Au Mexique, les associations féministes sous surveillance militaire !

Les « Guacamaya papers » : les fuites de documents classifiés de l’Armée mexicaine, diffusées par un groupe de pirates informatiques, ont révélé que les mouvements féministes faisaient l’objet d’une haute surveillance militaire. De quoi confirmer les soupçons de nombreuses militantes : considérées comme une menace, elles ne comptent pas pour autant se laisser intimider.

Un dossier information TV5Monde

« Nous avons enfin mis un nom sur cette surveillance qui fait désormais partie de nos vies », affirme Arussi Unda, membre du collectif Brujas del Mar, les sorcières de la mer. Une des organisations qui figurent dans les « Guacamaya Papers ».

En 2020, le collectif organise « une journée sans nous ». Une journée de grève des femmes suivant les imposantes mobilisations du 8 mars. Quand Arussi Unda et ses collègues lancent cette journée, quelques semaines auparavant, l’activité en ligne liée à leur campagne est violente : tentatives de sabotage, piratage des pages internet et Facebook, appels et messages menaçants, et surtout un « clic » au bout de la ligne téléphonique. Ses conversations sont écoutées mais elle ne sait pas par qui. Les menaces restent virtuelles et n’entament pas les efforts pour mener à bien cette grève féministe considérée comme « historique ».

Quand le gouvernement du président Lopez Obrador discrédite « les folles de Veracruz (ville d’origine du mouvement) à la solde des partis d’opposition » et tente de lancer une contre mobilisation le même jour, les Brujas del mar se rendent compte que leur action, suivie par des milliers de participantes, a pris une ampleur insoupçonnée et, surtout, qu’elles mettent très mal à l’aise le gouvernement. Lors des élections intermédiaires de l’année dernière, le « clic » revient « sans doute pour savoir ce que l’on avait prévu de faire à cette occasion ».

Violation de vie privée

Quelques jours après les mobilisations de la Journée mondiale des violences faites aux femmes 2022, la militante est certaine que la surveillance n’a pas décrue malgré les « Guacamaya papers » : « Nous n’avons pas de codes nucléaires dans notre téléphone, mais c’est évidemment très délicat. C’est une violation de notre vie privée. De plus, ces pratiques mettent en danger des collègues qui nous contactent et sur lesquelles le bureau du procureur a constitué un dossier basé sur leurs activités militantes contenant photos et une quantité alarmante d’informations« , s’indigne Arussi Unda.

Ce dispositif de surveillance a été mis en place sans l’ordre d’un juge car il s’agirait « purement d’intelligence ». Face à ces révélations, « la pire chose que nous puissions faire c’est de disparaître, d’arrêter ». La notoriété acquise au cours de ces deux dernières années est « à double tranchant, car d’un côté je suis exposée et de l’autre, je me sens protégée ». « Notre seule stratégie est de continuer à militer, à informer et à occuper l’espace public. »

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