Quelle sera la nouvelle stratégie de lutte contre le trafic de drogue au Mexique ?

L’équipe de transition du président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a dévoilé vendredi un plan de lutte contre la criminalité qui prévoit une paix négociée avec les trafiquants de drogue et une amnistie pour un certain nombre de personnes.

Le nouveau président de gauche, qui prendra ses fonctions le 1er décembre, part du constat que la lutte contre les narco-trafiquants, confiée à l’armée depuis 12 ans, n’a pas réussi à arrêter le trafic ni la violence qui lui est associée, et ne traite pas le problème de la pauvreté qui conduit beaucoup au trafic de drogue.

Andres Manuel Lopez Obrador (Amlo) avait déclaré pendant la campagne électorale qu’une de ses priorités serait de revoir le rôle de l’armée dans la lutte contre le narco-trafic. En dépit de la chute de quelques grands barons, l’armée n’a pas empêché plus de 200.000 homicides depuis l’adoption de la loi validant son intervention en 2006 sous la présidence de Felipe Calderon.

Le but est de « pacifier » le pays, a déclaré la future ministre de l’Intérieur, Olga Sanchez qui souligne que le nouveau gouvernement veut s’attaquer aux « causes de la pauvreté ». « Nous donnerons des bourses aux jeunes et nous travaillerons sur le terrain pour les sortir de la drogue », a-t-elle déclaré.

Le ministre pressenti pour le portefeuille de la Sécurité, Alfonso Durazo, a déclaré que l’administration souhaitait retirer de la rue une partie importante de l’armée d’ici trois ans, et, en parallèle, professionnaliser la police locale.

Il a déclaré que le gouvernement lutterait contre la corruption dans les ports et chercherait à établir des contrôles douaniers plus stricts pour empêcher les armes illégales d’entrer dans le pays.

Un referendum comme sous Lazaro Carlenas !

Pour envisager la possibilité d’une paix négociée, l’équipe d’Olga Sanchez a étudié le processus de paix conclu en Colombie entre le gouvernement et la guérilla marxiste des Farc, qui a permis aux chefs rebelles d’éviter la prison.

L’idée d’amnistie sera soumise à référendum. Si les Mexicains l’approuvent, le gouvernement présentera alors le projet au Congrès, où le Mouvement national de régénération (Morena) du président et ses alliés sont majoritaires dans les deux chambres.

Le concept s’inspire d’une stratégie similaire adoptée en 1940 par le président de l’époque Lazaro Cardenas, a déclaré Olga Sanchez.

Lazaro Cardenas avait pratiqué une politique de répartition des terres, dépénalisé l’usage de la drogue, autorisé les médecins à prescrire des narcotiques pour les toxicomanes et fait ouvrir des cliniques pour eux. Il proposait de les traiter comme des patients plutôt que comme des criminels.

L’achat de petites quantités de marijuana, de cocaïne et d’héroïne avait été légalisé et l’État contrôlait leur vente. Les auteurs d’infractions pénales les moins graves avaient été libéré de prison.

Cependant, ces changements radicaux n’ont duré que six mois, la pénurie de cocaïne et de morphine durant la Seconde Guerre mondiale ayant entraîné l’annulation de la loi.

Son nouveau plan du président Lopez Obrador a été élaboré en consultation avec des groupes de défense des droits de l’homme, les chefs religieux et les Nations unies. Certaines dispositions doivent encore être finalisées.

« C’est un changement total : dans la façon de réprimer, dans la politique sociale, dans la politique de la drogue, dans la politique contre la violence, un changement très important dans notre pays qui commence avec Andres Manuel », a déclaré Olga Sanchez.

Source – Agences et rédaction

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