L’Allemagne a remis vendredi au Mexique et au Guatemala une collection de treize antiquités mayas découvertes l’an passé par la police, dans le sous-sol d’une propriété située sur la commune de Klötze (Saxe-Anhalt), entre Berlin et Hanover.
L’ambassadeur guatémaltèque Jorge Lemcke Arevalo ainsi que son homologue mexicain Francisco Quiroga ont salué, vendredi dans la capitale allemande, une restitution «exemplaire».
«Ces biens ont une grande importance symbolique et culturelle pour l’identité et l’histoire de nos pays, a souligné le représentant du Mexique en Allemagne à l’occasion de la cérémonie organisée dans les locaux berlinois de la représentation de la région Saxe-Anhalt. Le patrimoine culturel d’un pays n’est pas à vendre.» Un message également appuyé par l’ambassadeur du Guatemala : «Cela nous donne l’espoir que d’autres propriétaires de pièces similaires dans des collections privées puissent également suivre cette voie.»
«Le commerce illégal de biens culturels doit être évité et combattu», a confirmé de son côté Reiner Haselhoff, le ministre-président de Saxe-Anhalt, pour qui cette restitution doit également servir à sensibiliser la population. «Les objets dérobés par des pilleurs de tombes ou à d’anciennes colonies ne sont pas seulement dans les musées, mais peuvent aussi se trouver dans nos caves ou nos greniers», a-t-il déclaré, en référence aux collections africaines conservées dans les musées allemands et réclamés par plusieurs pays subsahariens.
Dans la foulée de l’inauguration polémique du Humboldt Forum de Berlin, et de l’ouverture au public de ses collections héritées de l’ère coloniale, le gouvernement allemand s’était engagé en mai dernier à restituer une partie de ses bronzes du Bénin au Nigeria.
Le butin d’un pillage
Également pillés, mais sur un tout autre continent, les différents objets restitués vendredi au Mexique et au Guatemala ont été authentifiés au cours des derniers mois et datés de l’époque maya classique, entre 250 et 850 ap. J.-C..
La collection est composée de statuettes, de plats, de plusieurs fragments de têtes ainsi que d’une coupe à boire sculptée. Deux objets proviennent de la métropole antique de Teotihuacan, la plus grande ville de l’Amérique précolombienne aujourd’hui située à une quarantaine de kilomètres de Mexico. Les onze autres objets ont été produits dans l’actuel Guatemala, au cœur du monde maya.
L’ancien propriétaire de cette petite collection d’objets précolombiens avait enfoui cet ensemble dans une cave en 2007, à l’intérieur d’une caisse où reposaient également deux fusils datant de la Deuxième guerre mondiale. Des souvenirs de son grand-père, selon le propriétaire qui a contacté de sa propre initiative les autorités en 2020, en affirmant vouloir se mettre en règle avec la justice et rendre ces armes, dont la détention est illégale.
Conservés dans du papier journal, les vestiges anciens avaient été achetés par le propriétaire en 2003, sur un marché aux puces de Leipzig. Selon le land de Saxe-Anhalt, ils ont probablement été dérobés par des pilleurs au Guatemala et au Mexique avant d’être vendus au marché noir. Le commerce des biens culturels pillés représenterait le troisième flux d’échanges illicites au monde, après le secteur des armes et de la drogue, alerte fréquemment l’Unesco.
Source – Agences