Deux prix Benois de la Danse, l’Oscar du ballet, en deux ans : jusque-là peu représentées, les étoiles mexicaines brillent de plus en plus dans les principales compagnies de danse classique du monde.
En 2019, le prestigieux prix décerné par le Théâtre du Bolchoï de Moscou, a été remis à Elisa Carrillo, un an tout juste après le sacre de son compatriote Isaac Hernandez.
« C’est une étape importante pour la danse dans notre pays. Désormais le Mexique fait l’objet de plus d’attention de la part des compagnies internationales », se réjouit la ballerine de 38 ans, dans un entretien avec l’AFP.
Marek Rozycki, le directeur artistique de l’Ecole nationale de ballet de Berlin, où Elisa Carrillo est première danseuse depuis 2011, est venu récemment recruter des élèves mexicaines pour une bourse d’un an dans son école, reconnue comme une des dix meilleures du monde.
Les auditions, qui ont eu lieu à Mexico, ont été réalisées en collaboration avec la Fondation Elisa Carrillo, présidée par la ballerine, devenue récemment co-directrice de la Compagnie nationale de danse du Mexique.
« J’apprécie beaucoup les élèves des écoles mexicaines. Je cherche des jeunes avec du potentiel pour développer leurs capacités, avec pour objectif d’en faire de futurs danseurs » professionnels, a expliqué Marek Rozycki à l’AFP.
Le directeur, d’origine polonaise, dit avoir remarqué au cours des dernières années le très bon niveau des danseurs mexicains travaillant dans les grandes compagnies européennes.
« Peut-être que les Benois de la Danse remportés par Elisa Carrillo et Isaac Hernandez ont mis en exergue les talents mexicains au niveau international. Mais cela fait des années que des danseurs mexicains se produisent sur les scènes du monde », rappelle-t-il.
– « Intégrité, persévérance et passion » –
Outre Elisa Carrillo et Isaac Hernandez, d’autres Mexicains portent haut les couleurs du ballet mexicain: Katia Carranza est première danseuse du Ballet de Miami, Esteban Hernandez est premier danseur à San Francisco et Braulio Alvarez premier soliste étranger du Ballet de Tokyo.
« Nous constatons tous que le Mexique a des résultats. Il y a plus de mouvements (à l’étranger) qu’autrefois. A mon époque, pendant ma formation, c’était plus difficile de sortir du pays et de triompher comme danseuse dans les compagnies internationales », témoigne Katia Carranza, 41 ans.
La ballerine, qui a commencé la danse à l’âge de 8 ans dans sa ville natale de Monterrey (nord), a participé en 1998 à une audition à Jacksonville en Floride, point de départ de sa carrière internationale.
Selon elle, le « grand avantage » des danseurs mexicains est leur grande capacité à interpréter différents styles: « c’est quelque chose que recherchent les directeurs de ballet dans les autres pays ».
Isaac Hernandez, premier danseur au sein du Ballet national d’Angleterre depuis 2015, tente aussi de stimuler l’émergence internationale des danseurs classiques de son pays.
A l’occasion du gala « Despertares » (Réveils), organisé en 2019 auquel ont participé une quarantaine de danseurs de compagnies internationales, des auditions ont été organisées pour entrer à la San Francisco Ballet School.
« Je suis sûr que ce projet (…) a changé des choses dans mon pays, a inspiré de nombreuses personnes et établi des standards d’exigence dans cet art qui est aussi une industrie », explique le danseur.
Malgré les succès internationaux, la danse classique mexicaine n’a pas échappé aux coupes budgétaires qui touche le milieu artistique, dans le cadre de la politique d’austérité du nouveau président de gauche Andres Manuel Lopez Obrador.
Elisa Carrillo espère toutefois que les institutions culturelles continueront de soutenir les projets qui favorisent le développement des jeunes mexicains dans le domaine de la danse classique et consolident leurs talents au niveau international.
« Je veux que les enfants réalisent à un très jeune âge qu’on peut monter sur scène et briller », dit la danseuse, et que « tout est possible si l’on travaille avec intégrité, persévérance et passion ».
Source – AFP