Gilberto Bosques, le consul mexicain qui s’est opposé aux nazis !

Pendant la deuxième guerre mondiale, Gilberto Bosques était consul général du Mexique à Paris. Son gouvernement le charge d’une mission très spéciale: porter assistance aux victimes des persécutions nazis et essayer de les faire évacuer vers le Mexique…De nos archives.

Article en date du 20 janvier 2010

Durant trois ans, le consul Gilberto Bosques a délivré des milliers de visas mexicains qui permirent à des juifs, des républicains espagnols, des polonais et des français membres de la Résistance de fuir l’Europe pour rejoindre le Mexique. Beaucoup d’entre eux auraient trouvés la  mort sans ce geste diplomatique.

Gilberto Bosques a souvent été appelé “le Schindler mexicain”, un terme qui n’est pas totalement approprié selon sa fille, Laura Bosques:

Il s’agit d’actions très différentes, lui a agit en tant que représentant de  l’Etat mexicain, il  remplissait sa fonction” affirme celle-ci.

Mais au-delà du nom qu’on voudra bien lui donner, le fait est que le travail accompli par le diplomate mexicain a permis de sauver quelques 40 000 personnes des griffes des nazis d’après les études réalisées par des historiens.

Aide humanitaire

L’histoire de Bosques reste très peu connue, même au Mexique. En 1939 il fut désigné représentant diplomatique en France, alors que la Guerre Civile espagnole venait de terminer.

Des centaines d’espagnols partisans de la République se mirent alors à fuir le pays, et un de leurs principaux points de chute était la France. Le gouvernement mexicain se donna alors comme mission de les aider à quitter l’Europe.

Mais, alors que la Deuxième Guerre Mondiale éclate, le nombre d’exilés augmente, compliquant fortement la tâche de Bosques comme il le décrit dans ses mémoires, aujourd’hui divulguées par le ministère des Affaires Étrangères :

“L’assistance vis-à-vis des victimes a pris l’importance d’un devoir de caractère humain. Le Mexique n’avait pas adopté une position franche, mais le drame se passait sous nos yeux. L’aide que nous avons apportée consistait à cacher certaines personnes, à donner des passeports à d’autres, leur faciliter la vie et leur permettre de quitter la France, ce qui était très difficile” écrit Bosques.

L’affluence de réfugiés en quête d’un visa mexicain était telle que Bosques dû louer deux Châteaux (celui de Reynarde et celui de Montgrand) pour les transformer en zone de transit pendant que leur départ vers le Mexique s’organisait.

Pour transporter les exilés, le consul mexicain fait affréter plusieurs bateaux, et obtient de la place dans d’autres. La plupart sortaient du port de Marseille, où avait été transféré le consulat mexicain après l’occupation de la France.

Prisonnier de guerre

A partir de mai 1942, le Mexique entre en guerre contre les pays de l’Axe. Un escadron de pilotes a même combattu au Japon en tant que membres des forces multinationales impliquées dans le conflit.

C’est pour cette raison que Gilberto Bosques, sa famille et ses collaborateurs furent détenus par l’armée allemande, et transférés à Bad Godesberg, un village près de Bonn. Ils y restèrent toute une année.

“Nous étions fait prisonniers, il n’y a pas d’autres mots. Avec nous se trouvaient des représentants de plusieurs délégations diplomatiques, surtout d’Amérique Latine”, se rappelle Laura Bosques.

Le consul enfermé, c’est tout un réseau de protection qui s’écroule.

Les diplomates mexicains furent échangés en 1943 contre un groupe de prisonniers allemands capturés à Veracruz. L’échange eu lieu à Lisboa, au Portugal.

Hommage

“Le labeur humanitaire accompli par Bosques n’a pas seulement bénéficié à ceux qui ont pu échapper à la guerre,  il a aussi apporté de nombreux bénéfices au Mexique”, assure Adriana Romero, coordinatrice des projets culturels de la Casa Refugio Citlaltépetl, à Mexico “Sans ce qu’il a fait nous n’aurions pas autant de personnes qui travaillent pour le pays, qui ont fondé des entreprises et des institutions culturelles”.

Le directeur de la Casa, Phillipe Ollé-Laprune, a crée la chaire Gilberto Bosques, en hommage au diplomate, mort en 1995.

Il s’agit là de l’une des rares reconnaissances qui furent accordées au consul. On peut relever tout de même qu’à Vienne une rue du district 22 porte son nom.rue Gilberto Bosques

Traduit de BBC Mundo par Nicolas Quirion -(legrandjournal.com.mx)

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