Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche dans les rues de Mexico pour demander la démission du président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador, qui fait face à un mouvement de contestation majeur pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir en décembre dernier.
D’après les chiffres officiels, 6000 personnes ont pris part à la manifestation.
Si l’ancien maire de Mexico disposait d’une cote de popularité d’environ 80% au début de son mandat, plusieurs de ses décisions – comme l’annulation de la construction d’un nouvel aéroport dans la capitale mexicaine – et sa difficulté à stopper les violences liées au narcotrafic dans le pays ont insinué le doute parmi ses partisans et ses détracteurs.
Le président a défendu sa stratégie qui repose sur la création d’une Garde nationale, forte de 80 000 hommes, dirigée par un militaire, et la lutte contre la pauvreté et le chômage des jeunes.
La politologue Soledad Loaeza fait partie des intellectuels mexicains qui étaient d’accord avec le constat d’incompétence des gouvernements précédents (PRI et PAN confondus). Toutefois, les premiers mois de la nouvelle administration lui font craindre le pire. Elle voit les signes d’une présidence qui ne comprend pas le rôle de l’opposition dans une démocratie, d’un homme qui rêve de diriger par référendum et que les questions internationales n’intéressent guère.
Pire encore : Lopez Obrador amorce des rapprochements avec l’Église catholique comme avec l’armée. Mme Loaeza parle d’une situation non seulement inusitée, mais aussi dangereuse. Lire l’article complet ici: https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1162269/mexique-soledad-loaeza-amlo-president
Nouveau record de violences au Mexique
Le Mexique a enregistré au premier trimestre un nouveau record de violences avec 8493 meurtres recensés entre janvier et mars, selon des chiffres officiels.
Selon le ministère à la Sécurité publique, ce chiffre publié en fin de semaine représente une hausse de 9,6 % des homicides par rapport à la même période l’an dernier.
En 2018, un chiffre record de plus de 33 500 meurtres avait été atteint sur l’ensemble de l’année, chiffre le plus élevé depuis la mise en place des statistiques en 1997.
Ce nouveau record enregistré sur le premier trimestre vient contredire les propos du président Andres Manuel Lopez Obrador qui avait affirmé que les homicides n’avaient pas augmenté depuis son arrivée au pouvoir, le 1er décembre dernier.
La publication de ces chiffres intervient après le massacre de 13 personnes, dont un bébé d’un an, lors d’une fête d’anniversaire vendredi dans l’État du Veracruz (est), une tragédie qui a ému les Mexicains en cette période pascale.
« Nous allons renforcer (la sécurité de) l’État de Veracruz avec des effectifs de la marine et de l’armée, et nous allons le faire dans tout le pays », a promis lundi M. Lopez Obrador lors de sa conférence de presse quotidienne.
Le président a défendu sa stratégie qui repose sur la création d’une Garde nationale, forte de 80 000 hommes, dirigée par un militaire, et la lutte contre la pauvreté et le chômage des jeunes.
M. Lopez Obrador, président de gauche « anti-système », s’était engagé durant sa campagne à renvoyer les militaires dans leurs casernes avant de changer radicalement de position une fois élu.
Les militants des droits de l’homme ont critiqué sa décision, rappelant que l’usage de militaires pour des missions originellement dévolues à la police avait fait bondir les cas de violations des droits humains au Mexique.
Depuis 2006, le Mexique a déployé l’armée dans le pays pour affronter la criminalité organisée dans le cadre d’une stratégie voulue par le président Felipe Calderon (2006-2012), prolongée par son successeur Enrique Pena Nieto.
Mais cette « guerre contre la drogue » a aussi déclenché une vague de violence sans précédent dans le pays, avec environ 250 000 homicides depuis cette date.
Les experts estiment que cette stratégie a abouti à fragmenter les cartels en cellules délictueuses plus petites et plus violentes, qui pratiquent également le racket, les enlèvements ou le vol de combustible.
Encore un journaliste assassiné, le quatrième depuis le début de l’année
Un journaliste mexicain, Telesforo Santiago Enriquez, qui animait une émission sur une radio communautaire, a été tué par balle dans la ville de Juchitan (sud), devenant le quatrième reporter assassiné dans ce pays depuis le début de l’année, ont annoncé vendredi les autorités et sa famille. L’homme a été abattu jeudi après-midi lorsqu’il se dirigeait vers la station de radio El Cafetal, qu’il avait fondée.
« Il a été tué par des tirs au niveau de la bouche et du coeur », a déclaré vendredi au micro de Radio Formula sa nièce Aida Valencia, qui estime que le meurtre est lié à la profession de son oncle. « Dans ses émissions radio, Santiago Enriquez faisait part de ses analyses et critiquait le gouvernement, il avait récemment dénoncé publiquement les autorités municipales pour détournement présumé de fonds » publics, indique la commission nationale des droits de l’homme (Ombudsman) dans un communiqué.
L’annonce de ce nouvel homicide de journaliste intervient le jour même de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Telesforo Santiago Enriquez est le quatrième journaliste assassiné au Mexique depuis le début de l’année. Le 16 mars, Santiago Barroso, qui écrivait pour l’hebdomadaire en ligne Contrasena, a été tué par balle à son domicile dans l’Etat de Sonora (nord). Le 9 février, Jesus Ramos Rodriguez, un journaliste de radio, a été tué dans l’Etat de Tabasco (est), et le 21 janvier, le directeur d’une radio communautaire, Rafael Murua, a été assassiné dans l’Etat de Basse-Californie du Sud (nord-ouest) après avoir reçu des menaces.
Très faible liberté de la presse
Le Mexique arrive au 147e rang sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse publié par RSF. Selon l’organisation, il s’agit d’un des pays les plus dangereux du monde pour les journalistes, au même niveau que l’Afghanistan, la Syrie ou le Yémen. En 2018, dix journalistes y ont été assassinés. La majorité de ces assassinats restent impunis.
Sources – Agences