C’est une mesure qui était passée un peu inaperçue au milieu du mégaprojet de loi budgétaire de Donald Trump. Cette « grande et belle loi » comme l’appelle le président américain a été approuvée par la Chambre des représentants cette semaine et doit encore passer par le Sénat. C’est un texte fourre-tout, qui va de nouvelles restrictions d’accès à l’assurance santé publique Medicaid jusqu’à la défiscalisation des pourboires ou encore au financement des expulsions de personnes étrangères. Et puis, on y découvre une nouvelle taxe de 3,5% sur les transferts d’argent à l’étranger. Cela va concerner principalement les migrants qui envoient de l’argent à leurs familles au pays. Et ça fait réagir jusqu’au plus haut niveau de l’État au Mexique.
En déplacement à San Luis Potosi, ce samedi 24 mai, 400 kilomètres au nord de la capitale, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum s’est opposée à la nouvelle taxe de 3,5% sur les transferts d’argent à l’étranger dans un discours retransmis sur les réseaux sociaux de la présidence : « Nos frères qui sont là-bas travaillent dur et payent leurs impôts ! C’est injuste qu’ils doivent payer un impôt en plus sur l’argent qu’ils envoient à leurs familles ! »

Des « héros et des héroïnes »
Près de quarante millions de Mexicains vivent aux États-Unis. Des « héros et des héroïnes » selon la présidente, car ils ont envoyé à leurs proches restés au pays près de 65 milliards de dollars en 2024. C’est plus que les investissements directs étrangers au Mexique.
Canaux informels
La mesure prise par le président américain concerne toutes les personnes qui n’ont pas la nationalité américaine, y compris donc les diasporas africaines. Mais c’est en Amérique centrale que cela pourrait avoir le plus d’impact : au Guatemala, au Honduras ou encore au Salvador, les sommes envoyées par les membres de la diaspora représentent plus de 20% du PIB national de ces pays. Par ailleurs, les compagnies de transferts d’argent craignent un grand manque à gagner car une partie des flux vont se reporter vers des canaux informels.
Une mesure vivement critiquée par le Mexique qui figure parmi les principaux bénéficiaires de ces envois de fonds. Le gouvernement mexicain dénonce une “injustice sociale” et une menace importante pour de nombreuses familles dépendantes de cette source de revenu.
Source – Agences