Deux journalistes ont été assassinées au Mexique, ont indiqué les autorités judiciaires, ce qui porte à onze le nombre d’informateurs tués dans le pays depuis le début de l’année d’après le décompte d’ONG, principalement dans des Etats en proie à la narco-violence.
Yesenia Mollinedo, directrice du portail d’informations El Veraz, et Sheila García, cameraman, ont été tuées par balles à Cosoleacaque dans l’Etat du Veracruz, a indiqué le parquet dans un communiqué. « On suivra toutes les pistes d’enquêtes » pour déterminer les mobiles du crime « y compris leur activité journalistique », a déclaré la procureure Verónica Hernández.
Le gouvernement fédéral et le gouvernement de l’Etat de Veracruz « travailleront ensemble pour élucider leur mort. Nous nous engageons à ce qu’il n’y ait pas d’impunité », a assuré sur Twitter le responsable de la communication de la présidence de la République, Jesus Ramirez.
C’est l’impunité qui prévaut au Mexique
Ce double homicide intervient quatre jours après l’assassinat jeudi de Luis Enrique Ramírez, éditorialiste du journal « El Debate », dans l’Etat du Sinaloa (nord-ouest). Il s’agissait alors du neuvième informateur tué depuis le début de l’année, d’après les ONG de défense de la liberté de la presse Reporters sans Frontières (RSF) et Articulo 19.
Articulo 19 « condamne et documente l’assassinat des journalistes Yesenia Mollinedo Falconi y Sheila Johana García Olivera », a indiqué l’ONG sur Twitter. RSF a juste partagé le message du parquet général annonçant l’ouverture d’une enquête. Le gouverneur de Veracruz, Cuitláhuac García, a indiqué qu’un dispositif avait été mis en place pour arrêter les assassins. L’impunité est souvent la norme dans les assassinats de journalistes au Mexique.
Un des pays les plus dangereux au monde pour la presse
Lundi, des journalistes ont manifesté dans le centre de Mexico pour demander « la fin de la violence et des assassinats de journalistes au Mexique ». Lundi également, l’ambassadeur de l’Union européenne au Mexique, Gautier Mignot, a déclaré que Bruxelles continuerait de soutenir les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme menacés au Mexique.
« L’objectif est qu’on respecte leur travail et leur intégrité physique et psychologique », a-t-il déclaré à l’occasion du jour de l’Europe, quelques heures avant l’annonce des deux nouveaux assassinats. Le Parlement européen avait voté en mars une résolution demandant au Mexique d’en faire plus pour protéger les journalistes. Les eurodéputés avaient reproché au président López Obrador d’utiliser une « rhétorique insultante et stigmatisante » à l’égard des journalistes « sous prétexte de lutter contre les fausses informations ».
Le président mexicain avait accusé en retour les eurodéputés de se joindre « comme des moutons à la stratégie réactionnaire et putschiste » de ses adversaires. Avec quelque 150 journalistes assassinés depuis 2000, le Mexique est l’un des pays les plus dangereux au monde pour la presse, d’après RSF.
Par L’Obs avec AFP