Pancho Villa, un siècle d’histoire et de légendes !

(De nos archives) « Viva Villa! Viva Mexico! »: des milliers de Mexicains ont salué la mémoire de Francisco « Pancho » Villa à l’endroit même où le célèbre révolutionnaire mexicain a été assassiné il y a 100 ans ce jeudi, ouvrant la voie à un siècle de légendes.

Une reconstitution de son assassinat a eu lieu à El Parral (Chihuhua, nord). Vêtus de bottes en cuir et de chapeaux de cow-boys, des centaines de cavaliers avaient investi dès mercredi El Parral en hommage à la plus grande figure universelle de la Révolution mexicaine (1910-1917), avec Emiliano Zapata.

Au rythme des fanfares au milieu des passants, le défilé concluait une chevauchée qui a commencé le 2 juillet 600 km plus au nord, à Ciudad Juarez à la frontière avec les Etats-Unis.

La cavalcade a parcouru les vastes plaines du Chihuahua où le « Centaure du nord » a gagné ses galons de chef de guerre dans les premières années de la Révolution, avant la jonction à Mexico avec Zapata en décembre 1914.

« C’était un héros », affirme Javier Baca, 55 ans, résident d’El Parral. « Je suis très fier d’être là aujourd’hui », ajoute l’homme habillé façon Pancho Villa, avec ceintures de munitions à la poitrine.

« Un grand leader militaire »

Quasi analphabète, Villa était un « bandolero » (bandit des grands chemins) quand Gustavo Madero lance la Révolution qui envoie en 1911 le vieux dictateur Porfirio Diaz en exil à Paris, où il repose toujours au cimetière Montparnasse.

Au fil des batailles meurtrières contre les « fédéraux », Villa constitue sa « Division del Norte » (Division du Nord) dans son fief.

Adepte du plafonnement du prix de la viande -et parfois de quelques exécutions sommaires-, Villa a généré depuis « un mélange d’admiration, de répulsion, de fascination, de peur, d’amour et de haine », écrit Paco Ignacio Taibo II en ouverture de la « biographie narrative » qu’il lui a consacrée.

Proche de l’actuel pouvoir de gauche, l’écrivain et historien hispano-mexicain trace le portrait d’un homme « qui s’est marié, ou qui a entretenu des relations quasi-maritales, 27 fois, et qui a eu au moins 26 enfants ». Mais qui ne buvait presque jamais d’alcool.

Pour ses admirateurs, Villa est un Robin des bois mexicain qui vole les riches pour distribuer aux pauvres, ce qu’il a mis en pratique fin 1913 en décrétant la confiscation des biens de l’oligarchie de l’état du Chihuahua.

Ses admirateurs soulignent ses talents militaires, même si son art de la guerre n’a jamais inspiré -comme le voudrait la légende- Rommel ni Mao, dément son biographe Paco Ignacio Taibo II.

D’autres décrivent ce fils de métayers, José Doroteo Arango Arámbula, de son vrai nom, comme un voleur de bétail et un meurtrier au sang-froid, qui a pris en marche le train en marche de la Révolution sans véritable idéologie.

« Villa était capable à la fois de grands actes de générosité et de grands actes de cruauté », résume l’historien d’origine autrichienne Friedrich Katz dans « La vie et l’époque de Pancho Villa ».

« Aider les pauvres »

La légende a été confortée par le cinéma, depuis « Allons-nous-en avec Pancho Villa » (Mexique, 1936) jusqu’à une série annoncée ces jours-ci sur la plate-forme Star+, en passant par un western de 2003 avec Antonio Banderas.

Aux Etats-Unis, Villa est surtout connu pour son attaque contre la ville de Colombus (Nouveau Mexique) en 1916, premier défi étranger à l’intégrité territoriale des Etats-Unis depuis 1812.

En guise de représailles, le gouvernement américain a envoyé des troupes sous le commandement du général John J. Pershing pour capturer Villa. En vain, ce qui a renforcé le mythe du rebelle au Mexique.

« Ici au Mexique ce fut un héros. Parce que jamais personne n’a freiné les +Gringos+ dans une guerre. Rien que lui, Pancho Villa », salue Ruben Palma, un ingénieur de 25 ans.

Sa trajectoire s’est arrêtée le 20 juillet 1923 quand âgé de 45 ans, est tombé dans une embuscade alors qu’il se rendait à un baptême.

Le président de l’époque, Alvaro Obregon a « probablement organisé l’assassinat de Villa », affirme l’historien Katz. Obregon avait peur que Villa reprenne les armes après la Constitution de 1917 qui avait mis fin à la Révolution, selon lui.

L’actuel président, Andres Manuel Lopez Obradro, s’est rendu dans le Durango, l’état d’origine de Villa, pour marquer les 100 ans de sa mort.

Villa a été enterré à El Parral. Ses restes reposent sous le monument à la Révolution à Mexico, indique le gouvernement mexicain sur son site officiel.

« Moi, j’ai entendu dire qu’il était une personne brave qui aidait les pauvres », résume Gaby Armendariz au passage de la parade équestre à El Parral. C’est pourtant Zapata qui sera la figure tutélaire du soulèvement des indigènes du Chiapas en 1994.

Source – Agences

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