Tourisme Mexique – Tulum, Cancun les plages de tous les dangers !

Longtemps, cet éden est resté une enclave à l’abri des désordres du monde et le site archéologique transformé en station balnéaire new age continue de séduire hippies chics et jeunes Robinsons avides d’insouciance. Mais les démons qui agitent le reste du Mexique ont gangrené le rêve. Cartels de la drogue, corruption et agressions sauvages, bienvenue dans l’envers du décor

Un reportage de Juliette Pellerin pour Paris-Match

Musique latino, alcool à gogo, créatures de rêve et soleil garanti. Bienvenue au cénote Calavera, à quelques kilomètres de Tulum. Curiosité géologique du Yucatán, ce vaste puits d’eau douce attire chaque année des dizaines de milliers de visiteurs, impatients de se déchaîner dans un cadre époustouflant. La civilisation du tourisme de masse a éclipsé celle des cultures précolombiennes. Sous le prétexte qu’ils y jetaient leurs victimes sacrificielles, les anciens Mayas considéraient les cénotes, ces gouffres creusés dans le calcaire, comme des portes vers les mondes de l’au-delà.

Ce 10 avril 2021, l’histoire se répète. Les touristes qui se trémoussent autour du cénote Calavera sont loin d’imaginer qu’un corps gît à quelques mètres sous leurs pieds, dans la rivière souterraine alimentant le trou d’eau : c’est là, après la fermeture, qu’un plongeur va retrouver Benjamin, un Français de 34 ans, nu et le visage abîmé. Il était venu rejoindre des amis au Mexique pour fuir, le temps d’une semaine de vacances, la crise sanitaire.

Sous le choc, ses copains témoignent : « On a fait la fiesta jusqu’au petit matin, mais Benjamin ne voulait pas rentrer. Il cherchait un “after”. » À 6 heures, il repart en quête de fête, à pied et sans portable. Le cénote où il a été retrouvé est à quarante-cinq minutes de marche, en dehors de la station. Situé sur une propriété privée, le lieu n’ouvre qu’à 9 heures du matin. À quel moment Benjamin y est-il tombé ? A-t-il été victime d’un « bad trip » dû à la drogue ? D’une mauvaise rencontre ? Mystère.

Pas moins de cinq organisations criminelles sont en train de mettre la ville en coupe réglée

À Tulum, dans la très festive péninsule du Yucatán, la menace du Covid semble loin. Le Mexique, qui a pris le parti d’ignorer le virus, n’impose aucune contrainte aux voyageurs étrangers : ni quarantaine ni test PCR requis à l’arrivée.

Et les masques restent le plus souvent au fond des valises. Avec plus de 300 000 morts pour 127 millions d’habitants, ce pays d’Amérique latine serait pourtant le troisième au monde le plus touché par la pandémie. Un terrible bilan qui, en 2020, ne l’a pas empêché de passer du septième au troisième rang du classement mondial des destinations touristiques.

Parmi les stations balnéaires les plus courues, l’incontournable Tulum, plantée sur la côte est, avec ses eaux turquoise, son sable blanc, sa jungle tropicale et son patrimoine exceptionnel. Un véritable paradis… avec un sérieux arrière-goût d’enfer. Ici comme ailleurs, toujours plus de touristes se traduit par toujours plus d’argent.

Restaurateurs et hôteliers ne sont pas les seuls à en profiter. Tulum est devenu une manne pour le narcotrafic. Selon le secrétariat à la Sécurité publique de l’État de Quintana Roo, pas moins de cinq organisations criminelles sont en train de mettre la ville en coupe réglée : les cartels Los Pelones, Bonfil, Jalisco Nueva Generación, Pelones la Barredora et Zetas Vieja Escuela. Autant de clans qui s’entre-tuent pour la moindre parcelle de territoire.

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Hausse du nombre de cas de Covid autour de la station balnéaire de Cancún !

Au Mexique, le Covid-19 enregistre plus de vingt semaines consécutives de déclin. Mais une région évolue à contre-courant du reste du pays : il s’agit de la Riviera Maya, dans le sud-est du pays, avec une concentration particulière du nombre de cas autour de la station balnéaire de Cancún.

Quelque 200 nouveaux cas sont détectés en moyenne chaque jour dans cette région. Le Mexique n’impose aucun filtre aux touristes, pas de test à présenter lors de leur entrée dans le pays. Le but est de préserver l’industrie à tout prix. Pointés du doigt, les professionnels du tourisme, et notamment le secteur hôtelier, en appellent à la responsabilité individuelle des visiteurs.

Les images de hordes de touristes sans masques se pressant dans les bars de Cancún et Playa del Carmen se reflètent depuis plusieurs semaines dans une augmentation constante du nombre de cas de Covid.

La Riviera Maya serait-elle la porte d’entrée d’une troisième vague au Mexique ? Toni Cháves, dirigeant des hôteliers de la région, dément les accusations de laxisme : « Le secteur hôtelier a montré un engagement total contre la pandémie. Les hôtels appliquent des mesures sanitaires très strictes et les clients les respectent. »

À Tulum, une station balnéaire au sud de Cancún, des fêtes débridées ont donné lieu à des contagions massives. Pour David Ortiz Mena, président de l’Association des hôtels de Tulum, tous les efforts réalisés sont contrebalancés par des touristes en quête de libération. « Tulum est associé à ces excès et c’est lamentable, dit-il. Beaucoup de gens, notamment ceux qui sont déjà vaccinés, veulent se libérer des restrictions, et donc dans une certaine mesure, cette image de Tulum les attire. Mais selon moi, c’est dommageable pour nous… Cela nous donne une mauvaise réputation en termes de précautions sanitaires. »

À la fin du mois, un centre de vaccination massive sera ouvert à Cancún pour tous les employés du secteur touristique. Une mesure qu’ils réclamaient depuis plusieurs mois déjà.

Un podcast d’Emmanuelle Steels à écouter sur Radio France Internationale

 

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