Le journaliste de « Complément d’enquête » s’est rendu au Mexique, champion du monde de l’obésité. Là-bas, chaque habitant boit en moyenne 160 litres de soda par an, et une bouteille coûte moins cher qu’un litre d’eau !
Immersion dans ce pays asservi au « dieu Coca », où les sodas sucrés provoquent le surpoids de plus de la moitié de la population… et font la fortune de quelques-uns.
Un reportage de Jean-Karl Lambert pour Complément d’enquête,une émission de France télévision.
Obésité, diabète, cancer, problèmes dentaires : le sucre est un poison, et nul ne l’ignore. Pire, sa consommation est addictive : selon une étude menée sur des rats, les biscuits Oreo stimuleraient davantage le cerveau que la cocaïne !
Mais il s’agit d’un business très lucratif pour les multinationales de l’agroalimentaire, et sa consommation s’est imposée dans notre alimentation aux quatre coins du monde…
Article du 10 février 2018 – Le Mexique, un pays colonisé par la marque « Coca-Cola !
Début juillet 2017, Public Sénat diffuse un papier intitulé « Mexique : un pays colonisé par « Coca-Cola ». La journaliste Beatrix Moreau y interviewait la réalisatrice Julie Delettre au sujet de son documentaire vidéo « Mexique, sous l’emprise du coca » diffusé en octobre 2016 sur la même chaîne. Dossier !
Cette dernière y dénonçait l’impact du soda sur le mode de vie des habitants du Chiapas, où la boisson est rentrée en l’espace de 40 ans dans la culture amérindienne. Les indigènes (indiens d’origine Maya) considèrent, en effet, la boisson comme sacrée et l’emploient dans toutes leurs cérémonies traditionnelles et rituels d’exorcisme.
« La couleur de la boisson, le fait qu’elle pétille, la sensation de coup de fouet après l’avoir bue les a amenés à considérer qu’elle les rendait plus fort. La famille que j’ai suivie, par exemple, considère que le Coca ne leur a apporté que du bien, qu’il est même capable de les guérir. Quand je leur ai fait remarquer que ce n’était pas forcément bon pour la santé, ils m’ont répondu : « Ça c’est des mensonges de journalistes ».
Considéré comme l’un des États les plus pauvres du Mexique, le Chiapas est paradoxalement aussi le plus riche en ressources naturelles puisqu’on y trouve de grandes quantités de pétrole, gaz de schiste, mines d’or et d’argent, et surtout d’eau. Il dispose aussi du système hydroélectrique le plus grand du pays puisqu’il représente à lui seul 50 % de la production hydroélectrique nationale.
Ces ressources, très convoitées par les multinationales étrangères qui s’implantent au Mexique depuis les accords de libre-échange de 1994 avec l’ALENA, font régulièrement l’objet de tensions, d’oppositions et d’un véritable rapport de force entre les populations locales et indigènes face à une forte corruption des autorités étatiques qui ont tendance à favoriser les multinationales.
La mainmise sur l’eau et la terre
D’une manière générale, l’implantation au Mexique de Coca-Cola comme des autres multinationales a été facilitée par deux évènements : la libéralisation du marché de l’eau en 1992 rendant possible la vente des eaux nationales à des entreprises privées ou à des particuliers sous forme de concessions d’eau et l’entrée du Mexique dans l’ALENA en 1994 offrant aux multinationales nord-américaines l’occasion de s’implanter durablement sur son territoire.
Il s’agissait de la réforme du droit agraire orchestrée par le président Carlos Salinas de Gortari (Parti Révolutionnaire Institutionnel), en 1992, pour faciliter l’entrée du capital étranger en convertissant les terres de « propriété sociale » en propriétés privées et en simplifiant l’octroi de l’usufruit des terres collectives aux entreprises, portant un coup fatal à l’héritage de Zapata.
C’est ainsi que ces territoires riches en ressources naturelles et appartenant historiquement aux populations indigènes furent concédés par l’État fédéral aux multinationales aux moyens de lois et de réformes favorisant la privatisation des terres.
Par la suite, d’autres secteurs comme la gestion des systèmes d’eau et des assainissements municipaux furent privatisés par les gouvernements successifs faisant qu’en «50 ans, la disponibilité de l’eau par habitant au Mexique [avait] chuté de 64%» alors que les multinationales, elles, détiennent toujours d’importantes concessions d’eau. Le Chiapas, qui possède les ressources en eau renouvelable les plus élevées par habitant au Mexique, compte actuellement plus d’une personne sur trois sans eau potable du fait de la surexploitation des eaux souterraines.
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