En 2015, l’avocat était élu aliment le plus populaire sur Pinterest. Partout, on s’est délecté de toutes ses variantes, de l’avocado toast au summer bowl, en passant par l’incontournable guacamole.
Le règne de l’avocat sur nos assiettes est incontestable. C’était sans compter l’escalade des prix du précieux fruit ces derniers mois.
Dans un nombre croissant de bars et restaurants, le guacamole est désormais coupé avec d’autres légumes. Le 24 juillet, le Guardian attestait du scandale pour la ville de Mexico. Une semaine plus tard, Quartz l’étendait aux taquerias de Californie et du Texas.
Ce genre d’arrangement n’a rien de bien neuf dans le milieu de la restauration. On peut couper le vin à l’eau, réutiliser l’huile de cuisson ou substituer le pecorino au parmesan… L’avocat sera remplacé partiellement ou totalement par quelques cucurbitacées plus ou moins de la bonne couleur ou par de la christophine, cette courge verte mexicaine dont le goût ressemblerait à s’y méprendre à celui du guacamole.
Toutefois, si la restauration a toujours rusé de la sorte par soucis d’économie, l’augmentation soudaine des prix de l’avocat pose la question de la viabilité du fruit dans nos pratiques alimentaires.
Un produit de luxe
En 2017, le millionnaire Tim Gurner avait hardiment conseillé aux millennials de ne pas dépenser «40 dollars par jour pour des avocado toast et des cafés» s’ils voulaient un jour s’acheter une maison. Il se pourrait qu’il ait aujourd’hui raison. Selon David Magaña, un analyste de RaboResearch en Californie, les prix sont passés à 84,25 dollars (75 euros) pour une caisse de 10 kilos contre 37 dollars (33 euros) un an auparavant, soit une augmentation de 127%.
De sorte que même certaines grandes chaînes de restauration peinent à se payer ce luxe. Le PDG de la chaîne américaine, Dos Toros, a évoqué un «impact considérable sur l’entreprise» au magazine Insider. Pour d’autres, cela signifie la cessation définitive du business de l’avocat.
À Austin, au Texas, un restaurant qui donnait de l’avocat aussi facilement que du ketchup pour accompagner frites, sandwichs et omelettes a annoncé qu’il n’en servirait plus du tout. Enfin, les plus discrets passent outre la disette et substituent des légumes ou fruits similaires à l’avocat.
Si cette augmentation fulgurante du prix de l’avocat est inquiétante, c’est parce qu’elle est issue d’une hausse de la demande –aux États-Unis on mange quatre fois plus d’avocats qu’en 2000– et d’une pénurie dans la production.
En Californie, la sécheresse a sérieusement entamé la productivité de la récolte. Au Mexique ou au Chili, où le climat est déjà sec, le phénomène météorologique El Niño a renforcé la pression sur les réserves d’eau. Rappelons qu’il faut 1.000 litres d’eau pour deux avocats et demie.
La fin du règne de l’avocat a peut-être sonné.
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