« Dépasse tes frontières » ou comment accompagner un conjoint pour réussir son expatriation ! Interview !

L’expatriation nous perturbe en tant qu’individu et déménager son couple aussi simplement que l’on fait ses valises n’est pas si facile ! En effet, lorsqu’une expatriation échoue, les raisons découlent souvent des difficultés d’adaptation du conjoint dans ce nouvel environnement. Ophélie Terrien, coach spécialisé, nous explique pourquoi et comment réussir l’intégration du partenaire qui vous accompagne ! Interview…

« Mon but est de ne plus entendre un conjoint expatrié dire qu’il se « met entre parenthèses » le temps de l’expatriation car si l’expatriation génère quelques sacrifices, elle est aussi source d’opportunités et de découvertes » souligne Ophélie en préambule !

Décider de s’expatrier est un choix important qui entraîne une multitude de changements dans la vie d’un individu. Une chose est certaine, l’expatriation est une aventure qui peut être très enrichissante et plaisante si elle est correctement préparée et planifiée.

Mais peu importe son origine, l’expatriation est une décision qui doit être prise en famille. Selon l’étude Foreign Trade Council, 30% des expatriations qui s’arrêtent avant terme sont dues à la famille qui n’arrive pas à s’adapter.

On laisse derrière soi amis, famille, maison, école et autres repères culturels et sociaux. De plus, le conjoint qui suit le salarié doit quitter son emploi sans souvent savoir s’il sera capable de se trouver un nouvel emploi et de continuer sa carrière dans le pays d’accueil.

De façon générale, ce sont souvent les femmes qui suivent leur conjoint mais de nos jours, de plus en plus d’hommes suivent leur compagne lorsque celle-ci se voit offrir une excellente offre de travail.

Il faut mentionner que les conjoints voient souvent l’expatriation comme une opportunité d’apprendre une autre langue, de terminer une thèse ou un projet quelconque ou d’acquérir de l’expérience professionnelle au niveau international.

Mais l’important est que le conjoint anticipe le changement et son adaptation à une nouvelle culture. Lors de l’expatriation, les repères sociaux du conjoint disparaissent surtout si celui-ci ne peut pas travailler dans le pays d’accueil.

L’expatriation nous pousse à trouver un nouvel équilibre individuel. A nous donc de nous adapter à ce nouvel environnement. Forcément, le temps que chacun des membres du couple prenne ses marques, le couple en tant qu’entité marche sur des œufs….!

Et pourquoi ne pas profiter d’un coaching professionnel qui vous aidera dans cette étape essentielle à l’équilibre du couple expatrié ? Ophélie Terrien nous répond !

Le Grand Journal – Bonjour Ophélie, tu t’es installée au Mexique ! Pourquoi et dans quelles conditions ? 

Ophélie Terrien : Je suis venue à Mexico car mon ami a eu une proposition de travail ici. Je suis donc pour la première fois « accompagnatrice ».

C’est différent de partir à deux. On ne vit pas les mêmes choses, ni au même moment, ni aussi longtemps, ni avec la même intensité. Il avait déjà vécu à Londres et à Guanajuato. On avait donc chacun nos références en matière d’expatriation. Mais il faut que chacun retrouve sa place afin que le couple retrouve son équilibre également. Beaucoup de personnes n’y sont pas préparées et se sentent d’autant plus seules de ne pas être sur la même longueur d’ondes.

LGJ: Quel est ton parcours personnel ?

Ophélie Terrien :  Je suis française, originaire d’une petite ville près d’Angers (Montjean Sur Loire). J’ai ensuite fait mon Lycée à Pornic (44) et j’ai fait mes études supérieures entre Nantes et Séville en Espagne. Pendant mes études, je n’ai jamais eu une idée précise de ce que je voulais faire. J’avais des « facilités » donc j’en ai profité et j’ai vogué au fil de l’eau.

J’ai obtenu un Master 2 en logistique internationale et j’ai été cadre dans ce domaine pendant 10 ans en France et à l’étranger. J’ai travaillé 6 mois à Dublin chez Kuehne & Nagel, puis 1 an à Papeete à la Brasserie de Tahiti. Mon premier vrai poste avec les enjeux et challenges de l’approvisionnement en produits périssables d’une entreprise insulaire. J’y ai beaucoup appris, aussi bien professionnellement que culturellement. Et ensuite 2 ans à Kuala Lumpur à l’OMS.  Très joli sur le papier mais ne parlant pas les langues locales, je n’avais pas de possibilités d’évolution et je tournais réellement en rond. Par contre quelle richesse culturelle ! Je suis donc rentrée en France où j’ai ensuite travaillé pendant 5 ans.

En 2016, mon ami a eu l’opportunité de partir à Mexico. On a sauté sur l’occasion. Jusque là j’avais toujours déménagé seule et pour mon propre boulot. C’était un changement de ne pas être à la tête du projet! J’ai profité des premiers mois à Mexico pour me faire coacher. Faire le point sur ma situation professionnelle et voir quelle direction je souhaitais prendre.

LGJ: Cette expérience est à l’origine du projet « Dépasse tes frontières » ?

Ophélie Terrien : Oui ! Ayant souvent déménagé et ayant vécu l’expatriation comme étant celle qui part, mais également celle qui reste, j’avais très envie de m’investir dans ce domaine.

Suite au coaching, je savais que je voulais « apporter » quelque chose aux gens, et j’avais également envie de m’investir auprès de la communauté francophone expatriée. Que ce soit à Tahiti ou en Malaisie, j’avais rencontré des conjoints qui avaient « accompagné » leur mari (désolée pour le cliché mais c’est quand même encore à 92% la femme qui « suit ») en expatriation et qui vivaient mal la situation de la perte d’emploi, de l’éloignement familial et de ce statut « femme de… ».

Plusieurs fois j’entendai dire qu’elles se « mettaient entre parenthèses » pour quelques années. Ca m’a toujours beaucoup peiné d’entendre ça. Moi qui avais tout fait pour partir de mon propre chef, je ne comprenais pas comment on pouvait ne pas profiter de telles opportunités.

J’ai donc décidé de me former en profondeur au coaching (école Coaching de Gestion au Québec qui est reconnue par ICF) afin de mettre à contribution cette science et technique que je venais de découvrir, au profit des conjoints expatriés. Mon but étant de les accompagner dans leur expatriation, depuis l’annonce du départ à celle du retour.

LGJ: Que proposes tu exactement ?

Ophélie Terrien : Je propose un accompagnement 100% sur mesure. Je ne vends pas de programmes tout fait avec solution miracle à la clé.

Mon travail c’est d’accompagner les expatriés (par expatrié j’entends les gens qui ont décidé de vivre hors de France peu importe qu’ils soient en contrat local, contrat expat etc. Je prends le terme comme « hors de la patrie ») –principalement des conjoints- tout au long de leur expatriation. Je les accompagne à retrouver leur place dans ce grand chamboulement.

On travaille sur des problématiques personnelles –dépendance financière, place dans le couple, estime de soi…- et sur des problématiques professionnelles –retrouver une activité salariée ou non pendant l’expatriation, préparer le retour à l’emploi au retour d’expatriation…

Je viens vraiment avec une casquette coach. Je ne suis pas psy ni consultante. Je n’ai pas de solution toute faite. J’utilise des techniques de coaching et de PNL afin que mes clients mettent les choses à plat et voient plus clair. Je les aide à prendre du recul sur certaines situations. Je leur pose les questions qu’ils ne se posent pas car ils savent que ça va les obliger à remettre en question des croyances qu’ils ont héritées de leur enfance, milieu social, environnement.

LGJ:  Quelle est la méthode ? Quelles sont les étapes d’un bon coaching?

Ophélie Terrien : Mon but est de ne plus entendre un conjoint expatrié dire qu’il se « met entre parenthèses » le temps de l’expatriation. Pour moi l’expatriation est un cadeau et j’ai à cœur de faire comprendre pourquoi et d’accompagner les personnes qui ne le voient pas à trouver leurs propres projets pendant cette expatriation.

Qu’ont-elles toujours eu envie de faire, de voir, d’apprendre, de préparer ? On apprend beaucoup sur soi lorsque l’on est loin de ses repères, de son cercle social, de son rythme quotidien. On sort de notre zone de confort et c’est là que, loin des regards habituels on peut se donner l’autorisation d’être nous même.

C’est déstabilisant. Mais c’est également apaisant de se retrouver avec soi même, de se découvrir, de voir quels sont nos réels besoins, nos réelles valeurs. Pas celles dont on a hérité mais celles qui nous portent réellement.

J’accompagne donc mes clients avant leur départ s’ils appréhendent l’expatriation. Je les accompagne également une fois sur place dans leur nouveau pays pour qu’ils retrouvent leur place, mais également au moment du retour qui, contrairement à ce que beaucoup croient, n’est pas la partie la plus facile de l’expatriation. Au contraire !

Lors d’un retour, j’accompagne mes clients à faire le bilan de leur expatriation. A prendre conscience de tout ce qu’ils ont accompli pendant leurs années à l’étranger. Ce qu’ils ont découvert sur eux. Petit à petit ça leur permet de reprendre confiance et de capitaliser sur leurs années d’expatriation au moment de la recherche d’emploi et de la réadaptation en France.

LGJ:  Quel est le bénéfice réel pour celui que tu accompagnes?

Ophélie Terrien : Ça a un côté magique le coaching : quand on est seul on pense avoir tourné la situation dans tous les sens sans avoir trouvé de solutions. Et lorsque l’on se fait coacher on voit des portes que l’on n’avait jamais vues auparavant. On explore, on redéfinit, on se remet en question. On prend du recul et on regarde la situation sous un nouvel angle.

De nos jours il est rare que quelqu’un se dédie à nous pendant 1 heure entière. Une heure à nous écouter, sans jugement, sans conseil, sans « fais-ci fais ça ». A guider nos réflexions, à nous faire un retour sur ce que nous disons afin que ça nous interpelle ou que ça nous conforte dans nos pensées.

Voilà ce que j’offre à mes clients. Au bout de cette heure, ils repartent avec les idées plus claires, des prises de conscience par rapport à une situation qui les perturbait, des réponses à une problématique qu’ils avaient en tête, un plan d’attaque pour telle ou telle situation.

A l’arrivée, la personne qui s’est faite coacher est ravie du chemin parcouru. Elle a des réponses à ses questions, elle a éclairci des zones d’ombres. Elle voit plus clair sur sa situation et se sent plus alignée entre ses désirs et ses actions.

LGJ : A terme quelles sont tes ambitions au Mexique ? 

Ophélie Terrien : L’idée est de me faire connaître de plus en plus auprès des particuliers mais également des entreprises employant des francophones ainsi que des entreprises de « relocation ».

Le but est de mettre en place des partenariats avec ces entités afin qu’elles proposent à leurs collaborateurs qui arrivent où à leurs clients arrivant à Mexico, la possibilité pour le conjoint de se faire coacher et ainsi être accompagné à son arrivée. C’est dommage d’attendre que la personne aille mal pour lui proposer un soutien. D’autant plus que l’on sait que lorsque le « perso » ne va pas, ça impacte « le pro ». C’est d’autant plus vrai en expatriation.

Idem lorsque le retour se profile. Il y a beaucoup de points importants sur lesquels se pencher lors d’un retour d’expatriation. Le retour à l’emploi certes, mais également les valeurs et besoins de chacun qui ont changés, la réadaptation dans son propre pays avec le choc culturel inversé, etc. Le retour est réellement une étape à part entière de l’expatriation. Il faut le savoir !

La rédaction – (www.laprensafrancesa.com.mx)


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