Des dizaines de journalistes mexicains étaient à l’aéroport pour accueillir la délégation canadienne. L’approche mixte de diplomatie à la fois formelle et publique du gouvernement libéral était pleinement déployée, jeudi, pour la première visite officielle du premier ministre Justin Trudeau au Mexique.
Le protocole mis en place pour l’accueil en grande pompe du couple Justin Trudeau et Sophie Grégoire à l’aéroport de Mexico a été suivi par une cérémonie commémorative visant à souligner les efforts du Mexique pour repousser une invasion américaine dans les années 1850 — une image frappante alors que le Canada et le Mexique se demandent comment résister aux demandes musclées des États-Unis dans la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
Des dizaines de journalistes mexicains étaient à l’aéroport pour accueillir la délégation canadienne. Le président Enrique Peña Nieto était présent en compagnie de hauts responsables politiques, dont le ministre des Affaires étrangères, Luis Videgaray, et le sous-ministre pour l’Amérique du Nord, Carlos Sada.
Si l’ALENA demeure au coeur de la rencontre bilatérale de jeudi avec le président mexicain, Enrique Peña Nieto, le gouvernement du Canada joue aussi sur un tableau à plus long terme.
Le mandat présidentiel de M. Peña Nieto pourrait tirer à sa fin, des élections étant prévues en 2018. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui poussent les négociateurs à tenter d’obtenir un nouvel accord de libre-échange avant la fin de l’année.
L’un des objectifs du voyage de Justin Trudeau est justement de préparer le terrain afin de maintenir une bonne relation avec la personne qui succédera à M. Peña Nieto.
Justin Trudeau doit prendre la parole devant le Sénat mexicain vendredi pour réaffirmer que le Canada considère le Mexique comme un partenaire majeur et qu’il souhaite maintenir une bonne collaboration.
Jeudi, le premier ministre et sa femme se sont rendus dans des lieux endommagés par les deux séismes du mois dernier. Des dizaines de milliers de résidences et d’appartements ont été détruits lors des deux tremblements de terre de septembre. Au moins 369 personnes ont perdu la vie lors de la deuxième secousse.
M. Trudeau et Mme Grégoire ont visité un centre de distribution de produits essentiels de la Croix-Rouge, où ils ont donné des produits pour bébé, de la nourriture et des produits ménagers.
-Pessimisme-
Les dirigeants du Canada, des États-Unis et du Mexique semblent de moins en moins optimistes quant à la survie de l’ALENA. Avant sa rencontre avec M. Trudeau, mercredi, le président américain, Donald Trump, a déclaré qu’il serait tout à fait acceptable que l’accord commercial soit purement et simplement annulé.
M. Trump a aussi dit être prêt à conclure un accord bilatéral de libre-échange avec le Canada si les négociations entourant l’ALENA, qui impliquent aussi le Mexique, échouaient — une éventualité à laquelle M. Trudeau ne ferme pas la porte.
Lors de sa visite à Washington mercredi, Justin Trudeau a reconnu pour la première fois la possibilité que l’Amérique du Nord se retrouve sans ALENA.
Plus tôt cette semaine, le ministre mexicain des Affaires étrangères a dit que ce ne serait pas la fin du monde si son pays décidait de renoncer tout simplement à l’accord. Il a aussi prévenu que le Mexique n’accepterait pas d’entente « limitée » ni de « commerce dirigé ».
Le président du Mexique, Enrique Peña Nieto, a promis de continuer à défendre l’accord, mais certains de ses collaborateurs ont commencé à préparer le terrain en vue d’un éventuel échec.
Pour sa part, l’ancien ambassadeur du Mexique aux États-Unis Arturo Sarukhan a reproché à « nos amis canadiens d’être passés bien près, à plusieurs reprises, de nous abandonner ». Il s’est ensuite demandé ce que le Mexique devrait faire pour s’assurer que le Canada demeure engagé envers la conclusion d’une entente tripartite.
Questionné au sujet d’une éventuelle entente bilatérale avec le Mexique, M. Trudeau a dit savoir que d’autres voies pourraient être explorées, et qu’elles le seraient au besoin.
« Je continue de croire en l’ALENA ; je continue de croire que travailler ensemble en complémentarité, à travers le continent, demeure ce qu’il y a de mieux à faire pour nos citoyens et la croissance économique. Ça nous permet d’être plus solides pour faire concurrence au reste de l’économie mondiale », a déclaré le premier ministre Trudeau.
Source – Agences et La Presse canadienne