Le ministère des Finances mexicain a gelé 156 millions de dollars appartenant à une Université publique de l’État d’Hidalgo en raison de soupçons de blanchiment d’argent. L’établissement aurait reçu des fonds venant de 22 pays après avoir transité par la Suisse.
La cellule d’enquête du Trésor mexicain a alerté les autorités de ces mouvements « inhabituels », indique le Secrétaire au Trésor Santiago Nieto. Les fonds ont été gelés et une enquête ouverte.
Vendredi, le recteur de l’université Adolfo Pontigo Loyola a déclaré dans un communiqué que les autorités n’avaient pas contacté ses services au sujet desdites transactions. Il a toutefois affirmé que l’université était prête à coopérer. Avant d’ajouter: « Nous n’avons pas d’argent qui ne soit pas celui de l’université et nous n’avons reçu d’argent d’aucun pays ».
Selon la cellule d’enquête, l’argent proviendrait notamment de Suisse, Espagne et Grande-Bretagne.
Article du 22 janvier 2016 – Au Mexique, on blanchit l’argent en toute tranquillité
Bien qu’il prétende lutter contre le trafic de drogue, le Mexique s’intéresse encore peu aux circuits financiers des réseaux mafieux.
En neuf ans de “guerre ouverte” contre le trafic de drogue, “guerre” initiée par l’ancien président Felipe Calderón à partir de 2006, le Mexique n’a que rarement fait tomber le marteau des juges pour condamner des responsables de blanchiment d’argent, rapporte El País.
Selon les données du ministère de la Justice mexicain, explique le quotidien espagnol, “quelque 2 310 enquêtes ont été menées [en neuf ans], mais 5 % d’entre elles seulement ont débouché sur une condamnation des personnes impliquées”. Au total, seules 2 affaires sur 10 sont parvenues jusqu’au tribunal, et ce malgré les “réformes législatives” engagées par le Mexique pour combattre plus efficacement les flux d’argent illicite.
Le Sinaloa roi du blanchiment
Les Etats mexicains le plus souvent dénoncés pour blanchiment d’argent de la drogue sont le Sinaloa – l’Etat du cartel éponyme, dirigé par “El Chapo” Guzmán, arrêté le 9 janvier – ainsi que, toujours dans le nord du pays, la Basse-Californie, le Sonora et le Tamaulipas, et le Jalisco dans le centre.
Les autorités mexicaines et américaines font une estimation différente des sommes relevant du blanchiment : le Mexique les évalue à 10 milliards de dollars (9,2 milliards d’euros), tandis que les Etats-Unis évoquent un montant de 29 milliards de dollars.
Source – El País