La police équatorienne a mené un raid dans l’ambassade mexicaine à Quito pour arrêter l’ancien vice-président Jorge Glas réfugié dans le bâtiment.
Conflit diplomatique total. Les relations entre le Mexique et l’Équateur sont rompues depuis plusieurs jours, ce qui a même conduit le personnel diplomatique mexicain à quitter Quito ce dimanche 7 avril. Le HuffPost vous explique ce qu’il s’est passé.
Tout débute mercredi dernier, par des critiques émanant du président mexicain Andrés Manuel López Obrador, sur la conduite de la présidentielle équatorienne de 2023. Celui qui est surnommé « AMLO » accuse les autorités équatoriennes d’avoir exploité l’assassinat du candidat d’opposition Fernando Villavicencio pendant la campagne, le 9 août 2023, pour favoriser l’élection du libéral Daniel Noboa au détriment de la candidate de gauche Luisa González.
Jeudi, le gouvernement équatorien annonce en réponse expulser l’ambassadrice mexicaine à Quito, Raquel Serur. Le lendemain, le Mexique octroie l’asile à Jorge Glas, réfugié depuis le 17 décembre dans son ambassade et visé par un mandat d’arrêt pour corruption présumée.
« Violation flagrante du droit international »
Jorge Glas, vice-président entre 2013 et 2017 sous l’ancien président socialiste Rafael Correa (2007-2017), est accusé d’avoir détourné des fonds publics destinés à la reconstruction de villes côtières après un séisme en 2016. Quito qualifie la protection de Jorge Glas par le Mexique d’« illégale ».
Dans ce contexte, des policiers font irruption dans l’ambassade mexicaine pour arrêter l’ancien vice-président, une intrusion dans une enceinte diplomatique sans précédent récent dans le monde. AMLO dénonce une « violation flagrante du droit international et de la souveraineté du Mexique », et dit son intention de porter l’affaire devant la Cour internationale de justice.
Dans la foulée, Mexico annonce la rupture des relations diplomatiques avec l’Équateur, suivi samedi par le Nicaragua. Le personnel diplomatique mexicain, dont l’ambassadrice et le chef de la mission diplomatique, a quitté l’Équateur dimanche.
Déjà condamné à six ans de prison en 2017, Jorge Glas a lui été transféré samedi dans une prison de haute sécurité à Guayaquil (sud-ouest de l’Équateur), selon des sources gouvernementales.
Un raid condamné par la communauté internationale
Le raid a été condamné par les gouvernements de gauche d’Amérique latine, du Brésil au Venezuela, en passant par le Chili, et même par l’Argentine du président ultralibéral Javier Milei, ainsi que par l’Organisation des États américains, l’Union européenne et l’Espagne.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « alarmé » par le raid, estimant que toute violation des enceintes diplomatiques « compromet la poursuite de relations internationales normales », selon son porte-parole.
Les États-Unis – qui condamnent « toute violation de la Convention de Vienne » – ont encouragé le Mexique et l’Équateur « à résoudre leurs différends dans le respect des normes internationales ». La convention de Vienne de 1961 prévoit que les ambassades et les consulats « sont inviolables ».
Source – Agences