Ce verdict, annoncé au sixième jour de délibération par les douze jurés du tribunal fédéral de Brooklyn, devrait valoir la perpétuité à « El Chapo », 61 ans, figure des cartels mexicains.
L’homme avait été extradé aux Etats-Unis en janvier 2017 après deux évasions spectaculaires au Mexique. Il n’a pas témoigné lors de son procès.
Les enquêteurs américains ont fait défiler à la barre 56 témoins, dont de nombreux ex-associés ou employés d' »El Chapo », qui l’ont tous accusé d’avoir co-dirigé le puissant cartel de Sinaloa, né dans les montagnes à l’ouest du Mexique.
Exportation de cocaïne
Plusieurs témoins, désormais emprisonnés aux Etats-Unis ou sous la protection des autorités américaines, ont décrit l’organisation du cartel et le rôle central joué par Joaquin Guzman: tant pour organiser l’exportation de plus de 155 tonnes de cocaïne venue de Colombie vers les Etats-Unis que pour les violences commises pour neutraliser les cartels rivaux.
Les avocats de la défense avaient eux dénoncé une « mascarade » de procès, assurant qu’El Chapo n’était qu’un bouc émissaire du gouvernement mexicain, corrompu au plus haut niveau, et que les ex-narcotrafiquants ayant témoigné contre lui n’étaient que des « ordures » prêts à tous les mensonges pour réduire leur peine.
La condamnation d’El Chapo « ne changera rien »
Ancien agent du FBI, Arturo Fontes l’a traqué pendant près d’un quart de siècle. Journaliste d’enquête reconnu au Mexique, José Reveles a dénoué les ficelles qui liaient Guzman au pouvoir politique mexicain. Mère endeuillée, Mirna Medina a quant à elle pleuré son fils, tué par des sicarios, des hommes de main des cartels, dans l’État du Sinaloa, berceau de l’empire d’El Chapo.
Voici ce que la condamnation du dangereux criminel signifie pour eux: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1152608/joaquin-guzman-mexique-justice
Article du 5 février 2018 – Cartels – Le procès d’«El Chapo Guzman» arrive à son terme !
Les jurés ont commencé à délibérer lundi après-midi de la culpabilité du narcotrafiquant mexicain «El Chapo», après trois mois d’audiences pendant lesquelles les procureurs américains ont documenté la violence et la corruption des cartels mexicains.
Les 12 jurés new-yorkais devront répondre «oui» ou «non» à la question de savoir si Joaquin Guzman alias «El Chapo» est coupable des 10 chefs d’accusation contre lui, dont participation à une organisation criminelle, conspiration pour importer et exporter de la drogue, utilisation d’armes à feu et blanchiment d’argent.
S’il est déclaré coupable, le Mexicain de 61 ans, devenu une légende des cartels mexicains après deux évasions spectaculaires de prisons au Mexique, risque d’être condamné à finir sa vie en prison.
Des dizaines de journalistes ont bataillé des semaines durant pour décrocher une place dans la salle du tribunal fédéral de Brooklyn afin de suivre le procès de celui qui, depuis la mort de Pablo Escobar, figure en tête du classement des plus célèbres narcotrafiquants.
Certains ont parfois passé la nuit aux portes du tribunal, enveloppés dans des sacs de couchage avec du café pour pour se réchauffer.
– Informations inutilisables –
Avant de laisser les jurés se retirer pour délibérer, le juge Brian Cogan, qui a présidé à tout le dossier, a tenu à s’assurer lundi que les jurés n’avaient pas eu vent d’informations «offensantes et suspectes» sorties dans la presse ce week-end.
Il faisait référence à un document de l’accusation rendu public après les plaidoiries finales vendredi, qui citait un des témoins à charge d’El Chapo, le fournisseur de drogue colombien Alex Cifuentes, disant que l’accusé avait violé et drogué des adolescentes de 13 ans.
Alex Cifuentes n’avait pas évoqué ces viols supposés pendant ses quatre jours de déposition. Et les jurés, tenus d’ignorer toute information sur l’accusé qui ne serait pas sortie à l’audience, ne peuvent donc pas tenir compte de ces informations lors de leurs délibérations.
Mais après avoir interrogé un par un les jurés, le juge a décidé que les délibérations pouvaient commencer.
«Je n’ai pas d’opinion pré-conçue sur le verdict que vous allez rendre», «je ne roule pour personne», a déclaré le juge Cogan au jury.
«Rappelez-vous que vous avez prêté serment (…) de rendre votre verdict uniquement sur la base des preuves» présentées lors du procès, a-t-il ajouté, alors qu’El Chapo, en costume-cravate, écoutait en silence.
Sa femme, Emma Coronel, une ex-reine de beauté américano-mexicaine de 29 ans, qui a assisté à la quasi-totalité des audiences, est arrivée au tribunal peu après le début des délibérations.
Depuis novembre, les enquêteurs américains ont fait défiler à la barre quelque 56 témoins, dont de nombreux ex-associés ou employés d’El Chapo, qui ont affirmé qu’il avait co-dirigé le puissant cartel de Sinaloa, basé dans les montagnes à l’ouest du Mexique.
Plusieurs des témoins, désormais emprisonnés aux Etats-Unis ou sous la protection du gouvernement américain, ont décrit avec force détails l’organisation du cartel et le rôle central joué par El Chapo: tant pour organiser l’exportation de plus de centaines de tonnes de cocaïne venue de Colombie vers les Etats-Unis que les violences commises pour neutraliser les cartels rivaux ou encore la corruption systématique de la police, des militaires et de représentants du gouvernement mexicain pour qu’ils ferment les yeux.
Les avocats de la défense ont eux dénoncé devant les jurés un procès «farce», assurant qu’El Chapo n’était qu’un bouc-émissaire d’un gouvernement mexicain corrompu. Et que les ex-narcotrafiquants ayant témoigné contre lui n’étaient que des «ordures» prêts à tous les mensonges pour réduire leur peine.
La défense, qui n’a cité brièvement qu’un seul témoin, assure qu’Ismael «El Mayo» Zambada, co-dirigeant du cartel toujours en fuite, est le vrai patron du cartel et «la pièce manquante du procès».
Article du 13 novembre 2018 – Cartels – « El Chapo » Guzman accuse deux présidents mexicains ! (Video)
L’un des avocats de Joaquin Guzman, alias « El Chapo », a affirmé mardi en ouverture du procès du narcotrafiquant, à New York, que le président mexicain et son prédécesseur avaient reçu des pots-de-vin du cartel de Sinaloa, l’un des plus puissants du pays.
Plusieurs centaines de millions de dollars auraient ainsi été transférés, au nom de l’organisation, à Enrique Pena Nieto, président sortant, et, avant lui, à Felipe Calderon.
Le responsable de ces versements serait Ismael « El Mayo » Zambada, co-accusé lors du procès d’« El Chapo » mais actuellement en fuite, a déclaré Jeffrey Lichtman lors de sa plaidoirie introductive. « La vérité, c’est qu’il ne contrôlait rien », a affirmé le conseil au sujet de Joaquin Guzman, qui encourt la prison à perpétuité au terme de ce procès qui devrait durer plus de quatre mois.
Bouc émissaire ?
Pour Jeffrey Lichtman, « El Chapo » est un « bouc émissaire » du gouvernement mexicain : « Pourquoi le gouvernement mexicain a-t-il besoin d’un bouc émissaire ? Parce qu’ils se font trop d’argent avec les pots-de-vin des barons des cartels. » « El Chapo » avait été arrêté en janvier 2016, dans son fief de Sinaloa, dans le nord-ouest du Mexique, six mois après son évasion rocambolesque d’une prison de haute sécurité par un tunnel de plus d’un kilomètre de long.
Après ce camouflet, les autorités mexicaines avaient autorisé l’extradition vers les Etats-Unis de ce baron de la drogue à la notoriété internationale.
La présidence mexicaine a qualifié mardi 13 novembre de « fausses et diffamatoires » les accusations d’un des avocats de Joaquin Guzman, alias « El Chapo », qui a déclaré au procès du narcotrafiquant à New York que le président Enrique Pena Nieto avait touché des pots-de-vin du cartel de Sinaloa.
« Le gouvernement de Enrique Pena Nieto a poursuivi, capturé et extradé le criminel Joaquin Guzman Loera. Les affirmations attribuées à son avocat sont complètement fausses et diffamatoires », a déclaré sur Twitter Eduardo Sanchez, le porte-parole de la présidence mexicaine.
Son prédécesseur à la tête de l’Etat mexicain Felipe Calderon a lui aussi démenti ces accusations. « Les déclarations de l’avocat de Joaquin Guzman, alias “El Chapo”, sont totalement fausses et irresponsables. Ni lui, ni le cartel de Sinaloa, ou tout autre cartel, ne m’ont versé de l’argent », a déclaré sur Twitter l’ancien président mexicain (2006-2012).
Un procès emblématique !
Ce procès « est emblématique pour la justice américaine », elle veut en faire « un exemple de la guerre que mènent les Etats-Unis contre les narcotrafiquants », selon René Sotorrio, un avocat de Miami qui a défendu de nombreux trafiquants de drogue. « El Chapo est une icône, l’incarnation dans l’imaginaire collectif du narcotrafiquant dangereux. »
El Chapo plaide non coupable, mais la justice américaine assure avoir réuni une montagne de preuves accablantes contre lui, submergeant les avocats de la défense, qui déplorent ne pas avoir pu toutes les examiner : quelque 300 000 pages de documents, 117 000 enregistrements audio et quantité de photos et vidéos.
Article du 13 novembre 2018 – « El Chapo » Guzman jugé sous haute sécurité à New York !
Le procès du narcotrafiquant mexicain Joaquin « El Chapo » Guzman, connu pour ses évasions rocambolesques et pour avoir dirigé 25 ans durant l’un des cartels les plus puissants au monde, s’est ouvert lundi à New York sous haute sécurité.
Près de deux ans après son extradition aux Etats-Unis en janvier 2017, « El Chapo » –« Le Courtaud », en référence à sa petite taille– est arrivé dans la salle d’audience vêtu d’un complet bleu marine, sur une chemise blanche au large col style années 1970.
Assisté d’un traducteur, il a semblé détendu, souriant à plusieurs reprises. La justice américaine le considère comme le plus puissant narcotrafiquant depuis le Colombien Pablo Escobar, mort en 1993.
Guzman, 61 ans, est accusé d’avoir dirigé de 1989 à 2014 le cartel de Sinaloa, du nom de la région du nord-ouest du Mexique dont il est originaire. Selon l’accusation, le cartel a expédié aux Etats-Unis plus de 154 tonnes de cocaïne, ainsi que d’énormes quantités d’héroïne, de méthamphétamine et de marijuana, pour une valeur estimée à 14 milliards de dollars.
Le procès a débuté avec la sélection des 12 jurés et six suppléants, qui seront choisis d’ici la fin de la semaine parmi une centaine de personnes.
La sélection se déroule à huis clos, une mesure réservée aux accusés jugés dangereux. Seuls cinq journalistes sont autorisés dans la salle, qui partagent leurs observations avec une cinquantaine d’autres qui attendent dehors.
Les noms des jurés resteront secrets, et ils seront escortés chaque jour au tribunal. La sécurité du tribunal fédéral de Brooklyn a été renforcée pour l’occasion, avec plus d’une vingtaine d’hommes en armes et chiens renifleurs visibles lundi. M. Guzman s’est échappé par deux fois de prisons mexicaines et, même s’il n’est pas jugé pour meurtre, aurait, selon l’accusation, commandité quelque 37 assassinats.
– Témoins sous protection –
Au terme d’environ quatre mois d’audiences, les jurés devront décider si les preuves sont suffisantes pour déclarer « El Chapo » coupable des onze chefs d’accusation contre lui, dont trafic et distribution de drogues, possession d’armes à feu, blanchiment d’argent, pour lesquels il plaide non coupable.
Les procureurs affirment avoir une montagne de documents à charge: quelque 300.000 pages de documents, 117.000 enregistrements audio et quantités de photos et vidéos. Beaucoup de documents restent confidentiels, comme la liste des anciens associés, employés ou rivaux de Joaquin Guzman appelés à témoigner.
Certains bénéficient de la protection du gouvernement américain. D’autres sont détenus dans des prisons spéciales pour empêcher toutes représailles. « El Chapo » lui-même est maintenu à l’isolement depuis son extradition aux Etats-Unis en janvier 2017, dans une cellule sans fenêtre, 23 heures sur 24.
Les seules personnes autorisées à lui rendre visite, à travers une vitre, sont ses avocats et ses jumelles de sept ans. Sa femme, Emma Coronel, une reine de beauté de 29 ans, qu’il a épousée quand elle en avait 17, est interdite de visite. Depuis 2017, elle a assisté à de nombreuses audiences, et devrait être présente pour les plaidoiries d’ouverture attendues le 13 novembre.
Arrêté une première fois au Guatemala en 1993, « El Chapo » s’était échappé en 2001 d’une prison mexicaine, caché dans un bac à linge sale. Interpellé en février 2014, il avait réussi à s’enfuir quatorze mois plus tard, via un tunnel de 1,5 kilomètre de longueur creusé sous la douche de sa cellule.
Il avait été repris en janvier 2016. Les autorités avaient retrouvé sa trace après qu’il eut reçu dans la jungle l’acteur américain Sean Penn et l’actrice américano-mexicaine Kate del Castillo, venus l’interviewer pour faire un film sur sa vie.
Même sans M. Guzman, le cartel de Sinaloa reste puissant. Son associé présumé, Ismael « El Mayo » Zambada, court toujours et le Mexique souffre plus que jamais de l’emprise des narcotrafiquants, avec un record d’environ 29.000 homicides en 2017.
Les Etats-Unis continuent à recevoir de leur voisin du sud d’importantes quantités de drogue, notamment des opiacés de plus en plus puissants, devenus une des principales causes de la mortalité américaine.
La seule tenue de ce procès est néanmoins un succès pour la justice américaine, qui n’avait jamais pu juger Pablo Escobar, abattu lors d’une opération policière à Medellin en 1993 après avoir inondé les Etats-Unis de cocaïne dans les années 1980.
Les autorités américaines ont négocié longuement avec Mexico l’extradition d' »El Chapo », obtenue moyennant promesse qu’il ne serait pas exécuté. En cas de condamnation, il risquera la perpétuité.
Selon Rob Heroy, un ancien procureur et avocat ayant défendu d’autres narcotrafiquants mexicains, ce procès pourrait coûter plus de 50 millions de dollars. Potentiellement « le procès le plus cher de l’histoire des Etats-Unis ».