Au pouvoir depuis 100 jours, Andres Manuel Lopez Obrador a engagé des réformes dans plusieurs directions. Il entre à présent dans le vif du sujet avec beaucoup d’énergie mais une attente grandissante dans l’opinion publique.
Chaque matin, à sept heures, les journalistes sont conviés au palais présidentiel pour un briefing bien matinal. Levé tôt, Andres Manuel Lopez Obrador, le président mexicain a entamé, il y a cent jours, son mandat en fanfare et veut continuer sur sa lancée. Il part du principe qu’il faut occuper, quitte à le saturer, le terrain médiatique pour être entendu.
Il veut avant tout réformer en profondeur quitte à mener plusieurs chantiers de front. Cet homme de gauche anti-establishment s’est érigé, dès son arrivée, en pourfendeur de la corruption et en farouche défenseur des deniers de l’Etat. Il a ainsi mis en vente la flotte de véhicules et l’avion de la présidence et ouvert au public l’ancienne résidence présidentielle devenue un centre culturel. Il a de la même manière réduit les salaires des fonctionnaires, taillé dans le sien qu’il a diminué de 60 % et supprimé ses gardes du corps.
Une main de fer dans un gant de velours
L’offensive lancée contre le vol de carburant sur les pipelines – qui coûte 3 milliards de dollars par an au pays – a provoqué une pénurie d’essence en janvier, obligeant les conducteurs à faire la queue durant des heures, parfois des jours, pour faire le plein. Paradoxalement, l’opération a été bien perçue : la cote de popularité du président, qui flirte avec 80 %, est grimpée à 86 % lorsqu’il a expliqué être obligé de fermer les oléoducs pour lutter contre les branchements pirates, le long de l’ouvrage.
L’aéroport de Mexico, un vrai sujet de discorde
D’autres sujets ont bénéficié d’un gros effet d’annonce sans être forcément suivis de résultats. C’est le cas du nouvel aéroport controversé de Mexico estimé à 13 milliards de dollars. Symbolisant la corruption qui gangrène le pays, le président à peine élu a décidé d’en interrompre les travaux pourtant déjà engagés à hauteur du tiers environ. Passée l’annonce politique, il a fallu négocier entreprise par entreprise les dédits pour interruption unilatérale du chantier. Fin février, rien n’avait encore été conclu.
De sorte que les entreprises restaient sur leur plan de charge initial, soucieuses de ne pas être prises en défaut sur ce dossier qui risque de coûter très cher aux finances publiques. En outre, cette façon de faire a semé le doute chez les investisseurs même si Carlos Slim, le premier d’entre eux, continue à accorder sa confiance au président.
La lutte contre la corruption sera la moteur de la croissance selon Amlo
Andres Manuel Lopez Obrador doit maintenant entrer dans le vif du sujet même s’il estime avoir lancé plus de 60 % des actions promises durant la campagne. C’est sans doute sur le front économique que ses ambitions sont les plus fortes. Pendant que la banque centrale réduit ses prévisions de croissance du fait des incertitudes autour de la politique gouvernementale et des relations tendues avec le secteur entrepreneurial mexicain, ‘AMLO’ promet, au contraire, de générer une croissance de 4 % cette année, soit le double des prévisions les plus optimistes.