Une équipe de sept journalistes américains et mexicains, qui ont enquêté sur les milliers de fosses communes au Mexique, ont été récompensés vendredi par la deuxième édition du prix Breach/Valdez, créé en mémoire de deux reporters assassinés en 2017 au Mexique, dont un pigiste de l’AFP.
Organisé par l’ONU, l’Unesco, l’Agence France-Presse, les ambassades de France et de Suisse au Mexique et l’université Ibéroaméricaine, le prix est un hommage à Miroslava Breach et Javier Valdez – collaborateur de l’AFP -, morts dans ce pays qui est l’un des plus dangereux pour exercer le journalisme. En 2018, dix journalistes y ont été assassinés. La majorité de ces assassinats restent impunis.
Le prix créé en 2018 récompense cette année le site www.adondevanlosdesaparecidos.org (où vont les disparus), travail d’investigation de plus d’un an et demi qui répertorie quelques 2.000 fosses clandestines au Mexique entre 2006 et 2016.
Le plan interactif sur le site permet de naviguer à travers les états du pays et de lire les reportages associés à chaque fosse. Il permet aussi de voir l’évolution sur dix ans, entre le début de l’offensive militaire contre la drogue, lancée en 2006 par l’ex-président Felipe Calderon, et le lancement de cette enquête journalistique.
Depuis, près de 250.000 personnes ont été assassinées à travers le pays, selon les chiffres officiels. « En 2006, il y avait deux fosses, l’année suivante on est passé à 100, puis on n’est pas descendu sous les 250 fosses » découvertes par an, a expliqué à l’AFP Marcela Turati, journaliste de 45 ans.
Outre Marcela Turati, les reporters mexicains Alejandra Guillen, Mago Torres, Marcela Turati, Erika Lozano, Paloma Robles et Aranzazu Ayala, ainsi que le journaliste américain David Eads ont travaillé avec 15 autres collaborateurs pour mettre en place cette plateforme.
Selon le gouvernement mexicain, un peu plus de 1.100 fosses clandestines ont été localisées à travers le pays et il y a environ 26.000 cadavres non identifiés dans les morgues.
La remise du prix Breach/Valdez, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, intervient le jour de l’annonce d’un nouvel homicide de journaliste au sud du Mexique! Telesforo Santiago Enriquez, qui animait une émission sur une radio communautaire, est le quatrième journaliste assassiné au Mexique depuis le début de l’année.
En 2018, c’est la journaliste mexicaine Daniela Rea, qui a réalisé de nombreux reportages sur la violence déchirant son pays, qui avait reçu la première édition du prix Breach/Valdez.
Source – AFP