Située à environ 1000 km à l’ouest du Mexique, à 4000 km au nord d’Hiva Oa en Polynésie française, Clipperton est une des îles les plus isolées au monde et même s’il reconnaît officiellement la souveraineté française en 1959, le Mexique garde toujours un œil sur Clipperton.
On l’a appelée l’île tragique, l’île de la désolation, l’île de l’oubli, l’île mystérieuse et même… l’île au trésor. Mais son nom actuel est « île de Clipperton », d’après un flibustier anglais qui y aurait abandonné son butin au tout début du 18ème siècle.
Quelques années plus tard, en 1711, la France redécouvre cette petite île en forme de beignet. Michel Dubocage et Martin de Chassiron, deux marins français faisant route vers la Chine, arrivent sur l’îlot un Vendredi saint. Ils choisissent donc de le nommer « île de la Passion », en souvenir des dernières heures de la vie du Christ.
Véritable terrain de jeu pour les scientifiques, Clipperton abrite environ 100 000 fous masqués et 1 million de crabes terrestres. Tout ce petit monde est installé sur une couronne de 2 km2, composée de détritus coralliens, avec un rocher volcanique qui culmine à 29 m. Au milieu de ce presqu’atoll, on trouve le plus grand lagon d’eau douce sur Terre. Enfin dans ce désert au mileu du Pacifique, hormis une cocoteraie, le décor n’est pas très vert.
Un naufragé aurait bien du mal à survivre à Clipperton : l’eau est imbuvable, la chair des crabes est toxique, l’océan infesté de requins… Au début du XXème siècle, certains en font l’amère expérience.
Porfirio Diaz y envoie une garnison de 10 hommes
Le Mexique voisin a lui longtemps estimé que la souveraineté de l’île devait lui revenir du fait de la position géographique de l’île.
Alors que la France a totalement oublié qu’elle possédait ce territoire et que les Etats-Unis en profitent pour se servir en guano produit par les oiseaux marins et qui permet la fabrication d’engrais très efficaces, le Mexique s’insurge et demande un arbitrage international au roi d’Italie et à la Cour internationale de La Haye. Dans le même temps, le pays envoie en 1907 une garnison militaire sur Clipperton, commandée par le capitaine Ramon Arnaud.
Manque de pot, la Première Guerre mondiale éclate et le président mexicain est renversé par une révolution. Le bateau de ravitaillement ne vient plus. Les soldats, leurs femmes et leurs enfants sont littéralement abandonnés sur Clipperton. Petit à petit, le groupe, qui ne se nourrit plus que de noix de cocos et de fous masqués, est décimé par le scorbut. L’île est de plus exposée aux cyclones, ce qui complique les conditions de survie. Enfin, les quelques tentatives de départ en barque se soldent par des naufrages ou pire, par des attaques de requins.
En 1917, il ne reste plus qu’un homme, Victoriano Alvarez, gardien du phare, trois femmes et des enfants. Alvarez s’autoproclame roi de Clipperton et fait vivre un véritable calvaire aux survivantes. Mais le 17 juillet, elles l’assassinent à coup de pelle. Ironie du sort, le lendemain, un navire américain accoste sur Clipperton et sauve les derniers rescapés.
Depuis, l’archipel est inhabité mais il subit quand même la pollution et les effets de l’activité humaine sur Terre. En 2005, Jean-Louis Étienne et son équipe y ramassent 5 tonnes de déchet plastique. Jean-Louis Étienne, explorateur, y a mené une expédition en 2005 pendant 4 mois pour étudier cet ilôt particulier. Il décrit une île « inhabitée, difficile d’accès« , avec « un récif corallien tout autour« .
Pour préserver cet atoll perdu, le député du Tarn Philippe Foliot préconisait en 2016 d’y installer une base permanente. Seule île française du Pacifique Nord, elle bénéficie d’une zone économique exclusive de 435 000 km2. Un immense domaine de pêche où vivent des centaines de milliers de thons… peut-être le véritable trésor de l’île de la Passion.
Sources – FranceTvinfos et le Grand Journal du Mexique