l’ouverture de ce nouveau round de négociations, le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, avait fait savoir que la session serait prolongée de deux jours, jusqu’au 17 octobre. Cependant, les nouvelles exigences de Washington, qui accroissent la pression sur Mexico, ont jeté un froid, et la Chambre américaine de commerce a accusé mardi l’administration Trump de tenter de saboter les négociations avec des « propositions équivalant à une pilule empoisonnée ».
En début de semaine, par crainte d’une rupture prochaine du traité, 310 chambres de commerces locales aux États-Unis ont fait parvenir un courrier au président républicain dans lequel elles lui demandent de ne pas sortir de l’Alena. « Nous avons atteint un moment crucial lors des négociations. Et la Chambre n’avait pas d’autre choix que de tirer la sonnette d’alarme », a indiqué Thomas Donohue, président de l’institution, dans des propos rapportés par Les Échos.
En vertu des règles actuelles de l’Alena, au moins 62,5% des composants d’un véhicule doivent provenir d’Amérique du Nord pour profiter de tarifs douaniers préférentiels. Cependant, Donald Trump voudrait désormais porter ce seuil à 85%, avec une sous-clause de 50% de composants venant spécifiquement des États-Unis. « Cela va susciter une opposition générale du Canada et du Mexique. Cela va trop loin », estime Wendy Cutler, directrice pour la politique de Washington du forum Asia Society et ex-négociatrice au département américain du Commerce.
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