Dossier – Des travailleurs mexicains victimes de mauvais traitements au Canada ! (video)

Abus, racisme et harcèlement font partie du quotidien de certains travailleurs agricoles saisonniers qui viennent chaque année participer à la récolte dans des serres ontariennes. Trois d’entre eux, des Mexicains, ont accepté de nous accorder une entrevue exclusive sous le couvert de l’anonymat.

Un texte d’Isabelle Corriveau – ici.radio-canada.ca

Chaque année, des milliers de travailleurs agricoles étrangers viennent passer huit mois au Canada dans le cadre du programme des travailleurs saisonniers. Depuis 2017, le gouvernement fédéral affirme intensifier ses inspections dans les fermes où sont embauchés ces travailleurs afin de s’assurer de leur bon traitement.

Malgré tout, la situation est encore loin d’être idéale, selon trois travailleurs agricoles mexicains employés en Ontario qui ont accepté de nous parler.

Un homme habillé pour travailler est debout dans une allée avec des bac pour y ranger les légumes derrière lui. Il a les bras dans les feuilles pour cueillir un concombre.

À la recherche d’une vie meilleure

Assis en cercle, Francisco, Rodrigo et Juan* nous racontent leur histoire, après une longue journée de travail dans des serres de la région de Leamington, en Ontario.

Les trois hommes sont des pères de famille et ont décidé de venir travailler dans les serres et les fermes canadiennes dans l’espoir d’obtenir un meilleur salaire et d’offrir une qualité de vie supérieure à leurs enfants restés au Mexique. L’argent qu’ils accumulent au Canada est envoyé à la maison pour que leurs familles puissent vivre mieux.

Francisco, dans la quarantaine, en est à sa 13e saison. Les dollars canadiens qu’il amasse depuis des années servent à offrir une éducation à ses trois enfants, afin qu’ils puissent avoir une vie plus facile que la sienne.

Gros plan sur une table avec des travailleurs assis autour d'une table. On ne voit pas leur visage afin de protéger leur identité. Ce sont des ouvriers agricoles avec plusieurs saisons derrière eux. Malgré le dur travail physique et les longues journées, ils affirment avoir eu de bonnes expériences de travail et de bonnes relations avec leurs employeurs, sauf cette année.

Expositions à des pesticides

Nos trois sources rapportent que dans les fermes où ils ont travaillé, des pesticides sont appliqués dans les serres deux ou trois fois par semaine alors qu’ils sont au travail et qu’ils sont obligés de manipuler les légumes couverts de produits chimiques sans avoir droit à l’équipement protecteur dont bénéficient ceux qui appliquent les pesticides. Je sens que j’ai des maux de tête, parfois, que je n’avais pas avant. Je ne sais pas s’ils proviennent de ça ou d’autre chose. Mais j’imagine qu’absorber autant de pesticides pendant le travail dans la serre qui est un lieu fermé n’aide pas, affirme Francisco.

Juan et Rodrigo attribuent des maux de tête, mais aussi des brûlures dans la gorge et des irritations cutanées, aux pesticides qu’ils respirent durant leurs journées de travail. Selon Rodrigo, même s’ils se plaignent à leurs superviseurs, ceux-ci exigent qu’ils continuent à travailler.

Gros plan de plantes qui dépassent dans un champ, avec des serres illuminées pendant la nuit derrière.

Pression psychologique

Ce refus de les écouter s’ajoute à un système de productivité où les noms des employés sont affichés chaque jour sur un écran qui classe le niveau de productivité des travailleurs, ajoutent les trois hommes. C’est un système qui est basé sur la pression de toujours produire davantage, peu importe le rendement des travailleurs saisonniers.

Selon nos sources, chaque jour, les personnes qui se retrouvent au bas de la liste sont suspendues sans paie pour quelques heures ou quelques jours parfois.

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