Donald Trump a finalement saisi l’option massue en décidant d’annoncer prochainement « l’urgence nationale » pour financer le mur qu’il a promis de construire à la frontière mexicaine, une procédure rare qui menace de provoquer une féroce bataille politico-judiciaire.
Après de longues heures de suspense, le président républicain a finalement promis de promulguer un compromis budgétaire obtenu de haute lutte par des négociateurs républicains et démocrates au Congrès, afin d’éviter un « shutdown ». Ce texte a été approuvé à une large majorité au Sénat, contrôlé par les républicains, peu après l’annonce que Donald Trump le signerait.
Il doit être soumis à la Chambre des représentants, à majorité démocrate, après 18H30 (23H30 GMT) puis, après son adoption, être transmis au président américain pour sa promulgation. Mais Donald Trump « agira aussi par décrets –avec en particulier l’urgence nationale– afin de mettre fin à la crise de sécurité nationale et humanitaire à la frontière », a indiqué Sarah Sanders, porte-parole de la Maison-Blanche.
« Une nouvelle fois, le président tient sa promesse de construire le mur, de protéger la frontière et d’assurer la sécurité de notre grand pays », a-t-elle souligné.
De nombreux parlementaires y sont opposés
Le chef de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell a annoncé qu’il soutenait la décision du président de déclarer l' »urgence nationale ». Mais cette procédure rare, autorisant le président des Etats-Unis à contourner le Congrès pour mobiliser des fonds, hérisse de nombreux parlementaires, y compris dans les rangs républicains.
« Déclarer l’urgence nationale serait un acte sans fondement juridique, un grave abus du pouvoir de la présidence et une tentative désespérée de détourner l’attention du fait que le président n’a pas tenu sa promesse fondamentale que le Mexique payerait pour son mur », ont écrit les chefs démocrates de la Chambre et du Sénat Nancy Pelosi et Chuck Schumer.
Le « mur », principale raison du « shutdown »
L’accord voté jeudi ne comprend qu’un quart du budget réclamé par Donald Trump pour construire son mur -1,4 milliard de dollars- et ne mentionne pas le mot « mur », préférant « barrière » ou « clôture ». Washington a jusqu’à vendredi minuit pour éviter une nouvelle impasse qui conduirait à l’assèchement soudain des budgets, ou « shutdown », de 25% des administrations fédérales.
La lutte contre l’immigration clandestine est au cœur de ce blocage. Donald Trump réclamait 5,7 milliards de dollars pour ériger un mur à la frontière avec le Mexique. Les démocrates ne voulaient pas entendre parler de ce montant, ni de mur en béton. Leur désaccord a précipité les Etats-Unis dans le plus long « shutdown » de leur histoire, plongeant quelque 800.000 fonctionnaires dans la tourmente pendant 35 jours jusqu’à fin janvier. Donald Trump avait alors cédé, renonçant temporairement au mur pour sortir du « shutdown ».
Une mesure utilisée par plusieurs présidents américains
Une loi votée en 1976, le « National Emergencies Act », autorise le président des Etats-Unis à invoquer une « urgence » nationale pour activer des pouvoirs extraordinaires, qui permettraient à Donald Trump de contourner le Congrès et de s’appuyer sur l’armée pour construire l’édifice qu’il réclame. Plusieurs présidents des Etats-Unis ont fait usage de ces dispositions mais dans des circonstances différentes. George W. Bush avait notamment décrété l’urgence après les attentats du 11 septembre 2001 et Barack Obama en avait fait de même lors de l’épidémie de grippe H1N1.
Source – Agences