Le destin brisé de Charlotte de Belgique, l’impératrice du Mexique devenue folle !

Bien née, intelligente, belle… La vie de la fille du roi des Belges devrait être un conte de fées. Las ! Elle ira de tragédie en tragédie et finira par perdre la raison.

En ce 27 juillet 1867, Charlotte de Belgique a 17 ans et la vie semble lui sourire. Elle vient d’épouser l’archiduc Maximilien de Habsbourg, vice-roi de la province autrichienne de Lombardie-Vénétie et frère de l’empereur d’Autriche François-Joseph – et donc beau-frère de Sissi ! Une union prestigieuse pour cette princesse, fille unique du roi Léopold 1er de Belgique et de Louise-Marie d’Orléans. Loin du château de Laeken, à Bruxelles, où elle est née le 7 juin 1840, elle profite de la douceur de vivre italienne. Mais les nuages ne tardent pas à s’amonceler dans le ciel de Milan. L’amour qu’elle porte à Maximilien n’est pas réciproque et son époux la délaisse. Ses rêves de grandeurs ne tardent pas à s’écrouler eux aussi. En 1859, deux ans après sa nomination, Maximilien est déchu de son titre en raison de sa politique, jugée trop libérale par Vienne. Le couple part s’installer au château de Miramare, sur les bords de l’Adriatique. Une absence de vie conjugale, pas d’enfants, pas de fonctions officielles… Charlotte s’enfonce dans la solitude et la mélancolie.

Le départ pour le Mexique

La monotonie des jours sera rompue par une proposition inattendue… venue du Mexique. L’aristocratie mexicaine les sollicite pour fonder un empire dans ce pays déchiré par les guérillas. Maximilien, en sa qualité de membre de la très respectée maison d’Autriche, a été pressenti pour en ceindre la couronne. En réalité, c’est Napoléon III qui tire les ficelles : il occupe déjà militairement le pays et pose ses pions pour contrer l’influence des États-Unis sur le continent. L’espoir d’un destin prestigieux renaît dans le cœur de Charlotte. Elle vient à bout des réticences de Maximilien et le couple embarque début 1864. En mai, alors qu’ils sont en vue de Veracruz, Charlotte partage son enthousiasme avec sa grand-mère, Marie-Amélie : « Nous allons toucher dans quelques heures le sol de notre nouvelle patrie. […] Je n’aurais jamais cru que, en ce qui regarde les régions où nous allons vivre, mes souhaits fussent aussi complètement comblés. » Mais la nouvelle impératrice du Mexique est une femme intelligente qui a bénéficié d’une solide éducation politique, elle est consciente des enjeux. « D’après tout ce que j’ai vu, une monarchie dans ce pays-ci est faisable […] ; cependant cela n’en reste pas moins une entreprise gigantesque, car il y a à lutter avec le désert, avec les distances, avec les routes, avec le chaos le plus complet » écrit-elle à l’impératrice de France, Eugénie, quelques mois plus tard.

La tâche est colossale et, surtout, Maximilien n’est pas à la hauteur. Homme frivole et dilettante, il se préoccupe davantage du faste que des affaires de l’État. Durant ses longues absences, c’est Charlotte qui gouverne, présidant notamment au Conseil des ministres. Elle s’accroche à cet empire, et aussi à cet époux qui pourtant la dédaigne et s’affiche en public avec ses maîtresses. Quand, en février 1866, Napoléon III retire ses troupes sous la menace américaine, le monde de Charlotte s’écroule. Sans l’armée française, ils n’ont aucune chance dans ce pays à feu et à sang qui ne veut pas d’eux.

L’impératrice Charlotte est persuadée que l’on veut l’empoisonner

L’impératrice du Mexique refuse d’abdiquer et de se laisser humilier une fois de plus. Malgré les deuils qui la frappe – elle vient de perdre en quelques mois son père et sa grand-mère – elle se rend à Paris en juillet pour plaider sa cause auprès de Napoléon III. L’accueil glacial et la fin de non-recevoir qui l’attendent achèvent de la briser. Lorsqu’elle va à Rome en septembre pour convaincre le pape de lui venir en aide, sa raison a vacillé. Persuadée que l’empereur des Français cherche à l’empoisonner, elle ne consent à manger que dans l’assiette du souverain pontife. Elle est agitée, refuse de quitter le palais par peur d’être assassinée, et oblige ainsi Pie IX à déroger à la règle qui veut que les femmes ne sont pas admises à dormir au Vatican.

Alerté, l’empereur François-Joseph fait enfermer Charlotte à Miramare. Lorsqu’un an plus tard, à l’été 1867, sa famille réussit à la récupérer, elle est dans un état mental et physique déplorable : l’impératrice déchue a été séquestrée et maltraitée par la sécurité autrichienne. Afin de la préserver, ses proches ne l’informeront pas de la mort de Maximilien, fusillé par les rebelles le 13 juin. Broyée par les épreuves, la princesse Charlotte, âgée de 27 ans, ne retrouvera jamais la raison. Loin des yeux du monde, elle passera le reste de sa vie derrière les hautes grilles du château de Bouchout, en Belgique. Les périodes de calme, qu’elle consacre à la musique et à la peinture, seront entrecoupées de bouffées délirantes durant lesquelles elle tient des propos incohérents et écrit de longues lettres qui n’ont pas de destinataires. Elle s’éteint le 19 janvier 1927, à l’âge de 87 ans.

La campagne mexicaine de Napoléon III

Depuis son indépendance en 1821, le Mexique est déchiré par la lutte qui oppose conservateurs et libéraux. Lorsqu’en 1861, le président libéral Benito Juarez décide de cesser le paiement de sa dette aux États européens, Napoléon III y voit l’occasion d’asseoir son influence sur le continent américain. Il envoie ses troupes pour combattre la guérilla locale, renverse le gouvernement Juarez et fonde un éphémère empire catholique à sa solde.

Source – Reportage caminteresse.fr

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