mercredi, avril 16, 2025

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Le Mexique inaugure son corridor interocéanique

Lancé par l’ancien président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, le Mexique a confirmé le succès du projet du corridor interocéanique de l’isthme de Tehuantepec, avec une première opération de transport de marchandises par le passage le plus étroit entre les deux océans. Un événement que le pays considère comme un moment clé pour l’économie mexicaine.

Le Mexique s’est félicité, le vendredi 4 avril, d’avoir mené la première opération de transport de marchandises via le corridor interocéanique de l’isthme de Tehuantepec (CIIT), un ambitieux projet ferroviaire visant à transformer la zone la plus étroite du pays – entre l’océan Pacifique et l’océan Atlantique – en une plateforme logistique mondiale.

Selon La Jornadacette première expédition a convoyé 900 véhicules Hyundai en provenance de Corée du Sud et à destination des États-Unis. Les voitures ont été déchargées le vendredi 28 mars au port de Salina Cruz, dans l’État d’Oaxaca, sur la côte pacifique, puis transférés par rail jusqu’au port de Coatzacoalcos, dans l’État de Veracruz, côté atlantique.

Interrogé par El Sol de México à l’occasion du lancement de l’opération à Oaxaca, le directeur du CIIT, Juan Carlos Vera Minjares, s’était réjoui de ce jalon logistique : “Ce jour représente un effort considérable : tant en matière d’ingénierie physique, civile et ferroviaire qu’en matière de planification logistique, […] cet évènement constitue un précédent mondial.”

La presse ainsi que les acteurs économiques mexicains saluent une traversée plus rapide que celle proposée par le canal de Panama. En effet, Imagen de Veracruz souligne que l’ensemble de l’opération n’a duré qu’une semaine, contre une douzaine de jours en moyenne pour la traversée panaméenne. El Sol de México évoque même une “alternative compétitive” pour le commerce entre l’Asie et l’Amérique, grâce à un temps de transit raccourci et à des “infrastructures modernes” dans les ports de Salina Cruz et de Coatzacoalcos, tous deux desservis par la ligne principale du projet.

Citée par El Imparcialla présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a pour sa part insisté sur le caractère “complémentaire” du CIIT par rapport au passage panaméen, de plus en plus en congestionné et affecté par les sécheresses. Outre la réduction du temps de transit, a-t-elle ajouté, le projet permettra aux pays asiatiques de diminuer leurs coûts logistiques. Elle a également souligné les retombées économiques pour le Mexique, affirmant que les dix pôles industriels prévus le long de l’isthme créeront des emplois et “attireront les investissements dans la région”.

Même enthousiasme du côté du gouverneur de l’État d’Oaxaca, Salomón Jara, qui, mentionné par Crónicavoit dans le CIIT un “nouveau modèle économique” dans un contexte de tensions douanières internationales provoquées par le président américain, Donald Trump.

“Le corridor interocéanique de l’isthme de Tehuantepec deviendra un maillon essentiel au transport de marchandises, tant à l’intérieur et qu’à l’extérieur du pays, et jouera un rôle central pour l’économie mexicaine.”

L’enthousiasme du Mexique a rapidement attiré l’attention de la presse panaméenne. La Estrella de Panamá a interrogé plusieurs experts pour évaluer les conséquences potentielles du projet mexicain sur le canal de Panama. Si ces derniers se montrent rassurants, certains appellent toutefois à la prudence. Le président de la chambre maritime du Panama, José Díaz, a déclaré :

“Je ne considère pas [le corridor mexicain] comme une véritable menace. Peut-être que le CIIT nous envoie un signal d’alerte concernant nos tarifs douaniers, qui pourraient être un peu trop élevés. Il faudra sans doute les réévaluer pour ne pas laisser place à de tels projets.”

De son côté, Carlos González De La Lastra, spécialiste des questions maritimes, estime que le Mexique se berce d’illusions en pensant pouvoir concurrencer le canal, arguant que le navire ayant déchargé les véhicules à Salina Cruz aurait très bien pu transiter par le canal de Panama, capable d’accueillir des cargos bien plus imposants.

Si la concrétisation progressive du corridor interocéanique mexicain semble inédite, il s’inscrit en réalité dans un long processus historique. Le CIIT est l’héritage d’un projet lancé sous l’impulsion de l’ancien président du Mexique Andrés Manuel López Obrador (AMLO) en 2019, à travers un investissement de 2,85 milliards de dollars (environ 2,58 milliards d’euros). Il avait d’ailleurs inauguré la finalisation de la ligne pour le transport de passagers en décembre 2023.

Cependant, les origines de cette ambition remontent à encore plus loin. En effet, le train interocéanique est la renaissance d’une ligne ferroviaire mise en service en 1907 sous la présidence de Porfirio Díaz. À l’époque, elle permettait déjà le transport de marchandises, jusqu’à son déclin avec l’ouverture du canal de Panama, en 1914.

Depuis lors, d’autres pays d’Amérique latine ont démontré leur ambition de créer leur propre passage interocéanique. Le Nicaragua, par exemple, a, en novembre 2024, de nouveau sollicité la Chine pour financer son projet de canal – régulièrement suspendu – traversant le pays, comme le rapportait El País América.

De même, le corridor bi-océanique routier et ferroviaire, d’un coût estimé à 10 milliards de dollars (environ 9,05 milliards d’euros) et lancé en 2015, ambitionne de relier l’Argentine, le Brésil, le Chili et le Paraguay. Selon Voz de Américales quatre pays ont récemment accéléré les chantiers, et la construction des huit postes frontaliers devrait être achevée d’ici à 2026.

Source – Résumé https://www.courrierinternational.com/

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