Annulée? Reportée? Une chose est sûre, c’est que la visite du président français Emmanuel Macron à Mexico n’est plus à l’agenda bilatéral pour le mois de septembre. Elle était officieusement prévue après l’Assemblée générale des Nations unies, autour des 24-25 septembre. « Ils ont des problèmes là-bas en France. On nous a prévenus que la visite était reportée », a déclaré la président mexicaine Claudia Sheinbaum. Lundi et mardi, la tendance était à l’annulation pure et simple de la visite de Macron, d’après des sources consultées à la présidence et au secrétariat (ministère) des Relations extérieures. En revanche, la visite du Premier ministre canadien Mark Carney est maintenue, a ajouté Claudia Sheinbaum, promettant très rapidement « des détails » sur l’agenda.

Foto de consorcio por Benoit Tessier
Reportée, donc, et non plus annulée. Emmanuel Macron souhaiterait toujours se rendre à Mexico d’ici la fin de l’année, d’après certaines sources. Si elle a lieu, la première visite au Mexique d’un président français depuis François Hollande en 2014 portera entre autres sur la remise au Mexique du Codex Borbonicus, calendrier aztèque conservé dans les locaux de la bibliothèque du Palais-Bourbon, à deux pas de la salle des Quatre-Colonnes et de l’hémicycle de l’Assemblée nationale. « Ce manuscrit nahuatl, dont deux pages sont manquantes, acheté en 1826 par le Palais-Bourbon au cours d’une vente publique, est de provenance inconnue. Il aurait été volé en Espagne, dans la bibliothèque de l’Escurial, soit au moment de l’occupation de l’Espagne par les troupes napoléoniennes en 1808, soit lors de l’expédition française dans ce pays en 1823, sous Louis XVIII », écrivait Le Monde en 2017. Le député France insoumise (LFI) et président de la Commission des Finances Eric Coquerel avait mentionné la restitution du Codex lors de sa visite à Mexico début septembre, a-t-il indiqué sur ses réseaux sociaux.
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« C’est l’un des sujets avec le président Macron », a confirmé la présidente Sheinbaum. « Il y aura non seulement des sujets commerciaux, économiques -on avait envisagé que (le président français) vienne avec des chefs d’entreprises-, mais aussi des sujets importants et fondamentaux pour nous comme celui de la restitution des Codex ».
« Des problèmes dans son pays »
Visite au Mexique ou pas, les événements se précipitent en France. Le président a nommé mardi un de ses derniers fidèles de la première heure, le ministre des Armées Sébastien Lecornu, au poste de Premier ministre. Mardi, son prédécesseur François Bayrou avait remis sa démission après que les députés lui eurent majoritairement refusé la confiance, une première dans l’histoire de la Ve République depuis 1958. Membre du bloc présidentiel, la députée des Français d’Amérique Latine, Eleonore Caroit, a été l’une des 194 élues et élus à voter la confiance au Premier ministre sortant (364 contre), parlant d’une attitude « constructive ». « Nous n’avons pas voté pour ou contre François Bayrou. Ce n’avait rien à voir avec lui, ni avec son gouvernement ou ses propositions », a expliqué Eleonore Caroit. « Il s’agissait de trouver de la stabilité parce que je pense que c’est la chose la plus importante dont nous avons besoin actuellement en France. Il s’agit de rassurer le monde et lui dire que nous répondrons présent ».
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C’est en effet dans ce contexte que vendredi, l’agence de notation Fitch pourrait dégrader la note de la France. C’est aussi dans ce contexte que le chef de l’Etat participera à la prochaine Assemblée générale des Nations unies, où la France défendra la reconnaissance de la Palestine avec d’autres pays, le 20 septembre.
Le président a chargé le nouveau chef du gouvernement « de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois. A la suite de ces discussions, il appartiendra au nouveau Premier ministre de proposer un Gouvernement au président de la République », a indiqué le communiqué de l’Elysée.
Un accord sur le budget 2026 ou la constitution d’un nouveau gouvernement s’apparentent à une équation difficile. Le bloc présidentiel n’a pas de majorité et très peu d’alliés – à part peut-être une partie des Républicains, la famille d’origine du Premier ministre. Le Parti socialiste a déjà annoncé qu’il ne participerait pas au prochain gouvernement Lecornu. Le Rassemblement national (RN) a accueilli avec un « a-priori très défavorable » la nomination de l’élu de l’Eure, « dernière cartouche du macronisme » d’après Marine Le Pen, tout en attendant ses propositions. Autorité morale de la France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon demande le départ du président de la République…
Le rejet du président de la République représentait aussi le dénominateur commun des manifestants qui ont répondu mercredi à l’appel du Mouvement « Bloquons tout ». Prés de 200.000 personnes ont manifesté, d’après le ministère de l’Intérieur, qui fait état de 540 interpellations et 415 gardes à vue à l’échelle nationale. La CGT parle de 250.000 personnes. A Paris, un immeuble a pris feu près de Châtelet. « En l’état de nos informations, il pourrait s’agir d’un départ de feu involontaire lié à l’intervention des forces de l’ordre pour faire face à des regroupements denses et particulièrement hostiles dans le secteur des Halles », a indiqué le parquet. Le mouvement avait été lancé sur les réseaux sociaux par deux collectifs: « Indignons nous », qui proteste contre les coupes budgétaires annoncées en juillet dans le plan Bayrou d’économie (un fonctionnaire sur trois non remplacé, deux jours fériés supprimés, gel des retraites…); et « les Essentiels », collectif qui lance un appel à « vivre de son travail », « sauver nos petites entreprises » mais aussi en faveur de la « fin des réseaux secrets » et du « retour du peuple dans les décisions ».