Vouées à se répéter chaque mercredi, des séances de décryptage médiatique intitulées “Le Qui est-ce des mensonges de la semaine” seront animées par le chef d’État.
Andrés Manuel López Obrador (AMLO), président du Mexique, a inauguré un drôle d’exercice le 30 juin dernier. Désormais, tous les mercredis, au cours de sa conférence de presse, le président fera «un Who’s Who des mensonges de la semaine pour lutter contre les fausses nouvelles. Pour contrer toutes les manipulations des médias grand public».
«Ces derniers temps, à l’époque de la police néolibérale, le mensonge dans les médias est devenu une constante et il n’existait pas de droit de réponse. Aujourd’hui si, il y a une réponse», avait-il prévenu. Première victime, le journal El Universal, qui dénonçait un espionnage des journalistes par le gouvernement. «C’est faux, totalement exclu. Ce journal est dédié à la diffamation et appartient à la pègre du journalisme. C’est pourquoi nous allons avoir cette section de qui est qui dans les mensonges de la semaine», avait rétorqué Andrés Manuel López Obrador.
Détenteur de la vérité ou pourfendeur des contre-vérités
Comme le note le quotidien El Pais , l’idée du président mexicain est de «rendre ce qu’il considère comme des coups bas, des mensonges, des torpilles d’une sale guerre orchestrée par les journaux et les chroniqueurs, qu’il désigne généralement par son nom et son prénom». L’opposition s’indigne, à l’instar de Jesús Zambrano Grijalva du Partido de la Revolución Democrática (centre-gauche). Pour lui, AMLO «continue à faire des pas de géant vers un gouvernement autoritaire dans lequel seul le président pourra dire si les données et les nouvelles sont valides ou non».
De nombreux opposants accusent le président de chercher à “intimider” les journalistes, constate le quotidien El Universal.
Carmen Aristegui, l’une des journalistes de gauche les plus influentes du pays, estime que cette session est “absolument hors de propos”, rapporte La Vanguardia. Sans nier l’existence des fausses informations ni les orientations politiques de certains journalistes, elle trouve “très délicat que la présidence de la République s’érige en détenteur de la vérité et qu’il lui revienne de déterminer qui ment et qui ne ment pas”.
«Le Mexique demeure, année après année, l’un des pays les plus dangereux et meurtriers au monde pour les médias», note Reporter sans frontières qui classe le pays à la 143e place pour la liberté de la presse. En 2020, huit journalistes y ont été tués.
Source – Agences