La Chambre de commerce des États-Unis a déclaré vendredi que les tentatives du Mexique de limiter la production privée d’électricité violeraient l’accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique, connu ici sous l’acronyme ACEUM.
Le groupe d’affaires a demandé le retrait d’un projet de loi du président mexicain Andrés Manuel López Obrador qui accorde la priorité dans les achats d’électricité aux centrales électriques plus anciennes et plus polluantes appartenant à l’État. Il a affirmé que le projet de loi «contreviendrait directement aux engagements du Mexique» dans le cadre de l’ACEUM.
Neil Herrington, premier vice-président de la Chambre pour les Amériques, a déclaré dans un communiqué que le projet de loi pourrait rétablir un monopole gouvernemental, ajoutant que «ces changements augmenteraient considérablement le coût de l’électricité et limiteraient l’accès à l’énergie propre pour les citoyens mexicains».
«Malheureusement, cette décision est la dernière d’une série de décisions troublantes prises par le gouvernement mexicain qui ont sapé la confiance des investisseurs étrangers dans le pays», a écrit M. Herrington.
Le Mexique a promis jeudi d’aller de l’avant avec le projet de loi, même après que la Cour suprême du Mexique a statué contre la précédente tentative de M. López Obrador de bloquer les permis pour des installations d’énergies renouvelables.
La consommation d’électricité ayant diminué pendant la pandémie, la société d’énergie publique mexicaine, la Commission fédérale de l’électricité, doit faire face à une baisse des revenus et à une augmentation des stocks de mazout à brûler dans les centrales électriques. La société a également subi des pressions pour acheter du charbon des mines nationales.
M. López Obrador a tenté par un décret en 2020 de consolider la société gouvernementale en limitant les autorisations d’autres centrales, y compris certaines installations éoliennes et solaires, dont beaucoup sont déjà construites.
La loi de transition énergétique mexicaine votée fin 2014 avait fixé un objectif de 35% d’électricité décarbonée à l’horizon 2024 alors que les énergies fossiles comptaient encore pour 79,7% de la production électrique nationale en 2015.
D’après les projections de l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena), le Mexique pourrait toutefois se montrer plus ambitieux et produire jusqu’à 46% de son électricité à partir des seules énergies renouvelables dès 2030.
Précisons par ailleurs que le Mexique pourrait également davantage s’appuyer sur la géothermie, le pays disposant des 4e capacités de production électrique à partir de cette énergie au niveau mondial (derrière les États-Unis, les Philippines et l’Indonésie)
Dans sa contribution déposée dans le cadre de la COP21, le Mexique indiquait être à l’origine de 1,4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (ses 127 millions d’habitants constituent 1,7 % de la population mondiale). Le pays s’est engagé à réduire de 22% lesdites émissions sur son territoire à l’horizon 2030 par rapport aux projections « Business as usual ».
Lors du sommet annuel des « trois amigos » fin juin 2016, le Mexique a également rejoint l’engagement américano-canadien de réduire de 40% à 45% les émissions de méthane d’ici à 2025 par rapport à 2012. Les États-Unis, le Canada et le Mexique avaient annoncé à cette occasion leur engagement commun de produire la moitié de leur électricité à partir de sources décarbonées à l’horizon 2025.
Source – Agences