Dans le sud-est du Mexique, des milliers de ruches sont mortes ces dernières années. Les apiculteurs mayas, qui blâment l’usage massif des produits chimiques, s’élèvent contre l’agro-industrie qui accapare les terres.
Le visage amer, José Manuel Poot Chan ouvre une ruche et tire un cadre pour l’inspecter. Sa voile protectrice est restée à ses pieds, inutile, puisqu’il n’y a presque pas d’abeilles.
« D’ordinaire, cette espèce est agressive mais en ce moment, les colonies sont encore très faibles », explique cet apiculteur maya de la communauté de Suc-Tuc.
Les rares petites abeilles qui bourdonnent péniblement sont tout ce qu’il reste de ce rucher collectif caché dans la forêt tropicale de l’État de Campeche. Comme quatre-vingts autres de ses collègues apiculteurs indigènes de la région de Los Chenes, José Manuel a tout perdu au printemps 2023 lors d’une intoxication massive des abeilles de la zone.
« Nous allions commencer la récolte, les ruches étaient pleines de miel et nous n’avons trouvé qu’un cimetière », raconte-t-il en décrivant l’état de choc qui l’a frappé.
Plus de 4 000 colonies ont été décimées et les pertes économiques sont estimées à 640 000 euros. Hopelchén est l’une des principales régions apicultrices du Mexique et la vente du miel exporté en Europe représente l’essentielle source de revenus des communautés mayas : « Ce sont des années de travail et tout un patrimoine perdu. »
« Les tueries se poursuivront tant qu’il n’y aura aucun contrôle sur ces produits »
José Manuel tente de faire ce qu’il peut pour reconstituer des colonies — au moins quatre années seront nécessaires selon lui —, mais les morts continuent : à quelques mètres, son collègue Benjamin Yeh Acosta ramasse au sol une poignée d’abeilles et autres insectes récemment desséchés : « Les tueries se poursuivront tant qu’il n’y aura aucun contrôle sur l’usage de tous ces produits chimiques hautement toxiques. »
Un reportage de https://reporterre.net/ – Lire la suite ICI