Vidéo – 16 mars 1960 – Le général de Gaulle est au Mexique !

En 1964, le général de Gaulle parcourt le Mexique et l’Amérique latine. Il souhaite ouvrir une voie entre l’hégémonie des Etats-Unis et celle de l’Union soviétique dont Cuba est le relais dans la région. Du 16 au 19 mars, au Mexique puis en septembre-octobre au cours d’un voyage de 26 jours au cours duquel il visite 10 pays d’Amérique latine (Venezuela, Colombie, Equateur, Pérou, Bolivie, Chili, Argentine, Paraguay, Uruguay, Brésil). Des foules immenses l’acclament. Partout, il exalte le principe d’indépendance nationale qui doit prévaloir à l’Est comme à l’Ouest.

                                 

Ce voyage est motivé par la volonté du président français de tourner la page de la décolonisation après la fin de la guerre d’Algérie en 1962 et de poursuivre sa « politique de grandeur » en mettant l’accent sur la coopération, notamment en resserrant les liens entre la France et l’Amérique latine. L’opération fait l’objet d’une préparation minutieuse par le Quai d’Orsay et les ambassades françaises des pays concernés. Le voyage est précédé d’une visite au Mexique, du 16 au 19 mars 1964, au cours de laquelle de Gaulle lance son célèbre « Marchemos la mano en la mano ». De Gaulle, accompagné d’une délégation française, transite d’un pays à l’autre en Caravelle. Par deux reprises, il voyage aussi à bord du croiseur Colbert.

La visite du chef d’État français suscite un véritable engouement dans les pays traversés. L’« homme du 18 Juin » est précédé de son aura de chef de la France libre et sait se gagner les faveurs des foules, notamment par ses allocutions en espagnol. Cependant, plusieurs des thématiques qu’il développe dans ses discours ne sont pas bien reçues par certains pouvoirs en place, notamment sa critique de l’hyperpuissance américaine. Le bilan du voyage est finalement mitigé. Sur le plan de la communication, c’est un franc succès mais qui n’est pas suivi par beaucoup de traductions concrètes. En effet, la France reste un acteur mineur sur le plan économique en Amérique du Sud et la position des États-Unis dans la région n’est pas bousculée.

Du 16 au 19 mars 1964, de Gaulle, invité par le président mexicain Adolfo Lopez Mateos, se rend au Mexique. En amont de la visite, l’ambassadeur de France restitue au Mexique trois drapeaux pris par Maximilien aux troupes de Juárez au cours des batailles de San Lorenzo, San Pablo del Monte et Valparaíso en 1863-1864 durant l’expédition du Mexique. Le voyage est annoncé de manière détournée le 5 mars par l’ORTF dans l’émission Bonne nuit les petits. Nounours y annonce son départ prochain pour le Mexique et prononce quelques mots en espagnol.

De Gaulle arrive le 16 mars au Mexique à bord de son Boeing 707 via Pointe-à-Pitre, une courte escale à Mérida lui permet d’arriver à Mexico à bord de sa Caravelle. Il tient à se présenter auprès des autorités mexicaines dans un appareil français, geste qu’il renouvelle quand il se rend en Amérique du Sud. En préparation de l’événement, deux immenses portraits des présidents ont été placés sur la tour de la loterie nationale et les centrales ouvrières ont acheminé par camion 250 000 travailleurs formant une haie sur 8 km depuis l’aéroport jusqu’au centre de la capitale. Des avions lâchent sur la capitale mexicaine des milliers de tracts invitant la population à participer à l’événement. De Gaulle s’adresse, en espagnol, depuis le balcon du Palais national, aux 300 000 mexicains réunis sur le Zócalo. Il y conclut son discours par une phrase passée à la postérité :

Le discours ne suscite pas, sur le moment, « un enthousiasme délirant ». En revanche, sa venue à l’université de Mexico le 18 mars provoque un véritable engouement populaire ; il est « littéralement porté par des grappes d’étudiants hurlant son nom ».

 Maurice Couve de Murvilleministre des Affaires étrangères, est le seul membre du gouvernement à accompagner de Gaulle. Celui-ci ne s’entoure que de militaires et hauts-fonctionnaires pour son voyage en Amérique. Aucun intellectuel ou homme d’affaires ne l’accompagne.

Plusieurs thèmes sont récurrents dans ses discours. De Gaulle se positionne contre les « hégémonies ». Par ce terme, ce sont les deux superpuissances de la Guerre froide, l’URSS et les États-Unis, qu’il vise. Cependant, le président français prend garde de ne jamais les désigner nominativement.

Cette position sur les hégémonies est assez proche de celle de l’ancien président argentin en exil Juan Perón sur une troisième voie, la « tercera posición », même si de Gaulle n’emploie jamais le terme. Le président français a aussi, de manière récurrente, recours au concept de latinité. Il s’agit, dans l’esprit du Général, des racines civilisationnelles communes, latines et chrétiennes, reliant l’Europe, et en particulier la France, à l’Amérique du Sud, les États-Unis s’en retrouvant implicitement exclus.

L’indépendance est un autre thème important des discours gaulliens. Il rend partout hommage aux figures des guerres d’indépendance hispano-américainesBolívarSucre ou encore San Martín. Il met en parallèle le combat de la France pour conserver son indépendance et celui des pays latino-américains auxquels il enjoint de poursuivre leurs efforts. La question de la coopération, en cohérence avec sa dénonciation des hégémonies, est aussi récurrente. De Gaulle propose une coopération et une aide économique exemptes de toute pression politique.

Source – Fondation Charles de Gaulle

LesFrancais.Press
TV5mondeplus.com