La banale bouteille d’oxygène est devenue objet de tous les espoirs mais aussi de toutes les convoitises au Mexique. Dans la capitale aux 9 millions d’habitants, Mexico, l’attente pour décrocher une bouteille ou remplir la sienne est souvent plus longue que sa durée en oxygène…
Avec plus de 90 % des lits d’hôpitaux occupés, la capitale est asphyxiée par la pandémie de Covid-19. Et la crainte grimpe dans le reste du pays qui vient de franchir le cap des 150 000 morts et enchaîne les records ces derniers jours, avec encore 1 713 décès mardi. La ruée sur l’oxygène a été immédiate avec une hausse de 700 % de la demande par rapport à décembre, selon l’Agence fédérale du consommateur.
« Rendez les bouteilles »
Car face à l’engorgement des hôpitaux, la gouverneure de la capitale, Claudia Sheinbaum, a encouragé un plan permettant à certains patients de passer leurs deux ou trois derniers jours de convalescence chez eux, sous assistance respiratoire. Les autorités ont annoncé l’achat d’oxygène aux États-Unis et assurent qu’il n’y aura pas de pénurie. Le problème, c’est que ce sont les bouteilles qui manquent…
D’après Ricardo Sheffield, à la tête de l’Agence fédérale du consommateur, certains Mexicains ont constitué des stocks à cause de l’incertitude : Beaucoup gardent leurs bouteilles même s’ils n’en ont plus besoin »,
juste au cas où… Ils privent ainsi d’autres patients.
L’urgence est telle que les autorités fédérales, locales et quelques producteurs de bouteilles d’oxygène ont lancé la campagne « Rendez les bouteilles, pour l’amour de la vie », sur les réseaux sociaux.
Marché noir
Le désespoir des familles de malades et la quasi-saturation des hôpitaux représentent aussi un parfait terreau pour le marché noir. Plusieurs vols, parfois à main armée, ont déjà été rapportés dans des hôpitaux publics.
L’ampleur des ventes frauduleuses est prise très au sérieux. Ricardo Sheffield met en garde contre les bouteilles volées « que vous ne recevrez peut-être jamais
et qui sont destinées à un usage industriel
».
Face au risque, la Garde nationale a été appelée en renfort pour surveiller les transports d’oxygène. Car, sans les précieuses bouteilles, la lutte pour désengorger les hôpitaux s’annonce perdue d’avance.
Source – Agences