Avec son film Cassandro The Exotico ! La réalisatrice Marie Losier nous fait pénétrer dans un univers en effet « exotique », celui des catcheurs de la « lucha libre » qui fait l’objet d’un véritable culte national au Mexique.
Cassandro est une star de la lucha libre, luttant à visage découvert et revendiquant son homosexualité dans un milieu traditionnellement machiste.
C’est un univers de superhéros très kitsch mais que Marie Losier aborde sous l’angle de la performance artistique contemporaine. Son film, tourné en pellicule 16mm, s’inscrit lui-même dans la lignée du cinéma underground de Jonas Mekas, Stan Brakhage, Andy Warhol… Le sautillement de l’image contribue à son charme fragile.
Ce choix permet également de mieux retranscrire le personnage haut en couleur qu’est Cassandro : un homme qui aime se maquiller et travailler son apparence afin de correspondre à son personnage de catcheur. Le corps est ici un véritable outil de travail. Il s’agit du gagne-pain de notre personnage. Il est travaillé afin d’attirer la gloire sur son propriétaire. Et c’est le rapport entre la volonté de Cassandro et ses capacités physique qui est au cœur du film.
Après 26 ans de vols planés et d’empoignades sur le ring, Cassandro, le roi des Exoticos – ces catcheurs gays qui dynamitent les préjugés – est incapable de s’arrêter. Le corps en miettes, pulvérisé, il va pourtant devoir se réinventer…
Cassandro est « la reine » des exoticos, le plus connu et le plus doué d’entre eux. Au Mexique c’est une véritable star. Dans ce pays, le catch a une importance capitale. Il s’agit en effet de l’un des sports favoris des mexicains. C’est un sport exigeant et physiquement très dur.
Cassandro est un homme blessé (pas un endroit de son corps n’a été épargné). Il essaye de minimiser cette douleur face au reste du monde, mais elle est bel et bien présente. On le voit continuer à se battre coûte que coûte, en se souciant de sa santé. A chaque fois que le corps de Cassandro s’écrase au sol, le public va s’inquiéter et se demander s’il sera capable de se relever. Cette inquiétude grandit petit à petit en fonction de l’évolution de l’état de Cassandro.
C’est un film qui baigne dans la mélancolie. Celle d’un champion qui s’apprête à prendre sa retraite. Un point de vue rare et donc précieux. Mais c’est aussi le portrait d’un homosexuel qui, grâce au sport, a fini par être reconnu et apprécié de tous. On démontre ici que le sport permet à chacun de surmonter sa condition pour pouvoir se surpasser, que ce soit physiquement, mentalement ou socialement, car le sport est encore l’un des rares domaines où l’on peut devenir un héros pour les classes populaires.
Sources – Rédaction et agences
Film programmé au sein de la sélection de l’ACID lors du festival de Cannes 2018
Cassandro the exotico ! de Marie Losier
Documentaire
73 minutes. France, 2018.
Couleur
Langue originale : espagnol
Scénario : Marie Losier et Antoine Barraud
Images : Marie Losier
Montage : Ael Dallier Vega
Son : Marie Losier et Gilles Benardeau
Directeur artistique : Simon Fravega
Production : Tamara Films Tamara Films (Carole Chassaing), Tu vas voir (Gérard Lacroix et Edgard Tenembaum)
Distributeur (France) : Urban Distribution