En pleine pandémie de Covid-19 et à quatre mois de la présidentielle américaine, Donald Trump reçoit mercredi son homologue mexicain Andres Manuel Lopez Obrador.
L’objectif et le calendrier de cette visite – la première à l’étranger d’« AMLO » depuis son arrivée au pouvoir il y a 18 mois – suscitent des interrogations et de vives critiques des deux côtés de la frontière.
Officiellement, le premier tête-à-tête entre les deux hommes vise à célébrer l’entrée en vigueur du nouveau traité de libre-échange nord-américain. Mais preuve de tensions persistantes, le Premier ministre canadien Justin Trudeau, également signataire, manquera à l’appel.
Mardi soir, M. Trump s’est dit ravi de recevoir son homologue mexicain, un « homme bien », un « ami ». « Je ne vais pas faire de la politique partisane, c’est une réunion de travail », a de son côté assuré M. Lopez Obrador.
Mais cette rencontre dans le Bureau ovale ne fait pas l’unanimité, en particulier aux États-Unis où une flambée des cas positifs de Covid-19 dans le Sud et l’Ouest alarme les autorités sanitaires.
Une dizaine d’élus hispaniques du Congrès ont réclamé – en vain – son annulation, jugeant que l’entrée en vigueur du nouveau traité, qui remplace et modernise l’Aléna, entré en vigueur en 1994, n’était qu’un prétexte.
Pour eux, le véritable objectif du président « est de détourner l’attention de la crise du coronavirus » et de dissimuler « son échec à répondre de manière adéquate à la pandémie ».
Nombre de figures de l’opposition mexicaine ont, de leur côté, dénoncé avec force ce déplacement, certains y voyant une forme de capitulation. « C’est une visite inutile, qui comporte de nombreux risques et aucun avantage pour le Mexique », a déclaré l’ancien ministre mexicain des Affaires étrangères Jorge Castañeda.
Le dirigeant mexicain a lui mis en avant ce qu’il estime être un changement de ton du locataire de la Maison Blanche. « Les propos du président Trump concernant le Mexique sont plus respectueux qu’auparavant », a-t-il déclaré, exprimant même sa reconnaissance.
En campagne, en 2018, il avait pourtant promis de tenir tête au milliardaire républicain installé à la Maison Blanche. « Si (Donald Trump) lance un tweet offensif, je me chargerai de lui répondre », avait-il lancé. « Je crois qu’il va comprendre qu’il doit se modérer, qu’il ne doit pas offenser le peuple du Mexique. »
Pour l’historien mexicain Enrique Krauze, la rencontre entre les deux hommes, qui ont en particulier en commun « le mépris de la science » et sont coutumiers des attaques contre la presse, suscitera un ressentiment durable dans les deux pays.
« Nous n’oublierons par la révérence de M. Lopez Obrador face à un homme qui nous a dénigrés », a-t-il écrit dans une tribune publiée dans le New York Times. « Et les démocrates américains n’oublieront pas le service que rend M. Lopez Obrador à un président qui leur a fait tant de mal ».
Soucieux de son image de président peu dépensier, le président mexicain est arrivé mardi soir à Washington par vol commercial. Dirigeant de gauche, il préfère voyager en classe économique, un comportement qui tranche avec son prédécesseur, lui très dépensier.
Si au niveau écologique et financier, le choix de voyager dans des avions commerciaux peut être louable, la question de la sécurité se pose, l’homme étant tout de même à la tête du dixième pays le plus peuplé du monde. D’autant plus qu’à sa prise de pouvoir, ce dernier a décidé de supprimer les gardes armés qui le suivent à tous ses déplacements présidentiels.
Fait notable : il portait un masque à bord de l’avion. Donald Trump n’a, à ce jour, jamais été vu avec un masque en public.
Source – Agences