« Il va me revenir d’être la première femme présidente du Mexique ». Grande favorite de l’élection du 2 juin, la candidate de la gauche au pouvoir Claudia Sheinbaum a officiellement lancé sa campagne vendredi à Mexico, attaquée à distance par sa rivale, Xochitl Galvez.
Devant une foule de dizaines de milliers de personnes rassemblées sur la place Zocalo dans le centre de Mexico, l’ex-maire de la capitale a assuré vouloir poursuivre la « transformation » du pays en réduisant les inégalités, nouvelles hausses du salaire minimum à la clé.
Désignée pour représenter le parti Morena du président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, Claudia Sheinbaum, 61 ans, surfe sur la popularité de celui-ci et a promis de « prendre soin de son héritage ».
Elle a souligné vouloir « lutter aussi pour les femmes du Mexique ». « Je crois que c’est un grand pas pour toutes les femmes » du pays, s’est enthousiasmée dans la foule Alejandra Santiesteban, institutrice de 26 ans venue assister au discours.
Mme Sheinbaum a également dit vouloir maintenir une ligne ferme vis-à-vis des Etats-Unis.
« Nous ne baisserons jamais la tête », a-t-elle lancé au sujet du grand voisin et premier partenaire commercial du Mexique. « Coopération, oui, subordination, non ».
Régulièrement attaquée par son adversaire libérale sur le bilan sécuritaire du gouvernement, la favorite de l’élection a promis de s’attaquer aux « causes » de la violence et de « renforcer la Garde nationale » et la coordination de l’action avec les polices locales.
Le Mexique enregistre quelque 30.000 homicides par an, pour la plupart liés au narcotrafic. Le pays compte également des dizaines de milliers de disparus.
Jeudi encore, quatre soldats ont été tués et neuf blessés dans une attaque à l’explosif dans le centre du pays.
Large écart entre les 2 candidats
En campagne dans le Guanajuato, l’Etat le plus violent du pays, Xochitl Galvez, a insisté sur la nécessité de « renforcer la paix et la sécurité ».
« C’en est fini des accolades avec les délinquants », a-t-elle martelé depuis la ville d’Irapuato. « Nous allons chercher les disparus, nous n’allons pas les oublier ».
La candidate a marqué les esprits en signant de son sang devant notaire un document dans lequel elle s’engage à ne pas éliminer les programmes sociaux mis en place par l’actuel gouvernement de gauche. Soutenue par trois partis dont le PAN (droite libérale), elle a même évoqué la retraite à 60 ans.
Claudia Sheinbaum est créditée de 63% des intentions de vote, soit le double de celles de sa principale adversaire (31%).
« Bien que rien ne soit impossible en politique, à un peu plus de trois mois de l’élection, il est très improbable que Galvez puisse » refaire son retard, juge l’analyste Michael Shifter, du groupe de réflexion Inter-American Dialogue à Washington.
Lopez Obrador « est trop populaire et la machine du gouvernement et du parti est trop redoutable », a-t-il ajouté, joint par l’AFP.
Un troisième candidat, Jorge Alvarez, affiche pour l’instant 5% des intentions de vote. Il a lancé sa campagne à Lagos de Moreno, une ville près de Guadalajara (nord-ouest) traumatisée par l’enlèvement et la disparition en août de cinq jeunes, sans doute torturés et exécutés.
Elections géantes
Le Mexique s’apprête à organiser les plus grandes élections de son histoire, avec également le renouvellement des députés, des sénateurs, de neuf des 32 gouverneurs d’Etats (dont Mexico) et d’autres scrutins locaux. Au total, 99 millions d’électeurs sont appelés aux urnes.
Cette campagne se présente comme un test pour la démocratie mexicaine, ouverte aux alternances depuis 24 ans, après 70 ans de domination absolue du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI).
Au pouvoir depuis décembre 2018, le parti Morena et ses alliés n’ont cessé de consolider leur influence (présidence, majorité absolue à l’Assemblée et au Sénat, des postes de gouverneurs dans 23 des 32 états).
Vendredi, Claudia Sheinbaum a répété souhaiter que « les juges, les magistrats et les ministres du pouvoir judiciaire soient élus par le peuple du Mexique ».
Cette proposition apparaît dans un paquet de réformes constitutionnelles présentées par M. Lopez Obrador début février.
« On ne touche pas à la démocratie », lui avaient répondu des dizaines de milliers de manifestants le 12 février à Mexico, accusant le parti Morena de chercher à prendre le contrôle de la justice et des instances électorales par ce biais.
Le chef de l’Etat sortant n’est pas autorisé à se présenter à nouveau, la Constitution mexicaine n’autorisant qu’un seul mandat de six ans.
Source – Agences