Dossier – Visite du Pape au Mexique ! Des claques mais “con Cariño” !

Le pape François est rentré jeudi 18 février du Mexique. Au cours de ses cinq jours à travers le pays, il a rejoint et responsabilisé les Mexicains dans leurs luttes contre les fléaux de leur pays, tout en soulageant leurs maux par sa « thérapie de la tendresse ».

Une visite du pape dans un pays aussi catholique que le Mexique est un événement national. Avec un pape latino-américain de surcroît. D’une ville à l’autre, Jorge Bergoglio a rempli les stades et gagné les cœurs. « Francisco, hermano?! Tu eres Mexicano?! »(François, frère?! Tu es Mexicain?!), scandaient par milliers les jeunes au stade de Morelia, étape au centre d’un pays qui l’a adopté tout entier, et l’a baptisé, comme dans le Chiapas (sud du pays), le « pape de la lutte ».

Ou plutôt des luttes. En achevant son voyage le 17 février à la frontière américaine, à Ciudad Juárez, le pape François s’est mis en première ligne dans la défense des migrants, devenus un sujet politique brûlant tant en Europe qu’aux États-Unis. Il s’est concentré ici en particulier sur la « migration forcée » par le trafic d’êtres humains. « Des personnes réduites en esclavage, séquestrées, victimes d’extorsion », a-t-il dépeint dans l’homélie d’une messe où la force de ses mots était amplifiée par le choix emblématique du lieu.

Le pape a célébré à seulement 80 mètres des grillages et du Rio Grande séparant Juárez de la ville texane d’El Paso, dont il a salué les fidèles, massés de l’autre bord, après avoir prié en silence pour les migrants morts sur un promontoire planté de croix, qu’il a fleuri. Il a de nouveau salué ces fidèles à la fin de son homélie.

Il a sensibilisé au sort de ceux qui « partent, chassés par la pauvreté et la violence »

Avec des accents rappelant Lampedusa, le tout premier déplacement de son pontificat, il a sensibilisé au sort « des frères et des sœurs qui partent, chassés par la pauvreté et la violence, par le narcotrafic et par le crime organisé »?: « Cette crise qu’on peut mesurer par des chiffres, nous voulons la mesurer par des noms, des histoires, par des familles. »

La lutte contre « un réseau qui attrape et détruit toujours les plus pauvres » n’est pas la seule que le pape a menée au Mexique. À Juárez toujours, il a repris également sa lutte sociale contre « l’exploitation des employés comme s’ils étaient des objets à utiliser et à jeter », lors d’une rencontre avec des entrepreneurs et cadres syndicaux invités à dialoguer.

« Le flux du capital ne peut déterminer le flux et la vie des personnes », a-t-il affirmé dans cette ville décriée pour l’exploitation dans ses usines d’assemblage. « Dieu demandera compte aux ‘‘esclavagistes” d’aujourd’hui », a-t-il averti avec des accents rappelant, cette fois, son discours en Bolivie, en juillet, devant les mouvements populaires

Le respect des communautés indigènes

Autre lutte du pape au Mexique, celle pour le respect des communautés indigènes. Elles furent au centre de son déplacement dans le Chiapas. Mais pas seulement. Chaque arrivée et départ dans une ville ont offert l’occasion, comme en d’autres voyages, de valoriser la diversité culturelle du pays. De rappeler, avec fierté, que le Mexique ne saurait se réduire aux trafics, qui le minent.

En traversant le Mexique du Sud au Nord durant plus de cinq jours – soit autant de temps qu’en Afrique, en novembre –, en lui parlant de sa mémoire, en ravivant son identité spirituelle à travers la Vierge de Guadalupe, il a rejoint l’ensemble du peuple mexicain – qui se déclare « guadalupani », quel que soit son rapport à la foi chrétienne. Sa visite a offert un moment de communion nationale à un pays divisé par ses inégalités et déchiré par le narcotrafic qui a engendré, corruption, violences et cartels au pouvoir parallèle à l’État.

Le pape a cherché à ce que les grands rassemblements entraînés par sa visite redonnent du courage aux Mexicains. « Luttez ici, à l’intérieur, pour inverser les situations qui causent le plus d’exclusion », a-t-il ainsi exhorté les détenus d’une prison auxquels il a rendu visite à Juárez?: « Parlez avec les vôtres, tirez profit de vos expériences, aidez à briser le cercle de la violence et de l’exclusion. »

Donner l’espoir et la force de résoudre les problèmes

Partout, il a responsabilisé son auditoire. « Il faut faire l’effort de commencer par soi-même », a-t-il demandé à la jeunesse mexicaine réunie à Morelia (centre du pays), invitant chacun à retrouver l’estime de soi. Plus tôt, il avait mis en garde prêtres et religieux contre « la tentation de la résignation ». Aux familles, la veille dans le Chiapas, il a préconisé « l’engagement personnel » comme remède à la démotivation qui peut naître de la précarité. Aux évêques à Mexico, il a réservé son plus long et exigeant discours pour qu’ils s’impliquent davantage dans la résolution des problèmes du pays.

« Le pape n’est pas venu résoudre les problèmes mais pour donner, à tous niveaux, l’espoir, la force et la capacité de les résoudre, à partir d’une longue tradition et d’une foi vivante », résume Mgr Christophe Pierre, nonce au Mexique. Tout le voyage du pape aura été un appel continu à ne pas baisser les bras.

Sans jamais refuser, pour autant, de tendre une main réconfortante. À chaque visite à travers le pays, s’est manifesté un besoin d’être soulagé. « Bénédiction?! », réclama la foule dès son arrivée à l’aéroport de Mexico comme ensuite ailleurs. Le pape François s’est présenté comme « missionnaire de la paix », et a été accueilli avec une ferveur toute populaire.

Une « carino-terapia »

Au Chiapas, dans une scène presque d’Évangile, un homme en chaise roulante a été porté au-dessus de la foule jusqu’au pape pour qu’il l’enlace. Avec lui ou, comme le lendemain, à Morelia, avec deux jeunes femmes trisomiques ou encore, à Mexico, dans un hôpital pour enfants, le pape de 79 ans s’est montré généreux en accolades et caresses consolatrices. Une « carino-terapia », thérapie de la tendresse, comme il l’a définie lui-même.

Jorge Bergoglio s’est cependant employé à montrer qu’aucune situation n’était une impasse. Comme en gage d’espérance, son voyage a ainsi valorisé des transformations réussies. « Chacun des témoignages des familles au Chiapas a porté sur leurs efforts pour changer leur sort », a noté le P. Federico Lombardi, porte-parole du Vatican. Cette rencontre aura notamment vu le pape prendre dans ses bras un couple de divorcés remariés actifs dans l’Église.

Son discours à la prison de Juárez a aussi mis en valeur cette promesse pascale d’une transformation. Comme il l’a repris ensuite avant de gagner Rome, « il est temps de réagir et de transformer, de modifier et de changer, de convertir ce qui nous détruit comme peuple, ce qui nous dégrade comme humanité ». Restait aux Mexicains à reprendre la lutte, sans leur « hermano Francisco ».

Sébastien Maillard, à Ciudad Juárez (Mexique) – Journal LaCroix

Article du 17 février 2016 – Ciudad Juarez – Le pape dénonce la «tragédie humaine» des migrations forcées

Des dizaines de milliers de fidèles étaient rassemblés mercredi des deux côtés de la frontière séparant Ciudad Juarez d’El Paso au Texas pour assister à l’ultime messe du pape François où il a plaidé pour la sécurité et l’accueil des immigrés, à l’issue de sa visite au Mexique.

Une immense scène avait été installée près de la clôture qui sépare les deux pays pour cette messe transfrontalière inédite suivie par plus de 200.000 personnes côté mexicain.

Jorge Bergoglio s’est d’abord recueilli symboliquement près d’une grande croix située à l’extrémité d’une rampe surplombant la frontière, décorée de fleurs jaunes, d’où il a adressé sa bénédiction à des fidèles situés de l’autre côté du grillage.

«On ne peut ignorer la crise humanitaire de ces dernières années qu’a provoqué la migration de milliers de personnes, que ce soit par train, par route ou même à pied, traversant des centaines de kilomètres à travers les montagnes, les déserts, les chemins inhospitaliers. Cette tragédie humaine que représente la migration forcée est aujourd’hui un phénomène global», a déclaré le pape François dans son homélie.

S’exprimant devant plusieurs dizaines de milliers de fidèles enthousiastes, dont quelques centaines se tenaient collés au grillage côté américain, le pape a exhorté : «Ce sont des frères et sœurs qui jetés par la pauvreté et la violence, par le narcotrafic et le crime organisé».

«Face à tant de vides légaux, se tient un réseau qui attrape et détruit les plus pauvres. Non seulement ils souffrent de la pauvreté mais en plus de ces formes de violences. Injustice qui se radicalise chez les jeunes, eux, la +chair à canon+, sont poursuivis et menacés quand ils tentent de sortir de la spirale de la violence et de l’enfer des drogues. Et que dire de toutes ces femmes à qui on a retiré injustement la vie !», a ajouté le pape.

«Plus de mort, ni d’exploitation ! Il est encore possible de changer», a-t-il enfin lancé à la foule.

De nombreux fidèles sont arrivés très tôt le matin, arborant des tee-shirts «J’aime le pape». Certains «latinos» sont venus des États-Unis pour assister à la messe.

«J’ai vécu des années dans la peur de me faire attraper mais j’ai finalement accompli mon rêve», expliquait Conchita Somosa, une Mexicaine de 60 ans venu de Nogales en Arizona (sud des Etats-Unis), qui avait franchi clandestinement cette frontière vingt ans plus tôt, avant finalement d’obtenir la nationalité américaine.

Les parents des 43 étudiants disparus ont fait savoir qu’ils n’assisteraient pas la messe, faute de moyens.

– Pape «très politique» selon Trump –

François a plaidé sans cesse depuis le début de son pontificat pour que les immigrants qui fuient leurs pays en raison de la misère, de la guerre, des persécutions religieuses ou politiques reçoivent une seconde chance dans les pays d’accueil.

Sa visite à Ciudad Juarez est observée attentivement depuis les Etats-Unis, l’immigration étant un des thèmes clivant de la bataille pour la Maison Blanche.

 

«Je pense que le pape est quelqu’un de très politique» a déclaré la semaine dernière Donald Trump, le promoteur immobilier candidat à l’investiture républicaine. «Je ne suis pas sûr qu’il mesure le danger que représente (pour nous) cette frontière ouverte avec le Mexique», a ajouté le milliardaire, qui a promis que s’il était élu il ferait construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique.

«C’est un homme de foi il ne faut pas s’étonner que son message pastoral et spirituel ait des répercussions politiques», a commenté le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.

Plus tôt dans la journée, le pape a visité un centre pénitentiaire accueillant 3.000 détenus, qui fut jadis l’un des plus dangereux d’Amérique latine, où il a déclaré que la prison n’était pas la seule solution à «l’insécurité» et invité les détenus à se faire «prophètes» de la paix dans la société.

Cette visite de François dans un établissement carcéral mexicain est survenue quelques jours après la tuerie (49 morts) entre détenus de bandes rivales dans une prison à Monterrey, au nord-est du pays.

Article du 16 février 2016 – Le pape demande aux prêtres de ne pas se “résigner” face à la violence !

Le pape François a appelé mardi le puissant clergé mexicain à ne pas céder à la “résignation”face à la violence et la corruption, qui semblent “être devenus un système inamovible”, lors d’une rencontre avec des religieux dans l’Etat du Michoacan, un des bastions du narcotrafic au Mexique.

A Morelia, capitale de l’Etat, environ 300.000 fidèles ont attendu et acclamé le pape le long des avenues. Au stade de la ville, plus de 20.000 prêtres, séminaristes et religieuses l’attendaient aussi, chantant et dansant en cadence. Même les évêques sur le podium ont esquissé quelques mouvements.

L’immense enceinte ovale était dominée par le blanc des chasubles. “Pape François, tu es un pèlerin ! Pape François, pape missionnaire”, scandaient les religieux, avec enthousiasme et émotion.

Dans une homélie au ton très personnel, le pape argentin a concentré son propos sur “la résignation” qui frappe souvent le clergé, face à l’impunité et l’étendue des crimes.

“C’est une des armes préférées du diable que la résignation ! Une résignation qui nous paralyse et qui non seulement nous épouvante mais qui nous fait nous replier sur nos sacristies et nos apparentes sécurités. Une résignation qui non seulement nous empêche de prévoir des projets mais qui nous empêche de prendre des risques et de transformer les choses”, a-t-il lancé.

“Quelle tentation peut venir de milieux dominés par la violence, la corruption, le trafic de drogue, le mépris pour la dignité de la personne, l’indifférence face à la souffrance et à la précarité ? Quelle tentation pouvons-nous avoir face à cette réalité qui semble être devenue un système inamovible ? Je crois que nous pouvons la définir comme de la résignation”, a encore averti Jorge Bergoglio.

-‘Réalité paralysante et injuste’-

Dans cette région qui a subi l’emprise de puissants cartels de la drogue, le pape a donné l’exemple d’une figure catholique, “Tata Vasco” (“papa Vasco”), Mgr Vasco Vasquez de Quiroga, premier évêque du Michoacan au XVIe siècle qui ne s’était pas résigné face aux injustices infligées aux peuples indigènes.

Cet évêque avait combattu la réalité terrible vécue alors par les indiens Purepechas, qu’il avait décrits comme “vendus, humiliés, obligés de vagabonder dans les marchés pour recueillir les déchets jetés à terre”. “Loin de la résignation, il a mis en mouvement sa foi, sa vie, sa compassion” pour “réaliser des initiatives d’ampleur face à une réalité aussi paralysante et injuste”, a dit le pape, très applaudi.

François avait déjà demandé samedi aux évêques du pays de ne pas se comporter comme des “princes” éloignés des souffrances et des injustices, tout en pressant les responsables politiques d’apporter une “sécurité effective”.

Le Mexique, avec en tête les Etats de Michoacan et de Guerrero, est l’un des pays les plus dangereux au monde avec 40 prêtres ou séminaristes assassinés depuis 2006.

L’Eglise catholique mexicaine, la deuxième la plus importante au monde, compte près de 100 millions de fidèles, mais sa hiérarchie puissante se montre en partie divisée et élitiste, même si une grande partie est engagée en faveur des pauvres.

De leur côté, les cartels de la drogue se présentent comme de fervents catholiques. Aussi, le fondateur du cartel de La Familia Michoacana, le mystique Nazario Moreno Gonzalez, alias “El Chayo”, avait rédigé sa propre bible, mélange de critique sociale et de prétendues leçons de sagesse, employant une rhétorique inspirée du christianisme.

En 2006, ce cartel avait acquis une sinistre notoriété en faisant rouler cinq têtes décapitées sur une piste de danse. “San Nazario”, représenté en chevalier à la tunique blanche, a fini par être abattu en 2014 par les autorités. D’autres cartels pseudo-religieux sont apparus dans son sillage dont les redoutables “Chevaliers du Temple”. Exaspérés par l’impunité de ces bandes criminelles, des paysans ont formé des groupes d’autodéfense.

Lundi 15 février – Au Chiapas, le pape François plaide la cause des indigènes !

Le pape François a demandé lundi un “examen de conscience” sur le sort réservé aux peuples indigènes du Chiapas, dans le sud du Mexique, lançant aussi un cri d’alarme sur les menaces pour l’environnement que provoque l’exploitation de leurs ressources naturelles.

Lors d’une messe devant une foule très recueillie de dizaines de milliers de personnes sur un stade de San Cristobal de Las Casas, le pape argentin a appelé à demander “pardon” pour l’exclusion dont ont été victimes les peuples indigènes dans l’Histoire.

Reprenant des accents sociaux qu’il avait eus lors de son voyage en Equateur, Bolivie et Paraguay, en juin, le pape a martelé: “Souvent, de manière systématique et structurelle, vos peuples (indigènes) ont été incompris et exclus de la société. Certains ont jugé inférieures vos valeurs, votre culture et vos traditions”.

“D’autres, étourdis par le pouvoir, l’argent et les lois du marché, vous ont dépossédés de vos terres ou les ont polluées”, a accusé le pape dans une critique acerbe des grandes sociétés multinationales qui exploitent les ressources de la région.

“C’est si triste ! Que cela nous ferait du bien, à tous, de faire un examen de conscience et d’apprendre à dire pardon”, a déclaré le souverain pontife lors de cette messe en plein air, devant de nombreuses personnes venues en tenues traditionnelles, des bébés dans les bras.

Jorge Bergoglio a en profité pour lancer un nouvel appel pour la protection de la nature: “Le défi environnemental que nous vivons et ses racines humaines nous touchent tous et nous interpellent. Nous ne pouvons plus faire la sourde oreille face à l’une des plus grandes crises environnementales de l’Histoire”, a souligné le pape, parlant dans un décor de collines sauvages.

– ‘Bienvenue au pape de la lutte’ –

L’ambiance était surchauffée à l’arrivée du pape en hélicoptère. Un prêtre, au micro, faisait répéter à la foule : “Bienvenue au pape de la paix, de la miséricorde, de la lutte ! Vive le pape de l’Eglise des pauvres, de l’Eglise qui naît du peuple, de l’Eglise qui veut des évêques et des prêtres proches du peuple !”.

Dans cette région du Chiapas, l’un des creusets de la théologie de la libération au Mexique, le nom de Samuel Ruiz, l’ancien évêque progressiste de San Cristobal, mort il y a cinq ans, a été évoqué devant le pape. Le souverain pontife devait d’ailleurs s’arrêter devant la tombe de celui que les indigènes surnomme affectueusement “Tatic”, le “père de tous” en langue tzotzil, qui a développé dans son diocèse le rôle des diacres et qui fut un temps perçu avec méfiance par le Vatican.

Pour la première fois, des textes liturgiques ont été prononcés dans les principales langues indigènes, une volonté expresse du pape François qui a remis le premier décret du Vatican, autorisant la liturgie en langue tzeltal, à un groupe d’indigènes à la fin de la messe.

Des Bibles traduites dans ces langues, fruits d’années de travail, ont été remises au pape. Puis celui-ci a déjeuné à l’évêché avec des représentants de familles indigènes.

“Seul Dieu sait si les problèmes qu’a notre peuple pourront trouver des solutions”, affirmait Maria, une vieille femme d’origine tzeltal, soulignant que “l’eau, l’électricité, l’hôpital, et parfois même la nourriture” manquent.

San Cristobal de Las Casas, à 2.200 mètres d’altitude, porte le nom de “Las Casas”, en souvenir de l’évêque dominicain Bartolomé de Las Casas, l’un des premiers défenseurs espagnols des droits des Indiens au XVème/XVIème siècles, en pleine répression des peuples autochtones par les Conquistadores.

Le Chiapas (4,7 millions d’habitants) est l’un des plus pauvres des États de la Fédération mexicaine. 30% de la population ne parle pas espagnol et seulement 58% de ses habitants se déclarent catholiques.

Le respect des droits indigènes et le contrôle des ressources naturelles de la région ont été au coeur de la rébellion du mouvement zapatiste (EZLN, Armée zapatiste de libération nationale) qui a beaucoup fait parler de lui dans les années 90.

Article du 14 février 2016 – Dans une ville pauvre du Mexique, le pape pourfend l’élite corrompue

Le pape François a célébré dimanche une messe devant des centaines de milliers de fidèles, dans l’une des villes les plus pauvres et les plus dangereuses du Mexique, où il a pourfendu à cette occasion les riches et l’élite corrompue du pays.

Vilipendant « une société de rares privilégiés, pour quelques-uns », le souverain pontife a dénoncé à Ecatepec les profondes inégalités de même que l’orgueil de ceux qui se considèrent au-dessus des autres.

« Une richesse qui a le goût de la douleur, de l’amertume et des souffrances : tel est le pain qu’une famille ou une société corrompue offre à ses propres enfants », a-t-il dit à la foule.

Le Mexique compte l’un des hommes les plus riches du monde, le milliardaire Carlos Slim, et une classe politique riche entachée par la corruption, alors même que le pays est aux prises avec la pauvreté et la violence.

Municipalité au développement anarchique, Ecatepec, au nord de la capitale, a été le théâtre d’une explosion de la criminalité ces dernières années à mesure que s’implantaient les gangs de narcotrafiquants.

Le taux d’homicides y est parmi les plus élevés du Mexique. De nombreux assassinats de femmes, dont les cadavres ont été retrouvés abandonnés dans des décharges publiques ou dans un canal, n’y ont jamais été élucidés. Ecatepec compte une statue géante de « Santa Muerte », la « sainte Mort », figure de culte d’un mouvement religieux mexicain, suivi par des millions de personnes sur le continent américain.

Une mer de fidèles catholiques a accueilli le pape lors de son arrivée à Ecatepec à bord d’un hélicoptère blanc.

« Nous traversons une période de grande violence […] Puisse le pape nous donner la force de continuer à supporter ça, de continuer à lutter contre ça », déclarait dimanche une jeune femme de 26 ans, Maria Dolores Angeles Martinez.

Plus de 100 000 personnes ont péri dans les violences liées au trafic de drogue au cours des 10 dernières années, et on compte pas moins de 26 000 disparus durant la même période. Le président Enrique Pena Nieto n’est pas parvenu à contenir ce bain de sang, la criminalité ayant augmenté l’an dernier après avoir reculé au début de son mandat.

Avant d’accéder à la présidence, Pena Nieto était gouverneur de l’État de Mexico, qui comprend Ecatepec. Durant la seconde moitié de son mandat de gouverneur (de 2005 à 2011), le nombre de femmes assassinées a doublé.

Pour son premier voyage pastoral au Mexique, le pape argentin a tenu à se rendre dans des zones qui illustrent particulièrement les défis et les dangers de la nation mexicaine.

Article du 13 février 2016 – Mexico – Le pape sermonne le gouvernement et les évêques !

Le pape François a exhorté samedi les dirigeants mexicains à assurer “justice réelle et sécurité effective” et les évêques à lutter contre les “métastases” du trafic de drogues, au début d’une visite dans le deuxième pays le plus catholique au monde.

François, 79 ans, qui semblait en bonne forme, a été accueilli triomphalement samedi le long des avenues de Mexico, sur des kilomètres, par une foule joyeuse de centaines de milliers de Mexicains.

Dans la matinée, le pape a été reçu au Palais national par le président Enrique Pena Nieto, une première symbolique dans un pays fervent qui n’a cependant rétabli des relations diplomatiques avec le Vatican qu’en 1992 et possède une longue tradition laïque. M. Pena Nieto est du Parti révolutionnaire institutionnel, formation qui dans le passé a été à l’origine de politiques très anticléricales.

“Votre visite transcende la rencontre entre deux Etats. C’est une rencontre entre une nation et sa foi. Votre Sainteté, le Mexique aime le pape François pour sa modestie, sa gentillesse et sa chaleur”, a déclaré, très laudateur, le président.

Le pape a appelé la classe politique rassemblée dans la cour intérieure du Palais présidentiel à apporter une “justice réelle” et une “sécurité effective” à la population, alors que le pays, en proie à une violence endémique, est endeuillé par une bataille entre deux clans rivaux qui a fait 49 morts dans la prison de Monterrey (nord-est).

Il l’a aussi poussée à abandonner ses privilèges. “Chaque fois que nous cherchons la voie des privilèges et des bénéfices pour quelques-uns, tôt ou tard, la vie de la société devient un terrain fertile pour la corruption, le trafic de drogue, l’exclusion des différentes cultures, la violence, le trafic d’êtres humains, les enlèvements et la mort”.

Jorge Bergoglio a aussi exalté “la culture métisse”, “la biodiversité” et “la multiculturalité” du Mexique, des thèmes qui tiennent au coeur de ce pape défenseur de l’environnement et de la richesse des cultures indigènes.

– ‘Abus de pouvoirs’ –

Il a invité les évêques à ne pas se comporter en “princes” et à montrer un “courage prophétique” contre les “métastases” du trafic de drogues, au lieu de se contenter de “simples dénonciations”.

Dans ce discours visiblement écrit de sa main, il leur a demandé de défendre les cultures indigènes menacées par l’oubli et d’assister les millions d’immigrés qui passent par le Mexique depuis le sud du continent pour rejoindre l’Eldorado américain.

Le pape s’est ensuite rendu dans l’après-midi en papamobile à la basilique de Notre-Dame de Guadalupe où l’attendait une foule nombreuse et enthousiaste.

“C’est une énorme honneur qu’il viennent voir notre Mère de Guadalupe, qui est la mère des Mexicains”, commentait Socorro Valdes, une femme de 66 ans, en attendant l’arrivée du souverain pontife. “Qu’il prie pour nous, notre situation est inquiétante”.

Le Mexique condense actuellement des problématiques qui préoccupent le souverain pontife: une société inégale où la moitié de la population est pauvre, un pays livré à la violence du trafic de drogues et dans lequel des milliers de migrants vivent un calvaire en tentant de rejoindre les Etats-Unis.

Dimanche, le souverain argentin visitera Ecatepec, une ville surpeuplée à la périphérie de la capitale où les violences ont augmenté dramatiquement, notamment contre les femmes.

Puis le pape François se rendra ensuite au Chiapas (sud), l’Etat le plus pauvre du Mexique.

Le pape a réservé la dernière étape de son voyage à la ville frontalière de Ciudad Juarez. Il terminera ses cinq jours de visite par une très symbolique messe face à la ville frontière américaine d’El Paso.

Article du 13 février 2016 – Arrivée du Pape François au Mexique ! “A Notre Mère je confie mon voyage”

Arrivée de star pour le Pape sur le tarmac de l’aéroport international Benito Juarez de Mexico ce vendredi 12 février 2016 à 19h25 heure locale (2h25 heure de Rome). Son avion, un Airbus A330, est arrivé en provenance de la Havane.

Le Pape s’est arrêté pendant trois heures et demi pour rencontrer pour la première fois le patriarche orthodoxe russe Cyrille.

Dans un tweet, le Pape rappelle le but premier de sa venue : « Au Mexique je vais regarder Marie dans les yeux, la supplier de toujours nous regarder avec miséricorde. A Notre Mère je confie mon voyage. »

Le tarmac a été transformé en véritable scène de spectacle. Des tribunes ont été montées permettant à des milliers de Mexicains d’accueillir le Pape, au son des mariachis et des chansons populaires mexicaines. Agitant des foulards blancs et jaunes aux couleurs du Vatican, ils ont acclamé le Pape à sa sortie de la carlingue. Des danseuses en costumes traditionnels ont dansé sur la musique des mariachis. Derrière l’avion, le long d’un hangar, un mur de toile avait été dressé et supportait des photos du Mexique.

A son arrivée à Mexico, le Pape François a été accueilli par le nonce apostolique, Mgr Christophe Pierre qui est monté à bord de l’appareil pour le saluer. Après avoir descendu la passerelle, il a ensuite été  reçu par le président de la République Enrique Peña Nieto qui l’attendait en compagnie de son épouse. Quatre enfants ont alors offert un bouquet de fleurs à François qui les a bénis. Sur une petite scène, un groupe tout de blanc vêtu a alors entonné une chanson, le public allumant les briquets.

Les mariachis ont pris le relais avec les danseurs. Puis, avant de quitter le tarmac, pressé par la foule pendant de nombreuses minutes, le Pape François a donné sa bénédiction à tous. Deux enfants lui ont été présentés pour recevoir une bénédiction. François a ensuite été coiffé d’un sombrero par le chef du groupe de mariachis.

Le Pape a ensuite salué les autorités présentes ainsi que le conseil permanent des évêques mexicains. Aucun discours n’était prévu lors de cet accueil officiel mais non formel. Le Pape et le président mexicain se sont toutefois entretenus pendant quelques minutes dans la salle présidentielle de l’aéroport. Le Pape passe la nuit à la nonciature apostolique, où il dîne en privé.

Autorités, évêques et Guadalupe

Le début effectif de son voyage au Mexique commence ce samedi 13 février par une visite au Palais national, situé au cœur de la capitale fédérale. Après un entretien en privé avec le chef de l’État, l’échange de cadeaux, le Pape rencontrera les autorités politiques, des représentants de la société civile et le corps diplomatique à qui il adressera un discours.

Le Pape se rendra ensuite en fin de matinée à la cathédrale, de l’autre côté de la place centrale de Mexico, où il rencontrera les évêques. En fin d’après-midi, François visitera le sanctuaire de Guadalupe, priera devant l’image de la Vierge et célébrera la messe.

Source – Agences

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