Le monde a deux ans pour agir contre le changement climatique sinon il affrontera des « conséquences désastreuses », a averti l’ONU, en appelant la société civile à réclamer « des comptes » aux dirigeants de la planète.
C’est un compte à rebours qu’il a lancé. Et qui sonne comme une annonce de fin du monde.
Lundi, le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a prononcé un discours particulièrement alarmiste, autour de la question climatique. « Nous sommes confrontés à une menace existentielle directe », dit-il. « Le changement climatique est la question déterminante de notre époque – et nous sommes à un moment décisif. Le changement climatique évolue plus vite que nous et sa rapidité a provoqué un séisme à travers le monde. »
Pour lui, c’est clair : « Si nous ne changeons pas de cap d’ici 2020, nous risquons de manquer le moment où nous pouvons éviter un changement climatique incontrôlé, avec des conséquences désastreuses pour les humains et tous les systèmes naturels qui nous soutiennent. »
Le secrétaire général de l’ONU dresse un bilan particulièrement inquiétant de l’état de la planète : « Nous connaissons des températures record dans le monde entier », dit-il. « Selon l’Organisation météorologique mondiale, au cours des deux dernières décennies, 18 des années les plus chaudes depuis 1850 ont été enregistrées et cette année s’annonce comme la quatrième plus chaude. Les vagues de chaleur extrêmes, les incendies, les tempêtes et les inondations laissent une trace de mort et de dévastation. »
Trop de dirigeants ont refusé d’écouter
Il estime encore que « nous avons été prévenus. Les scientifiques nous le disent depuis des décennies », mais que « beaucoup trop de dirigeants ont refusé d’écouter. » Et selon lui, les résultats sont déjà visibles. « Dans certaines situations, ils ressemblent aux pires scénarios des scientifiques. »
Le chef des Nations unies cite ainsi la banquise arctique qui « disparaît plus vite que nous ne l’avions imaginé » ; le fait que cette année, pour la première fois, des glaces de mer épaisses et permanentes au nord du Groenland ont commencé à se fragmenter ; un réchauffement « spectaculaire dans l’Arctique qui affecte les conditions météorologiques dans l’hémisphère nord » ; ou encore des feux de forêt durent plus longtemps et se propagent davantage.
Autre conséquence qu’il décrit : « Les océans deviennent de plus en plus acides, et menacent les fondements des chaînes alimentaires qui soutiennent la vie. Et, sur terre, le niveau élevé de dioxyde de carbone dans l’atmosphère rend les cultures de riz moins nutritives, menaçant le bien-être et la sécurité alimentaire de milliards de personnes. »
La société doit interpeller les dirigeants
Face à ce désastre annoncé, Antonio Guterres estime qu’il est encore possible d’agir. Même si manque selon lui la volonté politique des dirigeants. « Nous savons ce que nous devons faire. Et nous savons même comment le faire. Nous avons les outils pour rendre nos actions efficaces. »
L’Accord de Paris, signé il y a trois ans, qui qui prévoit de contenir d’ici à 2100 le réchauffement climatique « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels », était « vraiment le strict minimum pour éviter les pires impacts du changement climatique ». Mais même ces objectifs ne seront pas tenus. « Ce qui nous manque encore, même après l’Accord de Paris, c’est le leadership et l’ambition de faire ce qui est nécessaire. »
Antonio Guterres en appelle aux dirigeants, et appelle chacun à se mobiliser. « Il est impératif que la société civile -jeunes, groupes de femmes, secteur privé, communautés religieuses, scientifiques et mouvements écologiques dans le monde– demande des comptes aux dirigeants », a insisté le secrétaire général des Nations unies. Dans son discours, il cite plusieurs pistes : « Nous devons arrêter la déforestation, restaurer les forêts détériorées et changer notre manière de cultiver ». Il faut aussi revoir « la manière de chauffer, de refroidir et d’éclairer nos bâtiments pour gaspiller moins d’énergie ».
Antonio Guterres brandit aussi l’argument du porte-monnaie
« Des avantages énormes attendent l’humanité si nous pouvons relever le défi climatique. Un grand nombre de ces avantages sont économiques. » Selon lui, l’action climatique et le progrès socio-économique se renforcent mutuellement : des terres dégradées restaurées signifient de meilleurs niveaux de vie pour des agriculteurs qui ne migrent plus vers les villes, l’assainissement de l’eau sauverait la vie de 360.000 bébés, l’air pur qui a un impact sur la santé publique… Il estime que ce combat produirait « des gains de 26 trillions de dollars d’ici 2030 par rapport au statu quo ». Sera-t-il entendu ? Son discours survient en tout cas deux jours avant un sommet mondial inédit pour l’action climatique qui doit réunir à San Francisco des milliers d’élus, de maires, de responsables d’ONG et d’entreprises.
Sources – Agences