Changement à la tête de Business France Mexique: Olivier Pradet termine son mandat de trois ans à la direction de l’opérateur public chargé d’accompagner les entreprises françaises et les investisseurs hexagonaux à l’international.

Le directeur sortant de Business France Olivier Pradet à Mexico le 16 juillet 2025 @ST
C’est l’heure des bilans et perspectives, avec des chiffres, des réussites et des points de progrès. Le cadre d’abord, à la veille d’une plus que probable visite d’Emmanuel Macron à Mexico pour dynamiser la relation bilatérale: « Les flux commerciaux annuels entre la France et le Mexique correspondent à ce que font les Etats-Unis en quelques jours », résume Olivier Pradet, directeur sortant de Business France. En 2024, la France a exporté pour 5,4 milliards de dollars au Mexique, contre 1,2 milliard dans le sens inverse, selon les chiffres du gouvernement mexicain. Les flux bilatéraux Mexique/Etats-Unis s’élèvent à près de 750 milliards de dollars.
Sans même se comparer aux Etats-Unis, les investissements directs de la France au Mexique (804 millions de dollars en 2024) restent loin derrière ceux de l’Allemagne (3,7 milliards de dollars, Volkswagen, Siemens, BASF…) et de l’Espagne (1,1 milliard).
Bref, Business France a donc encore du boulot au Mexique comme sur les autres grands marchés mondiaux: « L’agence répond à une cause nationale: passer de 145.000 exportateurs à 200.000 assez rapidement ». En faisant plus avec moins. Comme tout le secteur public, BF est sous la pression du plan de réductions des dépenses de l’Etat.
En 2025, sa subvention a été diminuée de 16 millions d’euros, (source FO) en attendant peut-être de nouvelles coupes l’année prochaine (43,8 milliards d’économies au total officiellement annoncées pour 2026). « Business France participera aux efforts budgétaires en s’adaptant pour ne pas pénaliser les entreprises clientes et assurer la même qualité de service », commente son directeur sortant pour le Mexique, rappelant que Business France est un service public proposé aux entreprises qui paient en fonction du principe ticket modérateur.
250 entreprises accompagnées par an
« Au Mexique, nous avons accompagné 250 à 260 entreprises françaises par an », se félicite Olivier Pradet. « Nous avons exploré de nouveaux secteurs comme les industries créatives et culturelles (ICC). On a beaucoup travaillé dans le secteur de la santé. Dans le secteur des cosmétiques, le Mexique continue à intéresser beaucoup les entreprises françaises, puisque c’est un grand marché avec 130 millions d’habitants, avec une classe moyenne consolidée qui est à peu près l’équivalent de la population de l’Espagne (48,8 millions d’habitants) ».
Comme l’ensemble du CAC40, les géants du secteur sont déjà présents sur le marché mexicain (Sanofi, Loreal, Pierre-Fabre…). « Notre priorité ce sont les PME et les TPI », rappelle le responsable pays de Business France, qui a ainsi accompagné au Mexique des acteurs moins connus comme le groupe pharmaceutique Innothéra ou la Compagnie européenne de parfums, TPE basée à Dijon.
« L’industrie est un secteur important pour nous, qui représente à peu près 20% du PIB mexicain. On a déjà beaucoup d’implantations dans le secteur, comme Valeo ou Safran. Ce sont des sociétés qui aujourd’hui doivent créer de la valeur ajoutée, former des talents et exporter du Mexique vers les marchés voisins. Après, il y a de nouveaux secteurs, par exemple l’énergie, l’eau », poursuit Olivier Pradet. Là aussi, Business France accompagne des PME/TPE, comme Erma concept (lignes automatiques de peinture et séchage), qui a renforcé sa présence commerciale et inauguré une filiale.
« Et puis la troisième caractéristique, c’est l’agroalimentaire qui fonctionne très bien aussi. Il y a beaucoup d’entreprises françaises qui s’intéressent au marché mexicain, que ce soit des produits finis, gourmets ou comme les vins. On a eu des opérations en octobre avec une vingtaine de producteurs de vins français », poursuit Olivier Pradet.
« La démarche gagnante pour les entreprises consiste d’abord à chercher un distributeur puis en fonction des volumes, à s’implanter, en développant la logistique et force commerciale. Après vient l’étape du recrutement des talents locaux et des VIE ».
170 jeunes VIEs dans 70 entreprises
Pour accompagner les entreprises au Mexique ou ailleurs, Business France gère les contrats des VIE (Volontariats à l’international, jeunes Français ou ressortissants des pays de l’Espace économique européen âgé de 18 à 28 ans). « On reste sur des volumes très importants au Mexique, autour de 170 par an, pour plus de 70 entreprises. On a de tous les profils, des très techiques aux plus généralistes: force commerciale, contrôle de gestion, marketing, communication ».
« Au chapitre des points de progrès, il y a de nouveaux secteurs, les énergies, la FinTech, l’EduTech, c’est-à-dire les nouvelles technologies appliquées à l’éducation. Par exemple, la France a une très grande expertise dans l’agriculture durable. Je pense aussi qu’il faut être plus présent dans les Etats pour aller explorer de nouvelles opportunités, à Monterrey, dans le Jalisco, dans le Bajio. Troisièmement: il faut qu’on continue à communiquer davantage sur les opportunités du Mexique dans le cadre de la reconfiguration des relations commerciales entre les Etats-Unis et le Canada », résume Olivier Pradet.
Start-up mexicaine à Grenoble
Business France a également pour mission de développer la présence des investisseurs mexicains en France, dans le but de créer des emplois. L’équipe d’Olivier Pradet cite l’exemple d’une start-up de Guadalajara, BioEsol (stockage et gestion de l’énergie solaire), qui a annoncé un investissement de 35 millions d’euros dans le bassin industriel de Grenoble.
« Le Mexique est le premier investisseur d’Amérique latine en France », assure le patron sortant de Business France. « Si un Mexicain en France a le mal du pays, il peut boire du café mexicain dans un Starbucks à Paris, grignoter de la charcuterie Sigma et manger des pains Bimbo chez Mcdonald’s ».
Bilan personnel
C’est aussi l’heure des bilans personnels pour Olivier, « colombien de naissance et français d’adoption » et son épouse colombienne. « Je me suis rendu compte que je ne connaissais pas le Mexique. J’ai découvert un très grand pays. Les Mexicains ont une culture très riche. Sur le plan gastronomique j’ai été surpris que le Mexique devienne un acteur dans le secteur des vins et des alcools au-delà de la tequila et bière ». Et puis il y a les rencontres, comme avec ces pêcheurs de Puerto Vallarta, qui ont emmené le couple voir les baleines et les dauphins. « Des rencontrent qui nourissent l’âme ».