Rebondissements spectaculaires dans l’affaire Lormand / Orozco. Un premier suspect fut arreté lundi, alors que s’engageait sur Polanco une marche blanche et de protestations en hommage aux victimes, puis trois autres complices présumés furent appréhendés tôt ce matin mardi 1er décembre. Les autorités semblent s’orienter exclusivement sur le crime crapuleux. Voici ce qu’il faut savoir à 3 jours des faits…
Une marche blanche en hommage aux victimes
Autour de 500 personnes se sont rassemblées lundi à Polanco dans le centre de Mexico pour protester contre l’assassinat du restaurateur et entrepreneur franco-mexicain Baptist Lormand et de son associé mexicain Luis Orozco. Cette marche blanche, organisée principalement par des femmes: Lourdes Pozo, Gabriela Castillo, Véronique Dechelette, Rosalba Espejel, Carol Godard, Regina Arguimbau et Olivier Carbonell a longé l’avenue Mazaryk jusqu’au restaurant « La Surtidora Don Batiz » propriété des deux compères à Polanquito.
Amis, proches ou simples voisins des victimes ont pu ainsi exprimer leur indignation et leur tristesse, déposer des bouquets de fleurs blanches sur un petit autel érigé à leur mémoire. Les organisatrices ont d’ailleurs lancé une pétition en ligne « Todos somos BAPTISTE Todos somos LUIS » sur Change.org. et qui a rassemblé près de 6000 signatures à l’heure ou nous publions cet article.
La marche blanche s’est ensuite dirigée vers l’ambassade de France où des fleurs ont également été déposées. L’ambassadeur de France au Mexique, Mr Jean-Pierre Asvazadourian a d’ailleurs tenu à rejoindre la famille et la communauté et s’est donc retrouvé face aux journalistes à qui il a assuré suivre cette affaire de très près, en relation constante avec les autorités mexicaines qui se se sont engagées à tout mettre en oeuvre pour que justice soit faite.
Sur son compte twitter on peut d’ailleurs retrouver le communiqué suivant « Comme toute notre communauté, je suis très ému par le meurtre de notre compatriote. Je suis de tout cœur avec sa famille et ses amis. L’ambassade est en contact étroit avec les autorités mexicaines sur la progression de l’enquête« .
Ce sont les seules interventions officielles françaises pour le moment.
Voir le diaporama de la Marche Blanche (Crédit Lourdes Christelib)
Une première arrestation lundi 30 novembre
Lundi, les autorités de la capitale ont annoncé l’arrestation d’un premier suspect, un certain Miguel Ángel N, 30 ans, leader d’une bande de trafiquants. « Les forces de sécurité ont arrêté un individu qui pourrait être lié à la mort du ressortissant franco-mexicain », a écrit Omar García Harfuch, le secrétaire à la sécurité de la capitale, sur Twitter. Il a ensuite indiqué que l’assassinat de Lormand et de son partenaire n’avait pas été causé par « l’enlèvement et l’extorsion », mais par le vol de marchandises, soit cinq bouteilles d’une valeur de 1 million de pesos.
Dans une interview accordée à Radio Fórmula, il a également déclaré plus tard « Il y a des éléments pour confirmer qu’il s’agissait d’un vol de marchandises, d’un vol par tromperie », a-t-il déclaré. Ils transportaient des bouteilles à des prix très élevés», a-t-il expliqué avant de déclarer que le détenu avait parlé d’une facture de 1 million de pesos.
Une enquête « scientifique » menée au pas de charge et une vidéo de télésurveillance
Le parquet mexicain a ensuite rapporté que trois autres personnes, dont une femme, avaient été arrêtées tôt mardi matin pour leur lien présumé avec le meurtre de l’homme d’affaires français Baptiste Jacques Daniel Lormand et de son partenaire Luis Orozco à Tlalpan.
Cette perquisition s’est faite dans des locaux appartenant au premier suspect et rien n’indique pour le moment qu’ils aient participé aux meutres comme l’indique les autorités et qu’il pourrait s’agir de simples familiaux résidants sur place.
Lors de leur arrestation les policiers ont cependant trouvé des armes à feu, deux grenades, de la drogue et des liqueurs haut de gamme pouvant correspondre au vol présumé.
Lors de la conférence de presse à mi-journée et en présence de la fiscale générale de justice de la ville de Mexico, Ernestina Godoy et le secrétaire à la sécurité de la capitale, Omar García Harfuch fut également dévoilé un vidéo de télésurveillance dans lequel on remarque la présence des véhicules des deux victimes vers 19h40 sur l’autoroute de Mexico- Cuernavaca à hauteur du Km22 et au niveau du village de San Andrés Totolpec.
Ils auraient stationné plus de 20 minutes avant d’être rejoints par deux autres véhicules non identifiés pour enfin reprendre la route vers Cuernavaca.
Les autorités sont actuellement en train d’enquêter sur les appels téléphoniques qu’aurait effectué le suspect principal et sont en train d’éplucher les vidéos de télésurveillance publiques et privées dans le secteur de Tlalpan mais des indices sérieux indiquent qu’il était bien sur les lieux aux horaires indiqués.
Par ailleurs des amis proches de Baptiste ont indiqué au journal el Paìs qu’il venait de vendre un lot de plus de 500 000 mxn de vins et alcools d’un restaurant qui venait de fermer. Une information capitale qui peut donc valider la thèse officielle d’un vol crapuleux mais de nombreux entrepreneurs et restaurateurs de Polanco insistent sur le fait que le racket est une réalité et qu’il est nécessaire de poursuivre l’enquête dans ce sens.
Entre janvier et octobre 2020, la ville de Mexico a enregistré 1478 homicides, 57 sequestres et 296 plaintes pour extorsion selon les chiffres officiels.
Article du 30 novembre 2020 – Assassinat de Baptiste Lormand : ce que l’on sait à 48 heures des faits !
Baptiste Lormand a été vu pour la dernière fois à Polanco, dans l’ouest résidentiel de Mexico. Son corps sans vie a été retrouvé dans la nuit de samedi à dimanche dans un autre arrondissement plus au sud de la capitale, à Tlalpan. L’affaire fait grand bruit dans la communauté Française de Mexico et une marche blanche sera organisée demain lundi 30 novembre à 15 heures par ses amis français et mexicains.
Baptiste Jacques Daniel Lormand, âgé de 45 ans, possédait la double nationalité franco-mexicaine et résidait depuis une vingtaine d’années à Mexico. Sa disparition a été signalée jeudi soir et son corps a été retrouvé à deux heures du matin samedi, dans une démarcation semi-rurale du grand sud de la capitale. Une enquêté a été ouverte pour homicide par le ministère public local, la Fiscalia general de justicia (FGJ), compétent en matière de crimes et délits commis sur le territoire de la capitale.
La disparition de M. Lormand a été rendue publique jeudi 26 novembre, avant que le corps ne soit retrouvé, lorsque la FGJ a émis l’avis de recherche AYO/3924/2020 afin de localiser l’homme d’affaires tandis que celui-ci était encore porté disparu. Sa mort, manifestement, s’est produite dans les mêmes circonstances que celle d’une autre personne de nationalité mexicaine, dont le corps a été trouvé au même moment et au même endroit, dans le village de Magdalena Petlacalco, dans les confins méridionaux de Mexico, non loin de l’Etat de Morelos au sud de la capitale. Les autorités ont préféré ne pas divulguer le nom de la personne de nationalité mexicaine tout en faisant savoir que celle-ci était un associé de M. Lormand.
Conférence de presse au sommet
Au cours d’une conférence de presse tenue le dimanche 29 novembre, la maire de la ville, Claudia Sheinbaum, le maire d’arrondissement de la démarcation Miguel Hidalgo, Victor Hugo Romo et l’adjoint du maire à la sécurité, Omar Garcia Harfuch ont dressé un premier bilan de la pré-enquête en cours, d’après différentes informations recueillies auprès de la famille de M. Lormand, auprès de témoins potentiels à Tlalpan et contenues dans des images fournies par des enregistrements de caméras de surveillance.
Le véhicule noir de la marque Mitsubishi que possédait M. Lormand et à bord duquel il a quitté son domicile le 26 novembre à 18h20 a été captée par les caméras de surveillance de Mexico entre l’avenue périphérique et la rue Privada Horacio, près de Polanco dans l’arrondissement Miguel Hidalgo. La présence du véhicule a été relevée à nouveau une heure plus tard sur la route fédérale Mexico-Cuernavaca.
Selon l’adjoint à la sécurité de la mairie et chef de la police de la capitale, Omar Garcia Harfuch, les corps sans vie de Baptiste Lormand et Luis Orozco ont été retrouvé dans la nuit de vendredi à samedi avec les mains attachées à Magdalena Petlacalco et des évidences de torture. Les deux hommes sont décédés de leurs blessures.
Selon les autorités mexicaines l’enquête de police, pour l’instant, ne relève aucun indice permettant de croire que Baptiste Lormand et son associé aient pu être victimes d’un enlèvement ou autre schéma d’extorsion. La piste principale des enquêteurs porte sur le vol éventuel des marchandises que vendaient les victimes, en l’occurrence des liqueurs haut-de-gamme.
« Nos pistes indiquent que l’intention des meurtriers a pu être de déposséder les victimes des marchandises qu’ils vendaient dans le cadre de leur activité commerciale. Plusieurs bouteilles de grande valeur commerciale ont disparu également au moment des faits. Dans plusieurs affaires de ce type à Mexico, nous avons identifié un modus operandi criminel dit de « simulation d’acte de vente » dans lequel le rendez-vous visant à réaliser la transaction est en réalité un piège et les vendeurs sont agressés voire tués. »
Les deux associés, lors de ce déplacement le 26 novembre en début de soirée, ont circulé dans deux véhicules différents : l’automobile Mitsubishi noire plus un autre véhicule, une automobile Chevrolet Aveo blanche, louée quant à elle. Les autorités locales, qui disposent actuellement de ces véhicules dans le cadre de l’enquête, n’ont pas précisé où ces derniers ont été trouvés ni pourquoi l’un d’entre eux avait été loué ce jour-là.
L’ambassade de France a indiqué ne pas pouvoir donner d’informations en relation avec l’enquête, soulignant qu’elle était en contact avec les autorités mexicaines.
Une communauté en émoi
Très apprécié de ses concitoyens, Baptiste Lormand vivait et travaillait au Mexique depuis 20 ans. Restaurateur, il avait participé au succès du restaurant « Le Bouchon » aujourd’hui fermé, puis avait ouvert « Non Solo Pasta » et « La Surtidora Don Batis » dans le quartier très huppé de Polanquito, proche des ambassades puis le « Don Batiz » également dans le centre de la ville de Mexico. Entrepreneur à succès, il était marié, divorcé et père de deux enfants.
La mort, particulièrement cruelle de ces deux associés pose de nombreuses interrogations et la version officielle disons « précipitée » qui veut que Baptiste Lormand et son associé Luis Orozco soient allés livrer des vins haut de gamme, de leur plein gré, dans un quartier aussi lointain et insalubre que Tlalpan n’est tout simplement pas réaliste !
La communauté n’y croit pas et les entrepreneurs mexicains mettent en avant la possibilité qu’ils aient plutôt fait l’objet d’une extorsion qui aurait mal fini. Une version que les autorités mexicaines ont immédiatement écarté avec conviction tout en étant particulièrement prudentes sur des pistes considérées comme probables….
Une marche blanche en hommage aux deux victimes
Demain lundi, un comité de soutien composé d’amis francais et mexicains, de bi-nationaux proches des victimes ont décidé d’organiser une marche blanche qui débutera à 15 heures place Arquimedes sur l’avenue Mazaryck et qui se dirigera vers le restaurant des deux associés, la Surtidora Don Batiz au 93 de la rue Jules Vernes.
Vous pouvez retrouver toutes les informations sur le compte twitter du Grand Journal: https://twitter.com/legrandjournal.
Cette affaire fait suite au meutre de Régis Nicouleau, assassiné de quarante coups de couteux à Cancun en début d’année 2020 et dont le cas n’a toujours pas été résolu.
Ancien cadre de chez Manpower Mexique, Régis Nicouleau était lui aussi très connu et apprécié de la communauté française du Mexique et les raisons de son assassinat demeurent encore mystérieuses. La justice mexicaine n’a toujours pas appréhendé les auteurs de ce meurtre immonde.