Des manifestations ont ponctué mercredi les commémorations marquant le 100e anniversaire de la mort du révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata, soulignant les divisions autour de l’héritage de cet emblématique leader paysan à la célèbre moustache. A Cuautla, berceau de la famille Zapata, l’hommage fut beaucoup plus culturel que politique !
Reportage du Grandjournal du Mexique…! Voir l’interview exclusive avec l’arrière petit-fils d’Emiliano Zapata !
Zapata, l’un des principaux dirigeants de la Révolution mexicaine qui a éclaté en 1910, a été tué par une faction révolutionnaire rivale lors d’une embuscade, le 10 avril 1919, laissant inachevée sa lutte pour les droits des Mexicains et des paysans autochtones.
Andres Manuel Lopez Obrador, le président de gauche «anti-système», qui se positionne en ardent défenseur de l’héritage de Zapata et de la cause indigène, a déclaré l’année 2019, «année de Zapata».
A Cuautla, un hommage culturel avec la famille Zapata
La famille d’Emiliano Zapata, en particulier les descendants d’Anita Zapata, ont eux clairement souhaité mettre cette commémoration sous un éclairage plus culturel en invitant les artistes et autres acteurs à se présenter sur l’esplanade où est enterré le célèbre révolutionnaire dans la ville de Cuautla, dans l’état de Morelos toute la journée et soirée du 10 avril dernier.
Une messe fut célébrée en l’honneur « del Caudillo del Sur » tôt le matin, suivi d’un hommage officiel en présence des membres de la CNC (organisation qui regroupe les paysans du Mexique) et des autorités locales, suivi d’une série d’événements artistiques et d’un déjeuner dans l’ex-hacienda la concepción.
Lors de ces hommages, le célèbre artiste et sculpteur mexicain, Carlos Terrès a offert, sur invitation de son ami François Gouygou, dit el Charro Francès, une oeuvre magistrale, un portrait du fameux révolutionnaire, au petit-fils de ce dernier, Manuel Manrique Zapata. (Voir vidéo).
El Charro a lui déclamé a cheval un texte en l’honneur du général Zapata…et réitéré son amitié indéfectible depuis 30 ans à la famille de ce dernier…! Il portait un double drapeau franco-mexicain et a enchanté les participants par ses nombreuses anecdotes sur « el General » !
Beaucoup d’hommages ont ponctué cette journée avec notamment la présence de l’artiste Gabino Palomares venu chanter dans l’hacienda mais également des groupes folkloriques, de jeunes artistes en devenir comme le petit Giovanni (12 ans) ou de simples citoyens venus déposer des gerbes et partager un moment de recueillement si important pour la mémoire collective !
Interview exclusive avec l’arrière petit-fils d’Emiliano Zapata !
Slogans anti-gouvernementaux
Dans la ville de Chinameca, où le leader révolutionnaire a été abattu, des centaines de manifestants ont toutefois crié des slogans anti-gouvernementaux alors que défilaient des chars et des jeunes vêtus aux couleurs de la guérilla de Zapata, avec sombreros à larges bords, chemises de paysans et cartouches en bandoulière.
«Nous savons que ce gouvernement, comme tous les mauvais gouvernements précédents du pays, veut détourner l’image d’Emiliano Zapata Salazar afin que sa lutte pour les droits à la terre meure avec lui» a critiqué la militante amérindienne Marichuy Patricio, lisant un message du «sous-commandant Moises», l’actuel chef du mouvement zapatiste mexicain (EZLN).
Le président mexicain a de son côté prononcé un discours à Cuernavaca, capitale de l’Etat de Morelos – d’où est originaire Zapata – où il a essuyé quelques cris hostiles de manifestants. Le président devait se rendre à Cuautla mais sa venue fut annulée au dernier moment pour des questions de sécurité mais également de différends politiques – par médias interposés -avec un des membres influents de la famille: Jorge Zapata !
Méga-projets d’infrastructures
Au Chiapas (sud-est), fief du mouvement zapatiste, des milliers de personnes ont manifesté pour exiger du gouvernement le respect des droits fonciers autochtones. Les manifestants reprochent à M. Lopez Obrador ses méga-projets d’infrastructures comme le train maya, qui doit traverser la péninsule du Yucatan, et la construction d’une centrale à gaz dans l’Etat de Morelos qui, selon eux, nuiront à l’environnement et ne respectent pas le droit des peuples natifs.
Emiliano Zapata, décédé à l’âge de 39 ans, est considéré comme la deuxième figure la plus populaire parmi les révolutionnaires latino-américains après le guérillero argentin Ernesto «Che» Guevara.