Au Mexique, les juges et les magistrats ne décolèrent pas. Ils sont en grève illimitée à travers tout le pays depuis hier, contre une réforme qui fait polémique dans le pays. Concrètement, le pays veut instaurer la désignation des juges, par des élections populaires citoyennes. Le corps judiciaire crie à l’aberration et juge la réforme populiste et autoritaire.
Devant le tribunal judiciaire de Mexico, la foule est en colère. Ces magistrats, juges, ou employés du secteur sont entrés en grève illimitée contre une promesse du président Andres Manuel Lopez Obrador : la réforme du pouvoir judiciaire. Concrètement, elle prévoit la désignation des juges par élection populaire. Fini donc les longues carrières avant d’atteindre la fonction : sous certains critères, il suffira d’être élu, comme le serait un maire ou un député.
Politisation de la justice
Levée de boucliers du côté de l’opposition, comme Gilberto Romero Guzman, magistrat depuis 11 ans. « Nous ne sommes pas des hommes politiques. La justice, ce n’est pas la politique. On ne peut pas prendre des engagements envers des électeurs. Nous devons être impartiaux. Nous ne pouvons avoir de lien avec rien ni personne », note-t-il.
La réforme du judiciaire est une des priorités du pouvoir. Si elle est approuvée par le Congrès, elle entrera en vigueur en juin prochain.
Washington met en garde Mexico contre sa réforme judiciaire
Les États-Unis ont mis en garde jeudi le Mexique contre un projet de réforme judiciaire qui prévoit notamment l’élection directe des juges.
Menace pour la démocratie, risque pour la relation commerciale bilatérale, opportunité pour les narcotrafiquants: les États-Unis ont fermement mis en garde jeudi le Mexique, leur premier partenaire commercial, contre un projet de réforme judiciaire qui prévoit l’élection directe des juges.
«Le débat sur l’élection populaire directe des juges (…) menace l’historique relation commerciale que nous avons construite», a prévenu l’ambassadeur des États-Unis à Mexico, Ken Salazar, dans une déclaration à la presse. Cette relation repose sur «la confiance des investisseurs dans le cadre légal du Mexique», a-t-il détaillé dans un communiqué diffusé au terme d’une conférence de presse.
«Risque majeur»
Le Mexique est devenu l’année dernière le premier partenaire commercial des États-Unis devant la Chine. Les deux pays sont liés par un traité de libre-échange. Proche du président Joe Biden, l’ambassadeur Salazar a également averti que cette réforme pourrait «faciliter l’influence des cartels et d’acteurs malveillants sur des juges sans expertise».
«Je crois que l’élection populaire directe des juges est un risque majeur pour le fonctionnement de la démocratie au Mexique», a insisté le diplomate dans son communiqué en anglais.
Initiée par le président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, reprise par la présidente élue Claudia Sheinbaum qui entrera en fonction le 1er octobre, la réforme prétend lutter contre la corruption et les privilèges au sein du pouvoir judiciaire.
Modification de la Constitution
Elle a toutes les chances d’être adoptée. Le parti de gauche au pouvoir Mouvement pour la régénération nationale (Morena) a remporté les élections présidentielle, législatives et locales du 2 juin.
Après ces élections, Morena et ses alliés disposent d’une majorité qualifiée des deux-tiers à la Chambre des députés (364 sur 500), d’après les dernières estimations mercredi de l’Institut national électoral (INE). Cette majorité qualifiée permet à Morena de modifier la Constitution sans consulter l’opposition.
Au Sénat, le parti au pouvoir dispose de 83 sièges sur 128, à trois voix de la majorité qualifiée des deux-tiers, selon ces mêmes estimations publiées mercredi dans la presse mexicaine. La nouvelle législature commencera le 1er septembre, après les élections présidentielle, législatives et locales du 2 juin.
Source – Agences