Il y a 500 ans, Hernan Cortés débarquait au Mexique et faisait couler dix vaisseaux pour tuer dans l’œuf tout espoir de retour chez les hommes qu’il avait ramenés avec lui de Cuba. Un projet d’exploration visant à retrouver les navires de l’expédition du conquistador espagnol est en cours dans le golfe du Mexique.
Si certains plongent dans les eaux turquoise du golfe du Mexique pour y admirer les fonds marins, Roberto Junco Sanchez, lui, préfère y traquer des épaves. Et pas n’importe lesquelles.
Le chercheur de l’Institut national d’archéologie et d’histoire (Inah) du Mexique, nouveau directeur du département d’archéologie sous-marine, est sur les traces de navires de légende: les dix vaisseaux — sur les 11 caravelles et autres brigantins d’une armada envoyée aux Amériques — sabordés par le conquistador Hernan Cortés lui-même au large d’Actopan, en 1519.
Un acte définitif pour tuer dans l’œuf tout espoir de retour chez les hommes qu’il avait ramenés avec lui de Cuba, comme le rapportent les chroniques de Bernard Diaz del Castillo au XVIe siècle. Hernan Cortés, homme ambitieux et impitoyable, avait dû faire face à deux graves mutineries émanant de compagnons et soldats mécontents.
Des anomalies métalliques détectées
À la tête d’une équipe internationale, à laquelle collaborent les archéologues américains Christopher Horrel (Centre Meadows, université du Texas) et Frederick Anselmann (université de Miami), et des spécialistes canadiens et espagnols, Roberto Junco Sanchez débutera une nouvelle campagne d’exploration durant l’été 2019, selon le quotidien mexicain El Comercio du 5 février.
Contacté par Sciences et Avenir, l’archéologue confirme qu’il mènera ces investigations au large de Playa Villa Rica, à 75 km au nord de Veracruz. C’est là, en effet, que l’histoire situe l’épisode du sabordage dont seul un navire réchappa. “Nous allons poursuivre le relevé des anomalies magnétiques repérées dès l’an dernier dans la zone de 10 km2 que nous avons circonscrite et dans laquelle nous pensons que Cortés a jeté l’ancre, explique-t-il.
Pour cela, l’équipe a utilisé un sonar à balayage latéral et un magnétomètre qui permet de mesurer les variations du champ magnétique terrestre, et donc de déceler la présence d’anomalies métalliques. Plus de 60 irrégularités — de possibles matériaux ferreux — ont été localisées. “Nous sommes assez confiants et ferons prochainement des annonces”, sourit l’expert. Une ancre et des fragments de bois remontant peut-être à l’époque de la conquête espagnole auraient déjà été collectés.
La localisation de la flotte perdue constituerait un événement majeur
“On ne connaît rien de ces bateaux en termes d’architecture navale, mis à part qu’il s’agissait de petits bâtiments jaugeant une centaine de tonneaux”, précise Roberto Junco Sanchez. Ces navires, arrivés au Mexique le 23 avril 1519, soit juste vingt-sept ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb (1492), transportaient 550 fantassins, quelques marins et cavaliers, 200 Indiens de Cuba ainsi que 16 juments et chevaux, sans oublier un arsenal d’armes à feu, arbalètes, épées et lances.
Et c’est avec ce contingent, racontent les récits de l’époque, qu’Hernan Cortés est parvenu à conquérir l’empire aztèque en capturant leur souverain Moctezuma II tout en s’emparant de sa capitale Tenochtitlan (future Mexico). Surtout avec l’aide — inestimable — de plusieurs tribus ennemies des Aztèques qu’il était parvenu à rallier à sa cause. Une conquête violente dans laquelle il fut aussi involontairement épaulé par les microbes et zoonoses que les espagnols avaient introduits avec eux et qui contribuèrent à décimer en quelques décennies tout un continent.
16 autres navires également coulés une année plus tard par Panfilo de Narvaez
La flotte de Cortés pourrait d’ailleurs ne pas reposer seule dans les eaux mexicaines. En 1520, un an à peine après avoir débarqué, 16 des 18 navires mandatés au Mexique par le gouverneur de Cuba pour faire arrêter Cortés — parti à la conquête du Mexique (Nouvelle-Espagne) sans son aval — étaient également coulés par leur commandant, Panfilo de Narvaez.
Ce sont donc près de 26 bateaux qui pourraient se trouver au large de Playa Villa Rica !
Source – www.sciencesetavenir.fr
Le 11e navire… De sa flotte volontairement coulée, le conquérant espagnol Hernan Cortés n’a épargné qu’un seul bâtiment, le onzième. Et ce pour qu’il puisse rapporter au souverain d’Espagne, commanditaire de la conquête, le quint du roi (le cinquième de l’or) pour gagner ses royales faveurs. Autrement dit, un trésor composé essentiellement des précieux objets “d’une facture admirable” offerts par l’empereur aztèque Moctezuma II peu avant son arrestation. Ce dernier espérait ainsi — en vain — sauver son peuple en offrant de l’or à Cortés pour qu’il s’en aille. L’inventaire complet de ces trésors nous est connu puisqu’il est détaillé dans l’annexe de la première Carta de relacion expédiée par Cortés à Charles Quint, roi de Castille et empereur romain germanique, le 10 juillet 1519.