Les autorités mexicaines ont demandé samedi aux centaines de migrants qui tentent coûte que coûte de franchir la frontière sud du pays pour gagner les États-Unis, à faire preuve d’« ordre et de respect » assurant que des opportunités d’emploi existaient au Mexique ! Mais le Mexique est aussi pointé du doigt par Human Rights Watch…
Plus tôt dans la journée, une caravane d’environ 1500 migrants originaires d’Amérique centrale, notamment du Honduras et du Salvador, a tenté d’entrer illégalement au Mexique, mais en a été empêchée par les forces de la Garde nationale à la frontière avec le Guatemala.
Ces migrants, parmi lesquels se trouvent parfois des enfants, font partie d’une caravane comptant 3543 personnes, partie mardi soir de la ville hondurienne de San Pedro Sula (nord), a indiqué à des journalistes Alejandra Mena, porte-parole de l’Institut guatémaltèque des migrations. Ils avaient franchi la frontière avec le Guatemala mercredi, déterminés à gagner les États-Unis.
Un groupe de migrants s’est brièvement accroché avec les militaires aux abords du pont international Rodolfo Robles, qui relie les deux pays. Un agent de l’Institut national des migrations (INM) leur a alors expliqué qu’ils devaient se conformer aux lois mexicaines pour entrer dans le pays.
Le gouvernement mexicain avait annoncé vendredi le renfort de la sécurité à sa frontière sud en prévision de l’arrivée de cette nouvelle caravane.
« Avec de l’ordre et du respect vous serez tous pris en compte. Il y a des opportunités pour tous », a affirmé le général Vicente Hernandez, coordinateur des opérations de la Garde nationale mexicaine sur la rivière Suchiate, qui sépare le Mexique du Guatemala.
Les migrants ont alors accepté ces conditions posées par les autorités et ont commencé à se présenter devant les autorités de l’immigration mexicaine par groupes de vingt.
« Je demande aux autorités mexicaines qu’elles nous donnent l’opportunité de trouver un bon travail », a déclaré à l’AFP Edith Maya, 40 ans, qui a quitté Puerto Cortés, au nord du Guatemala avec ses enfants de 9 et 13 ans.
L’ambassadeur des États-Unis au Guatemala, Luis Arreaga, a toutefois averti que son pays ne les laisserait en aucun cas passer. « Les migrants qui choisissent de continuer risquent leur vie dans une entreprise vouée à l’échec. On ne leur permettra pas d’entrer ni de s’établir aux États-Unis », a affirmé ce diplomate, cité dans un communiqué de l’ambassade américaine.
Ils effectuent leur périple à pied ou à bord de camions et d’autobus. Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, a offert 4000 emplois à ces migrants. Le passage de migrants ne s’est pas tari en dépit des mesures de sécurité prises par le gouvernement mexicain, conformément à un engagement pris avec l’administration du président américain Donald Trump.
Le Mexique viole les droits des migrants clandestins, selon Human Rights Watch
Le Mexique viole les droits humains des migrants clandestins qui passent sur son territoire pour demander l’asile aux États-Unis, a déclaré l’organisation Human Rights Watch (HRW) dans son rapport annuel.
L’ONG affirme que les violations des droits de l’homme perpétrées par des membres des forces de sécurité mexicaines – y compris des abus contre les migrants – se sont poursuivies sous le gouvernement de gauche du président Andrés Manuel López Obrador, qui a pris ses fonctions en décembre 2018.
Le rapport note qu’en 2019 « la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) a reçu 599 plaintes d’abus contre des migrants, principalement perpétrés par des membres de la police fédérale ».
Human Rights Watch a également signalé des abus dans le cadre de la politique administrative du président américain Donald Trump de renvoyer des demandeurs d’asile centraméricains au Mexique en attendant le règlement de leur dossier en matière d’immigration, dans le cadre d’une initiative appelée « Rester au Mexique », lancée en janvier 2019.
HRW fait valoir que ce programme a entraîné de graves violations des droits de l’homme des requérants, car ils sont contraints de rester dans un pays où leur sécurité est en danger.
Selon HRW, lorsque son rapport était en train d’être préparé, « plus de 40 000 demandeurs d’asile avaient été renvoyés, dont beaucoup dans des conditions dangereuses et avec de maigres possibilités de bénéficier d’une représentation juridique et d’un procès équitable ».
En juin dernier, le président Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane sur les exportations mexicaines si le gouvernement de López Obrador ne réduisait pas le passage des clandestins, notamment Guatémaltèques, Honduriens et Salvadoriens. En réponse, le Mexique a déployé quelque 21 000 soldats à ses frontières pour freiner leur passage.
L’ONG internationale met en garde aussi contre des cas de torture, des disparitions forcées et des attaques contre des journalistes indépendants et des défenseurs des droits de l’homme, dans un pays où « l’impunité reste la norme ».
Sources – Agences