Après avoir cédé temporairement sur le shutdown, Donald Trump doit trouver une solution pour financer son mur à la frontière mexicaine, la mesure phare de son programme. « Pour un président qui ne vit que pour gagner, c’est une défaite cuisante. »
Le chef des correspondants du New York Times à la Maison-Blanche, Peter Baker, sait de quoi il retourne quand il parle de capitulation. Non seulement Donald Trump a été obligé de mettre fin au shutdown du gouvernement, après avoir promis qu’il le prolongerait tant que le budget fédéral ne financerait pas sa promesse de mur à la frontière mexicaine, mais rien ne dit qu’il finisse par l’obtenir dans trois semaines, lorsqu’il faudra voter une nouvelle fois pour adopter la loi de finances.
Il avait parié sur l’indiscipline des élus démocrates au Congrès face à leur patronne, Nancy Pelosi, mais c’est elle, à 78 ans, qui a tenu bon dans ce bras de fer. D’où ce commentaire cinglant de la commentatrice ultranationaliste Ann Coulter : « George Bush père peut être content, il n’est plus la plus grande mauviette que le pays ait eue pour président. » Et maintenant?
La menace de l’état d’urgence
Les trois semaines qui viennent doivent donner lieu à un débat sur le financement de la sécurisation de la frontière sud des Etats-Unis. Donald Trump exige toujours 5,7 milliards de dollars pour commencer les travaux de son mur, mais les démocrates ont d’autres idées. Moins chères et peut-être plus dissuasives : surveillance électronique, réparations poussées sur certaines parties de l’actuelle clôture de sécurité et embauche de davantage de gardes-frontières et de magistrats pour examiner les demandes d’asile des réfugiés.
Vendredi, le président a laissé entendre qu’en cas de nouveau refus démocrate il pourrait puiser cette fois directement dans les fonds du Pentagone en déclarant un état d’urgence. « J’espère que ce ne sera pas nécessaire », a-t-il dit. Outre que cette mesure serait juridiquement contestée devant les tribunaux, elle heurterait de plein fouet la tentative de compromis que les élus démocrates et républicains essayent de trouver.
Autre difficulté pour le président américain, son taux de popularité, qui faiblit au fur et à mesure que les candidats à la primaire démocrate pour la prochaine présidentielle se présentent. S’il se confirme que Bernie Sanders s’apprête à entrer dans la course, alors que des sondages le placent déjà en tête des prétendants, cette nouvelle donne pourrait obliger Donald Trump à cesser de s’entêter pour prendre de la hauteur, pour devenir davantage président, en somme.
Source – www.lejdd.fr