Féminicides – « La fillette aux chaussettes rouges » s’appelait Lupita !

Elle est restée « la fillette aux chaussettes rouges » durant des mois. À 4 ans, elle avait été sauvagement tuée et aucun proche n’était venu réclamer son corps. Grâce à l’obstination de militants, Lupita a finalement pu être identifiée près d’un an après sa mort.

Dans ce cimetière de la banlieue de Mexico, Véronica dépose des fleurs sur la petite tombe et lance un « coucou petite », comme si elle l’avait toujours connue. Véronica Villalvazo, une militante de 47 ans, a appris la mort de Lupita dans les pages des faits divers qu’elle consulte tous les jours pour réunir des informations sur les féminicides au Mexique (meurtre d’une femme motivé par le fait qu’elle est une femme), pays qui recense 7,5 affaires de ce type quotidiennes, selon les chiffres de l’ONU et du gouvernement.

Le corps de la fillette a été retrouvé en mars, couvert d’hématomes et portant des traces de sévices sexuels, dans l’Etat de Mexico, jouxtant la capitale. Ce n’est qu’en décembre que la mère et le beau-père ont été arrêtés et accusés de féminicide.

Ce cas est emblématique de la vague de meurtres de femmes qui sont en hausse depuis 2016 dans ce pays, selon l’ONU. En 2016, on comptait au Mexique 2746 féminicides, contre 2324 en 2015. Les chiffres officiels de 2017 ne sont pas encore disponibles mais María Salguero, autre militante, en a comptabilisé de son côté 1966.

« La fillette aux chaussettes rouges »

Véronica Villalvazo a tout fait pour que Lupita retrouve son identité et cesse d’être un numéro de plus sur une liste. « On savait seulement (qu’elle portait) un haut vert clair et des petites chaussettes rouges », raconte cette femme à l’AFP.

Durant tout le temps où elle n’a pas été identifiée, elle est devenue pour les Mexicains « la fillette aux chaussettes rouges ». La militante demande alors aux autorités de l’Etat de Mexico une photo de la petite fille. Silence complet. Une source finit par lui donner un cliché. C’était le premier pas pour retrouver son identité et les responsables.

« Ça ne les intéresse pas »

« Le silence des autorités (…) veut dire ‘nous, on s’en fiche, on ne va rien faire' », explique l’activiste. « Au Mexique, il ne se passe rien, tu peux assassiner une femme, une petite fille, la violer, la mordre, la torturer, la kidnapper et il ne t’arrivera absolument rien car ils (les autorités) n’enquêtent pas, ça ne les intéresse pas », ajoute-t-elle.

Les autorités de l’Etat de Mexico, qui ont enterré la fillette dans un cimetière accompagné d’une pierre tombale où il est écrit « petit ange », n’étaient pas disponibles pour répondre à l’AFP.

Durant des mois, personne n’a su qui était « la fille aux chaussettes rouges ». Jusqu’à ce qu’en novembre dernier, des tantes, c’est-à-dire des soeurs de la mère, contactent la militante. Elles avaient vu l’affaire et pensaient qu’il s’agissait de Lupita, qu’elles n’avaient pas vue depuis des mois.

« Une vie d’abus et d’abandons »

« La petite ne méritait pas ça. Elle avait beaucoup d’endroits où être bien », déclare alors Marina Concepción Medina, 39 ans.

Durant sa courte vie, la fillette n’avait connu que des abus et des abandons. Faute d’avoir été reconnue, elle n’avait pas de nom de famille et a été trimballée de maison en maison. A plusieurs reprises, Marina et sa soeur Luz Maria, 33 ans, ont demandé en vain la garde de Lupita en voyant les marques et les traces de coups sur son corps.

Mercredi 10 janvier, lors d’une conférence de presse, la militante Villalvazo a présenté avec les familles les images de celle qui a cessé d’être « la fillette aux chaussettes rouges » pour devenir Lupita.

Plus de 90% des crimes au Mexique restent impunis

Bien que le pays soit doté d’une loi pour prévenir et mettre fin à la violence contre les femmes, impunité et violence continuent d’être très présents.

« Les institutions de l’Etat n’ont pas été capables d’inverser la tendance {…] de pourcentages élevés concernant les violences contre les femmes, qui n’ont pas été examinées à fond », déclare Pablo Navarrete, coordinateur des affaires juridiques de l’Institut national des femmes.

Source – Agences

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